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Michel Peyret
28 décembre 2007
Il Y A DES URGENCES !
Quand nous avons décidé à quelques copains de lancer cette idée d’Assises du communisme nous ne savions pas trop comment présenter la chose. Finalement, après quelques tergiversations et hésitations, j’ai accouché d’un texte le 18 juin. Je le joins pour témoigner à nouveau qu’il n’était en rien une quelconque supplication. Ce texte a été retravaillé par la suite par quelques camarades pour rédiger l’Appel pour les Assises qui n’a pas tardé à trouver sa forme définitive avec un sous-titre : "Des communistes s’adressent à d’autres communistes". C’est cette rédaction qui a été soumise à la signature élargie.
NOUS AVONS FAIT UN CONSTAT
A la suite de l’Assemblée des 8 et 9 décembre, certains des signataires ont pensé utile de rappeler notre proposition d’Assises qui offrait, et offre toujours, une perspective immédiate pour l’élaboration d’un projet communiste et pour la construction d’une organisation communiste du 21e siècle, contrairement au texte issu de l’Assemblée des délégués des sections qui repousse à plus d’un an les échéances et les décisions en laissant planer un immense doute quant à l’avenir même du PCF.
Il s’agit là d’un constat. Nous ne sommes pas les seuls à l’avoir fait. De nombreux journalistes se sont également exprimé en ce sens. Plusieurs délégués à l’Assemblée ont également fait connaître les faits. Le texte que nous avons finalement retenu après diverses modifications prend appui sur leurs déclarations...
Et ce constat, nous l’avons titré : "Respecter les communistes" et non "Respectez les communistes", comme Jean-François l’a rappelé. Notre "Respecter" était dans le prolongement du texte des Assises dont je viens de rappeler qu’il n’était en rien une supplication.
UNE EXIGENCE POUR L’AVENIR
Par contre, ce "Respecter les communistes" a valeur d’une exigence pour l’avenir. Oui, demain, les communistes qui s’engageront dans la nouvelle formation qui émanera des Assises devront avoir la certitude qu’ils seront enfin respectés. Je dis cela avec les droits que me donnent 53 années d’appartenance au PCF ! Oui, il convient de rompre avec les pratiques qui ont été à l’honneur jusqu’alors au PCF ! Celles, par exemple, dont rend compte Gérard Streiff dans son travail sur Kanapa dont il était le secrétaire, les méthodes employées par les dirigeants pour manoeuvrer les communistes à la veille de Congrès et de décisions difficiles à prendre, comme l’abandon du concept de "dictature du prolétariat" !
Pour ma part, dans plusieurs de mes textes à propos des Assises, j’ai formulé l’idée que les communistes devaient être les "maîtres" de l’élaboration du projet et de la construction de la nouvelle formation communiste. Je précise qu’en parlant de "nouvelle formation communiste", je ne veux anticiper en rien sur les conclusions auxquelles les communistes parviendront à ce sujet. Cette question, comme toutes les autres d’ailleurs, doit être ouverte.
C’est pour cela que, pour ma part encore, je me suis refusé à tout "prêt-à-porter" qui serait élaboré en dehors de la participation effective des communistes, même si ce projet devait par la suite leur être soumis pour quelques retouches. Quand j’exprime l’idée que les communistes doivent être les "maîtres", il s’agit de la maîtrise du processus des Assises de A jusqu’à Z, et du fonctionnement par la suite de la nouvelle formation. A mon avis, il conviendra d’aller plus loin que la seule adjonction d’une dose d’horizontalité à la verticalité dominante jusqu’alors.
De même, il ne m’apparaît pas que l’existence de "tendances" organisées permette de développer le débat démocratique, tout au contraire. En fait, ce sont les responsables de tendances qui décident de tout entre eux au détriment du plus grand nombre de communistes qui sont exclus des débats et des décisions et ne sont en rien les "maîtres" dont je parle.
OUVRIR UNE PERSPECTIVE CONCRETE ET IMMEDIATE
Ce que je veux dire à ce moment de mes remarques, c’est que personne ne me fera oublier qu’il n’y a aujourd’hui aucune perspective concrète et immédiate de poursuivre en grand le débat qui s’est engagé entre nous, en dehors des Assises bien évidemment.
Ce débat confirme leur nécessité, leur besoin, non seulement pour nous-mêmes, mais pour tous ceux qui se veulent communistes et veulent contribuer aux élaborations dont j’ai parlé.
Le principe de leur organisation est extrèmement simple et découle du principe de "maîtrise" : dans chaque département, les communistes qui en sont partisans peuvent se réunir pour décider des formes de travail qu’ils mettront en oeuvre pour avancer dans les élaborations nécessaires. Il s’agit dans le même temps d’engager un travail d’unification et de renaissance.
A ce sujet, je m’étonne cependant que personne ne reprenne, ou ne s’interroge, quant au concept "d’appropriation sociale" que je considère pour ma part déterminant, central, de tout projet communiste et qui occupe cette place dans l’Appel. Précisons tout d’abord qu’il ne s’agit en rien de revenir aux "nationalisations-étatisations" de l’Etat-patron récusées comme telles. Ni d’un nouveau capitalisme d’Etat camouflé sous l’étiquette de "collectivisation".
SE DIRE ANTICAPITALISTE NE SUFFIT PAS
Se dire anticapitaliste à la mode Besancenot ne me suffit pas. Tout salarié qui fait grève pour une augmentation de salaire est de fait anticapitaliste. Cela ne signifie en rien qu’il soit partisan d’un changement de société qui en finira avec le capitalisme. C’est pourtant ce dont doit être porteur un projet communiste. Et cette perspective, toujours à mon avis, ne peut être lointaine. Il y a des attentes, des besoins forts, des espérances puissantes et pressantes dans la société française. Je ne les énumère pas ici mais elles commencent pour moi par l’existence dans un pays riche d’une pauvreté de masse comme en témoignent les 7,5 millions de personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. C’est insupportable dans un pays dont les dirigeants successifs aiment à se réclamer des Droits de l’Homme mais qui se résument souvent aux droits de tonte des capitalistes !
LE PROBLEME DU TRAVAIL EST CENTRAL
Il y a également le problème du travail qui est de même central puisque, en régime capitaliste il est la source de toutes les exploitations, dominations, aliénations... Je veux dire à Frédéric que je suis un adversaire de ce travail-là. Marx exprimait déjà l’exigence de mettre fin au travail salarié capitaliste, fin inséparable de l’appropriation sociale qui donne la propriété et le pouvoir qui y est attaché au peuple qui peut ainsi devenir maître de ses activités et de leurs rénumérations. La généralisation de l’appropriation sociale permet également à la société de s’engager dans le processus de dépérissement de l’Etat, Etat lui même instrument de domination de la classe dirigeante sur l’ensemble de la société, au moyen notamment des "appareils idéologiques d’Etat" selon la formule d’Althusser sur laquelle il conviendra certainement de revenir.
Il convient également d’assurer des gratuités effectives, dans le domaine de la santé et de l’école par exemple, et de les étendre à d’autres domaines : culture, eau, transports, pratiques du sport, logement... On relira avec intérêt Sagot-Duvauroux sur ce sujet où il a plutôt été bien inspiré.
INSTITUTIONNALISER LE POUVOIR DU PEUPLE
Restera à institutionnaliser ce pouvoir du peuple, institutionnalisation qui sera certainement un chantier conséquent en lui-même. Pour ne prendre qu’un exemple, il suffit de considérer combien le suffrage universel a été dévoyé par la bourgeoisie pour imposer la perduration de sa domination sur la société. Suffira-t-il d’instaurer la proportionnelle pour redonner au peuple le pouvoir de décision ? La "voie parlementaire" dont il fut question toute une époque n’a guère fait preuve de sa créativité jusqu’alors : ne convient-il pas de l’interroger ? Ne convient-il pas d’ouvrir de nouveaux chantiers de la démocratie et lesquels ?
SE METTRE VITE AU TRAVAIL VERITABLE
Il y a donc beaucoup de travail sur la planche, travail à effectuer avec les travailleurs à la recherche de voies pour sortir de leur exploitation capitaliste.
Aussi convient-il de ne pas perdre de temps pour se mettre au travail véritable ! A plus forte raison il importe de ne pas retarder d’un an toute décision ! Quel meilleur service rendre aux capitalistes que d’y céder !
Pour ma part, je m’y refuse !
Amicalement votre,
Michel.