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Immigration : les eurodéputés adoptent la décriée "directive du retour"
Publie le mercredi 18 juin 2008 par Open-Publishing2 commentaires
STRASBOURG - "Un coup dur pour l’Europe des droits de l’Homme". Le Parlement européen a adopté mercredi la controversée "directive du retour", dénoncée comme la "directive de la honte" par les associations de défense des migrants. Le texte prévoit une durée maximale de rétention de 18 mois et une interdiction de réadmission pour les expulsés allant jusqu’à cinq ans.
Malgré l’opposition des eurodéputés de gauche et verts, le texte a été approuvé par 369 voix contre 197 avec 106 abstentions. Les pays de l’UE disposeront d’un délai de deux ans pour le mettre en application.
La nouvelle réglementation, une étape vers l’élaboration d’une politique d’immigration et d’asile commune d’ici 2010, ne s’appliquera pas automatiquement en Grande-Bretagne et en Irlande, qui ne font pas partie de l’espace Schengen, ni au Danemark, qui a négocié une dérogation. En France, le ministre de l’immigration Brice Hortefeux a assuré qu’elle ne "changera rien" à la politique actuelle.
Plus de deux ans ont été nécessaires pour élaborer cette directive censée favoriser les retours volontaires et harmoniser les conditions de rétention et d’éloignement en instaurant des normes minimales dans les 27 Etats-membres.
Bruxelles estime à environ huit millions le nombre d’étrangers en situation irrégulière dans l’UE. Actuellement, la durée légale maximale de rétention varie considérablement au sein de l’UE. Elle est même illimitée dans sept pays, dont la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.
La nouvelle directive prévoit de laisser aux personnes prises en situation irrégulière un délai de sept à 30 jours pour quitter le pays de façon volontaire. En cas de refus ou de risque de fuite, elles pourront être placées en centre de rétention administrative et y rester jusqu’à six mois avant d’être expulsées. Mais cette période pourra être prolongée d’un an dans certains cas, notamment pour des vérifications d’identité dans le pays d’origine.
Dans le même temps, les Etats devront garantir les droits élémentaires, comme l’accès à une assistance juridique gratuite et faire valider la rétention administrative par un juge "dans les plus brefs délais". La directive tente aussi de limiter le placement en rétention de mineurs isolés ou de familles avec enfants, qui ne devront être détenus qu’en "dernier recours".
Enfin, le texte permet une interdiction de retour allant jusqu’à cinq ans, voire davantage à l’encontre des personnes considérées comme une menace potentielle pour la sécurité.
Chaque pays reste libre d’appliquer des conditions plus favorables. En France, la directive "ne changera rien", assurait mardi le ministre de l’Immigration Brice Hortefeux. Il avait expliqué que la durée maximale de rétention resterait à 32 jours, la plus faible d’Europe. Quant à l’interdiction de retour, il a affirmé que la France n’était "pas favorable à des politiques de bannissement".
L’Espagne pour sa part a dit envisager de relever la période légale de rétention à 60 jours. L’Italie, qui a commencé à durcir sa politique d’immigration depuis le retour au pouvoir de Silvio Berlusconi, a anticipé la directive en la relevant au maximum prévu par le texte.
Ses partisans avancent que le texte permet d’"élever le niveau de protection dans les pays où il est au plus bas", selon les termes du Français Patrick Gaubert du PPE-DE (Parti populaire européen-démocrates chrétiens). La libérale-démocrate néerlandaise Jeanine Hennis-Plasschaert arguait que dans certains pays, les clandestins en attente d’expulsion étaient jusqu’ici détenus dans des prisons.
Mais pour Amnesty International, la période de rétention "excessive" et le bannissement prévu risquent "d’abaisser les standards existants dans les Etats-membres et donner un extrêmement mauvais exemple aux autres régions du monde".
"En adoptant ce texte, le législateur européen nous laisse entendre que les migrants ne sont pas des êtres humains comme tous les autres, dotés de droits et à l’égard desquels les Etats ont des obligations. Ils sont déshumanisés", a accusé la présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) Souhayr Belhassen.
En France, la Cimade a déploré un "coup dur pour l’Europe des droits de l’Homme", regrettant que les eurodéputés soient restés "sourds" aux appels des ONG, des Eglises et des mobilisations citoyennes.
"Cette directive porte atteinte aux libertés publiques et fait de l’enfermement un mode de gestion courant des populations migrantes", dénonce l’association de défense des immigrés, annonçant qu’elle étudiait avec ses partenaires toutes les voies possibles de contestation du texte.
Messages
1. Immigration : les eurodéputés adoptent la décriée "directive du retour", 19 juin 2008, 00:17, par lola
« Info à vérifier » ORWELL made in fRance ! Une note interne de la Préfecture des Hauts-de-Seine, Direction de la Population et de la Citoyenneté circule en ce moment sur le Web.http://www.betapolitique.fr/IMG/pdf...
On en parle :
http://www.alterinfo.net/ORWELL-mad...
http://www.dailymotion.com/video/xq...
2. Immigration : les eurodéputés adoptent la décriée "directive du retour", 19 juin 2008, 12:44
Communiqué de presse
Jean-Claude MARTINEZ
Député européen – député de l’EUROLAT (Parlement Europe – Amérique latine)
Réponse à la lettre du Président Evo Morales aux députés européens
Dans le quotidien français Libération, du vendredi 13 juin 2008, le Président Evo Morales, de la République de Bolivie, s’adresse aux députés européens à propos d’une directive européenne connue sous l’abréviation "Directive Retour".
Voici ma réponse de député européen :
1°) Le Président Evo Morales a le droit et la légitimité pour lui lorsqu’il exerce la souveraineté de son pays sur ses ressources naturelles. En nationalisant l’exploitation de ses gisements de gaz.
2°) La Bolivie du Président Evo Morales, comme l’Équateur du Président Correa et surtout le Venezuela du Président Hugo Chavez, est en train de mettre l’Amérique latine au premier rang d’une rénovation des concepts politiques qui peut enrichir le monde des nations en voie de planétisation.
3°) En alertant le Parlement européen sur la directive européenne précitée, concernant les flux migratoires, le Président Evo Morales ouvre deux voies majeures sur le fond et sur la forme.
Sur la forme, un homme du continent sud-américain s’adresse là directement à des élus du continent européen. Ce faisant, il ouvre là la voie du "dialogue des civilisations" entre deux continents que tout doit rapprocher.
Mais surtout sur le fond, il pose là ce qui va être l’œuvre clé du XXIème siècle : gérer en commun les parties communes de la copropriété planétaire. Par le biais du traitement de l’immigration et du statut réciproque des migrants d’un continent à l’autre, le Président Evo Morales met le doigt sur un des grands problèmes du monde. Au même titre que le problème alimentaire, découvert enfin par tous, les problèmes sanitaires, celui de la gestion commune de l’eau et surtout le problème de l’instruction à partager.
Dès lors, je réponds au Président Evo Morales : sur la bonne voie qu’il ouvre, allons plus loin et plus vite. Convenons tout de suite de la gestion commune des parties communes de la copropriété planétaire. En un quadrilatère de l’humanité où l’alimentation, l’instruction, les médicaments et les adductions en eau potable seront biens publics mondiaux.
Les outils juridiques pour cela existent. Depuis plus de trente ans, la Convention de Montego Bay, sur le droit de la mer, les a créés. Avec le concept de patrimoine commun de l’humanité.
Le cadre politique existe. Il est tout récent, avec l’Eurolat qui s’est encore réuni il y a un mois à Lima.
L’arène du combat existe aussi : c’est l’OMC. L’Amérique latine et l’Europe pourraient y parler d’une même voix. Pour dire que le libre-échange n’est pas la solution à tout et que le politique doit revenir pour imposer sa loi raisonnée à la loi aveugle du marché.
La balle est dans le camp du Président Evo Morales, du Président Correa, de la Présidente Kirchner, du Président Alan Garcia et du pionnier Hugo Chavez. Qu’ils lancent vite l’invitation audacieuse pour un sommet de l’intelligence politique à Caracas. Les députés européens et les politiques qui veulent bâtir le monde du XXIème siècle y seront.