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Il faut jouer dans le paysage

Publie le lundi 11 décembre 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

En très de temps, et de manière spectaculaire, le mouvement social a cassé le PS en deux, les Verts, la LCR, et maintenant cela va être le tour du PCF.

Cela est assez extraordinaire. D’un côté, cela est réjouissant, puisque c’est le signe de la poussée d’une nouvelle sensibilité politique, d’un nouveau sentiment citoyen qui semble rassembler mieux ou au-delà de thèses singulières.

Cela est assez alarmant, car montre le vieillissement, le manque de contact avec le mouvement sensible de rue, de ce qu’on nomme « la classe politique ».

Il est pour moi clair que ce sont les états-majors et le politico-médiatique qui ont, en 2005, fait en partie campagne contre eux même, en agressant cette nouvelle sensibilité citoyenne à travers des polémiques normatives sur la personne, en dressant un portrait à charge des opposants au Traité, et par ce biais on a eu, dans la rue, le sentiment qu’on nous prenait pour des imbéciles.

Le PCF, malgré ses dérives gouvernementales, le huisme qui a détruit une partie des capacités militantes de son parti au profit de l’appareil, a gardé un cœur anti capitaliste. Il est donc resté dans le mouvement citoyen.

Bien entendu, il y a retrouvé la culture anticommuniste, et ses propres réflexes en la matière. Cela est normal.

Il apparaît que son comportement, celui des militants, mais aussi la discussion idéologique, ont mis cet anticommunisme en sourdine. À Montreuil, on peut mesurer le chemin parcouru en deux ans. C’est en fait rapide.

Une fois cet écran dégagé, d’une part l’anticommunisme et d’autre part la réaction à l’anticommunisme, on libère le débat politique de lourds préjugés, dans un sens comme dans l’autre.

Ce qui apparaît étonnant dans la position de la direction du PCF, est, comme toutes les autres directions de droite à la fausse gauche, qu’elle n’a pas la mesure de cette nouvelle sensibilité citoyenne, mais encore, que la réaction à l’anticommunisme semble organique à sa pensée politique.

On voit comment, après que nous ayons fait brèche à l’anticommunisme larvé, que nous ayons fortement réagi à cette pétition stupide anti Marie-George Buffet, on taxe toute opposition à la candidature de Marie-George Buffet d’anticommuniste... On en revient à l’argument normatif sur la personne !

Le discours de Marie-George Buffet (par exemple celui de Saint-Ouen) est significatif. Oui, elle se dit rassembleuse de celles et ceux qui souffrent, de celles et ceux qui ont besoin du changement. C’est le discours traditionnel du PCF, et une erreur théorique léguée par le
passé. Un eespèce de recyclage institutionnel de la question théorique marxiste de l’avant-Garde, du Lumpen, de la classe ouvrière, qui est assez contradictoire. D’une part le dogme (là le dogme) dit que ce sont ceux qui n’ont rien à perdre, qui sont l’avant-garde, d’autre part on dit que l’avant-garde et la partie la plus lucide, la plus déterminée de la classe ou ouvrière (donc qui n’a pas la misère au cul, qui n’a pas rien à perdre). Il peut se greffer là-dessus, peut-être l’idée léniniste de la classe ouvrière seule et sans alliances, qui doit tout faire à la main (la PCF seul contre tous)... La LCR quie en est restée à l’idée du grand soir de l agrève générale, présente binet entendu une candidature de témoignage, pour pour propager ses idéaux.

D’où sur ces questions le flou de toujours (également à la LCR) d’un certain romantisme des Barricades, d’un abbé Pierre armé, réincarné dans un José Bové ou d’une mère Thérésa en camarade Marie-George.

Or, la question POLITIQUE n’est pas de rassembler les plus malheureux. La question est de prendre conscience qu’il y a en France un mouvement de fond, une nouvelle citoyenneté (comment signifier ce phénomène en cours ? ) porteuse de changement, fédératrice, entraînant toute la société, comme on l’a vu en 2005 (et là on peut parlr de théorie marxiste et d’avant-garde qui en se libérant, libérera toute la société)

Nous n’avons pas besoin d’une candidature rassembleuse du point de vue de Marie-George Buffet, mais représentative, porteuse de ce mouvement citoyen, qui lui est rassembleur et transformateur, gagnant.

Ce n’est pas Marie-George Buffet qui représente cela. Elle représente un appareil politique (et non pas seulement une sensibilité politique), elle est une ancienne ministre d’un gouvernement social libéral de triste souvenir.

Non seulement elle ne représente pas ce que nous sommes, mais on a du mal à imaginer qu’un gouvernement soit, avec ses manières d’imposer démocratiquement, comme dans les congrès du PCF (la discussion a été vive, franche profonde, merci pour l’image, et on vote pour ce qui a été décidé d’avance à l’état major), la possibilité de construire un
gouvernement gouvernable.

Il vaut peut-être mieux reculer, laisser le PCF aller seul à l’échec et se casser, que d’aller avec lui à cet échec... Mais encore, les vieux caciques sont peut-être moins vieux ou moins caciques qu’ils ne semblent l’être.

Il reste que nous n’avons pas le choix, il faut continuer, il faut que ce mouvement se trouve une représentation politique propre. Il est convoité, il n’est pas récupérable.

Jean-Marc Warszawski

Messages

  • "ll vaut peut-être mieux reculer, laisser le PCF aller seul à l’échec et se casser, que d’aller avec lui à cet échec....."

    Pas très unitaire comme comportement...On a pas réussi à placer sa chouchoute du coup on se tire...
    On est sur d’avoir raison et donc forcément si la majorité des collectifs ont choisi Marie George ce sont des veaux desc cons qui ne savent pas penser et réfléchir eux qaussi à la meileure candidature..
    Car mon cher, avec ce genre de comportement tu dis claire,ent qu’à Montreuil vous etes plus intelligents qu’à Sarcelles ou à Bastia...Te rends tu comptes un peu de ta morgue insensée ?

    Donc pour résumer à Montreuil , vous partagez et le programe et la stratégie...mais vous vous cassez si c’est Marie George qui est choisie...c’est bien ça ?

    Je ne te dis pas bravo mon cher...Mais tu es un grand garçon....donc fais donc ce qu’il te plait..

    IlRosso

    • Si la majorité des collectifs étaient très favorable à MGB, comment expliques tu que les délégués qui représentaient ces même collectifs n’étaient pas très majoritairement favorables à cette proposition ?

      Philippe Gandin

    • On se tire ? Mais non ! On continue, et moi cela me coûte énormément, parce que je ne suis pas payé pour militer ! Et ce sera encore plus dur sans le PCF, pour nous les militants et pour tous à cause de l’échec provisoire.

      La manière dont tu t’adresses à moi est humiliante au regard des heures et de l’énergie que je donne à ce combat. Après Saint-Ouen, c’est ce mot, humiliation, que nous ressentons au collectif de Montreuil. Négation de tout notre travail par des pros de la tribune et de la réunion.

      Comment peux tu parler ainsi des plus de 200 personnes qui œuvrent avec notre collecitf ? On n’a pas choisi une chouchoute, mais nous avons discuté avec acharnement, comme nous le faisons depuis deux ans.

      Merci de ton message qui me permet de faire un peu de pédagogie, et de montrer à quelle nullité de raisonnement nous devons aussi avec patiente faire face.

      jmw

    • Cela ne veut rien dire la majorité des collectifs. Il y a des collectifs de 200 personnes comme le mien, des de 5 ou 10, ou des cellules du PCF rebaptisés.

      Mais encore les chiffres avancés ne recouvrent pas une réalité homogène. Nous n’avons pas défini un corps électoral, ni une procédure de vote.

      Chez nous on devait répondre à deux questions. Notre candidature préférée, et celle qui nous semble pouvoir faire consensus. Nous avons été étonné, car c’est Clémentine Autain qui est en tête des deux questions.

      Comprends bien : c’est une candidate de consensus, pas de vote majoritaire. La désignation dans les collectifs s’est faite sur cette idée de consensus et non sur celle de majorité. Si nous avions procédé de la sorte, avec constitution de corps électoral, bulletins secrets, etc. le résultat aurait été autre, mais les déçus seraient partis. On aura crié à la désertion, et après ? Tu fais quoi avec ta morale ?

      Là nous sommes restés unis comme avant. Je crois qu’on ne comprend pas ce que veut dire consensus : c’est ce qu’on fait dans la vie avec sa famille, ses amis, ses voisins, ses collègues de travail : on n’est pas tutjours en train de voter à la majorité pour savoir où on va en vacances, quel film on va aller voir, où on se paie un restau, comment on s’y prend pour cette tache. On discute, parfois âprement, et on tombe d’accord, loin parfois de ses préférences intimes, mais on fait ensemble.

      La direction du PCF est en train de faire comme la LCR, elle se la joue à la pureté.

      A montreuil, si la candidature de MGB est maintenue, le PCF explose. Au collectif, nous ne perdrons que quelques militants venus sur le tard, pour uniquement défendre cette candidature. Mais le gros potentiel militant, toutes forces confondues, c’est nous qui l’avons, et nous le garderons. Ce que nous ferons, je n’en sais rien encore. Mais nous ferons ensemble, c’est certain.

      Je t’engage à lire la déclaration du secrétaire de section de Montreuil

      http://www.93100.org

      jmw

    • Mais si, mon comportement est unitaire. Il vise à éviter les désertions, à ce que tout le monde s’y retouve. Pas unitaires les camarades ? Peut-être, mais là, c’est un combat moral que je n’ai pas envie de mener. Désolé, mais ton attitude normative, ton arrogance dans ta manière de juger l’autre, non, non les curés. Merci. Je préfère la politique au prêche.

      jmw

  • POURQUOI PAS BUFFET ? DES ARGUMENTS S’IL VOUS PLAIT !

    parce qu’ elle représente un modèle d’ organisation autoritaire et hiérarchique, ce que nous ne voulons plus.

    Depuis qu’ Internet permet de travailler en réseau, nous apprenons à travailler "à égalité".

    Il nous faut certes des esprits qui synthétisent, bravo d’ ailleurs à Roger Martelli, excuses-moi si je me trompe sur ton nom, pour la synthèse des remontées des collectifs.

    Mais le plus important est que la base soit écoutée, même avec toutes ses digressions et conneries(dont les miennes, je l’ avoue), nous avons enfin les moyens de faire connaitre nos points de vue, profitons- en et n’ ayons pas peur du peuple, des "déviationnistes" ou autres "allumés".

    L’ époque change, le pouvoir est de moins en moins sexy, et tant mieux car, dans sa forme figée il n’ est rien d’ autre que l’ expression d’ un patriarcat pyramidal dont nous ne voulons plus.

    Oui, je suis un mec, mais la pression qu’ on nous met dessus, nous les mecs quand on est gosse, n’ est pas plus acceptable que celle mise sur les femmes.

    Alors Marie Georges, sors de l’ oppression du patriarcat pyramidal du PCF !!! Liberes tes épaules de ce poids qui t’ oppresse !!

    Breath !

    Breath in the air !

    Don’t be afraid to care !

    when i come home, cold and tired

    it’s good to warm my bones beside the fire !

    (Pink Floyd en quelle année déjà ? bon sang, ça passe si vite !)

    Sam Telam

    • A quoi riment toutes ces remarques. l’inorganisation est le résultat d’un long travail idéologique contre la perspective anticapitaliste qu’incarne le PCF. Les partisans de l’ordre établi savent qu’il est le dernier obstacle avant la fin de la politique. La vieille question de l’organisation reste absolument essentielle, bien sur , elle doit correspondre aux exigences présentes mais soutenir que la modernité réside dans l’inorganisation spontanéiste est une mystification de bobo. Pour le connaitre de près, je prétends que le PCF constitue un cadre tres moderne, démocratique. Il est , sans qu’ils le sache tous, le parti de ceux qui s’opposent à ce pouvoir. S’ils en doutent je leur suggere de s’y inscrire, si l’expérience leur déplait ils pourront toujours s’en aller mais je crois qu’ils seront surpris par la camaraderie qui y regne, par les productions théoriques qui sont les siennes, par le militantisme de ses responsables. Alors assez de haine inadmissible.

  • Voici un article qui tente de dépasser les oppositions stériles et se risque d’exposer le fond de ce qui sépare (encore) les uns des autres autrement que l’affirmation non fondée : MGB n’est pas la candidate de l’air du temps...

    Il y aurait d’un côté si j’ai bien compris la vocation à rassembler les victimes du système, ceux qui souffrent, ce serait le PCF et MGB. De l’autre il y aurait une exigence citoyenne qui dépasserait cette problématique ancienne et qui demanderait à s’épanouir dans le courant anti-libéral...

    Il me semble que l’exigence de démocratie porte justement sur deux aspects essentiels qui manquent des moyens de trouver des solutions (la recherche de démocratie c’est ça) :

    1) il s’agit effectivement non seulement des plus pauvres, mais de la défense de l’humanité. Je crois que si nous ne pouvons et ne devons pas ignorer les victimes il faut réaliser que le sytème actuel met en péril le devenir de tous et de la planète.Donc la problématique doit effectivement s’élargir.

    2) Mais le vrai problème de la démocratie, des moyens de l’expression citoyenne c’est que justement il ne s’agit pas d’un luxe mais d’une nécessité terrible pour ceux qui souffrent. Ils n’ont pas le droit à la parole. Et si la campagne sur la Constitution nous a prouvé quelque chose c’est bien cela, ceux qui ont entraîné la victoire du NON, ceux qui ont témoigné de ce seisme citoyen sont justement ceux-là que MGB souhaite rassembler et elle a donc raison.

    Nous avons un vrai travail à accomplir en ce sens... les présidentielles sont importantes, mais l’histoire ne s’arrête pas là...

    Paradoxalement si je souhaite voter pour MGB, en tant que candidate communiste, quel que soit le score que nous ferons, c’est parce que je considère que le PCF (il ne le fait pas assez à mon goûit) est le parti qui porte ces préoccupations. je préfère honnêtement que cette flamme là reste allumée plutôt qu’elle s’éteigne, noyée dans des préoccupations que je retrouve chez d’autres, y compris chez Segolen. Mais je crois qu’il faut poursuivre et pour cela dépasser les antagonismes, développer le débat... Et les luttes car les batailles ne manqueront pas à l’avenir...

    je regrette vraiment cette candidature anti-libérale prématurée en l’état...

    Cela dit je pense par expérience que le PCf, comme tous les partis, aurait intérêt à réflechir sur la manière dont il s’est mis dans ce piège par légitimisme, par volonté de croire, par absence de culture politique... Quand l’huma pratique la censure, quand la direction jouit systématiquement d’un plus et quand tout est toujours de la faute du précédent secrétaire, on se retrouve dans la catastrophe actuelle... On peut toujours accuser les autres, les taxer à tort ou à raison d’anticommunisme, mais il est plus productif de voir ses propres erreur. Les communistes n’ont pas à avoir honte, mais s’ils veulent défendre la nécessité d’une organisation, il faut qu’ils s’attachent à la perfectionner parce que personnellement je suis convaincue que nous avons plus que jamais besoin de ce parti.

    Danielle Bleitrach