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Imposer la méthode syllabique et sanctionner les autres méthodes est bête et méchant

Publie le mercredi 18 octobre 2006 par Open-Publishing
13 commentaires

Peu de choses à dire pour commenter cette mesure de M. Gilles de Robien, ministre de l’Education nationale d’une autre époque.

Dans l’ensemble, les enseignants ajustent leurs méthodes sur les besoins d’apprentissage des enfants. Du temps de la méthode de lecture dite « globale », la plupart avaient l’intelligence d’opter pour la « semi-globale ». Beaucoup de jeunes, agrégés de lettres aujourd’hui, ou dans les milieux professionnels, ne s’en sont jamais plaints.

Quant au « tout syllabique », la méthode avait elle-même ses récalcitrants. Mais elle appartenait à un temps où le souci du résultat à tout prix, sans conditions, suppléait à des techniques qui n’auraient pas convenu à tous. Et tant pis pour celui qui n’entrait pas dans le système.

Souvent, c’est l’entourage aussi, mais cela doit être toujours le cas, qui complète les imperfections de l’une ou l’autre méthode.

S-e-m-i-s-g-l-o-b-a-u-x.

Messages

  • J’ai entendu le ministre défendre son point de vue en occultant complètement la maternelle comme si les enfants ne commençaient à s’intéresser aux lettres et aux mots qu’au CP.
    Sa théorie est incompatible avec les l’enseignement des écoles maternelles où les enfants apprennent à lire des lettres et des mots et à écrire aussi.
    Il parle comme si les enfants attendaient qu’on leur apprennent à lire alors que les enfants savent par eux même reconnaîtrent les mots qu’ils voient souvent sans l’aide des parents ni des enseignants.
    Bref ils nous prend tous pour les cons les enfants, les parents et les enseignants.

    Francesca

    • il faut savoir que Robien n’aime pas les profs, les instits.
      Le problème, c’est qu’il ne connaît pas un traître mot de ce qu’est l’apprentissage de la lecture ( sinon par une mission quelconque qu’il a dû nommer pour alibi).
      D’assureur, il est devenu ministre de l’équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer. Ce qui au départ est déjà se foutre du monde.
      Du jour au lendemain, le voilà le chef pensant de l’Education nationale. Que connaît-il de l’enseignement ?
      Mais, comme tout ministre qui veut sa part de gloire, il doit se manifester pour montrer qu’il existe. Alors le voilà pourfendeur de certaine méthode de lecture, tueur d’Inspecteur qui n’est pas d’accord avec lui. Le roi commande , tu suis ou tu crèves !
      Il inaugure l’année scolaire par des visites largement médiatisées dans les écoles et lycées privés. Et nous, les publics ?
      De Robien est un nul et qu’il nous laisse en paix avec notre lecture !
      Des moyens pour les facs qui sont insalubres ? Des ZEP qui sont aidées ? ( je veux dire ..vraiment aidées et non pas ces pseudo pôles d’excellence nommés Projet-Ambition-Réussite), Que nenni.
      Il doit y avoir d’autres moyens d’exister que d’emm ...l’Education Nationale !
      Un instit qui après 37 ans dans les classes ( particulièrement en CP) a quelques idées sur ce qu’est l’apprentissage de la lecture.

    • Etes-vous allés voir sur le site de SOS Education ? Vous serez édifiés.
      D’après eux , ils sont à l’origine de tout ce que décide Robien. Maintenant, ils se lancent dans une campagne contre les instits qui n’emploieraient pas la "bonne méthode" et demandent à ceux qui observeraient la pratique illégale constatée de les dénoncer, ils se chargent de rapporter ça au ministre !
      Ils se prétendent apolitiques, loi 1901, etc...Trouvent leur source dans Le figaro qui semble être leur bible.
      N’y allez pas si vous voulez garder votre bonne humeur ! Et ne leur écrivez pas si vous ne voulez pas vous faire insulter.
      Le même instit que d’taleur.

    • je rajoute pour info que les dons qui leur sont adressés sont déductibles des impôts (à hauteur de 66 pour cent du don).
      C’est une honte que l’argent public servent à alimenter cette association qui n’a pour but que de casser l’école publique.
      Comprenne qui pourra...

  • Comme un sniper fou …

    Il est vraiment très prétentieux, ce de Robien, lui dont le nom ne risque pas de figurer un jour aux frontons de nos écoles pour la profondeur de sa pensée pédagogique, lui qui ne finira même pas l’année scolaire, au contraire des enseignants pour lesquels il affiche un si profond mépris. Tel un sniper fou tirant au hasard dans tous les coins, il sort une énormité par jour, dépassant en incompétence et en suffisance tous les ministres de l’Education de ces dernières décennies … (et pourtant, on n’a pas été gâtés depuis longtemps !).

    Je n’essaierai pas de lui expliquer comment, depuis 40 ans, de la maternelle au collège, de la formation des futurs enseignants à l’alphabétisation d’adultes, j’ai pu aider des personnes à éveiller leur esprit et leur liberté par une méthode naturelle de lecture/écriture (eh oui ! ça ne se sépare pas, dès le plus jeune âge ; je ne parle pas du graphisme mais de l’expression écrite, bien sûr). Et lui dirai-je aussi que l’accès à la littérature alterne avec les écrits quotidiens, que la combinatoire se nourrit des découvertes globales riches de sens et de stratégies de plus en plus fines ? Et lui dirai-je encore que, dans des conditions parfois difficiles, on obtient ainsi de bons résultats et, dans le même élan, un enthousiasme pour l’étude et un esprit citoyen ? Et lui dirai-je enfin que la prise en compte des difficultés sociales et une empathie exigeante comptent plus que la technique ? Ce n’est pas la peine, il ne comprendrait pas.
    Et pourtant, n’ai-je pas pour postulat que tout être est capable de progrès ? Oui, à condition qu’il abandonne cette sinistre rigidité que connaissent bien les psychiatres…
    Ceci dit, je ne prétends pas posséder la recette miracle et je reconnais à chacun (au contraire du ministre), le droit d’adopter les démarches qu’il maîtrise.

    Il déforme même la pensée des chercheurs dont il dit s’inspirer : ceux-ci ne reconnaissent plus leur petit ! Surtout lorsqu’il va jusqu’à censurer leurs propos en coupant ce qui lui déplait dans leurs phrases ! Voyez le CDrom dont il a inondé les écoles (alors qu’on n’a pas d’argent pour les remplaçants et les surveillants). Il leur rend un bien mauvais service : leur crédibilité devant leurs pairs en prend un coup ! Et quel bel exemple d’honnêteté intellectuelle !

    Comme une machine qui s’emballe, après avoir tenté la tactique du « diviser pour régner », de la démagogie envers les parents sidérés, il passe aux rodomontades médiatisées, aux pressions, aux menaces, aux sanctions envers un inspecteur dont les paroles n’ont relevé que du simple bon sens, envers un enseignant/chercheur dont la compétence fait l’unanimité (osant le traiter de chauffard !). Les bornes du ridicule sont dépassées mais ce n’est pas le plus grave.

    On n’en est plus aux querelles de méthodes ; on a passé la limite où la liberté de penser est attaquée. « Les enseignants, des fonctionnaires qui n’auraient qu’à obéir » ?! D’autres se sont cassés les dents à ce jeu dangereux...car les enseignants, quelles que soient leurs opinions, ont une haute idée de leur mission qui exclut la servilité et ne peut s’exercer que dans l’initiative libre et un engagement personnel fort.

    « Soyez des libérateurs ! » nous a dit Marie Pape-Carpantier qui fut parmi les précurseurs de l’Ecole Maternelle et dont une émission télévisée nous a rappelé récemment le combat contre les obscurantismes.

    Serions-nous en train de vivre une triste « Restauration » ? Nos jeunes méritent un meilleur traitement. De joyeuses Révolutions s’annoncent…

    ex maître-formatrice et directrice d’école d’application, Animatrice bénévole pour l’alphabétisation d’adultes, est-ce que je me mêle de donner des conseils à M. de robien dans le domaine des assurances ?

  • Apprendre à lire par une méthode syllabique stricte permet de déchiffrer péniblement et lentement des textes courts. C’est tout ce dont nous avons besoin pour être des citoyens obéissants et décérébrés. Vu sous cet angle, ils ne sont pas si bêtes, nos dirigeants.
    Heureusement, ils n’ont aucune chance : bien avant l’entrée au CP, les enfants ont appris à reconnaître "globalement" un très grand nombre de mots, et ils sont nombreux à avoir très envie d’apprendre comment ça marche.
    Dans ce contexte, "aucune méthode de lecture n’est capable d’empêcher un enfant d’apprendre à lire".
    MC

    • MC , bonsoir ,

      pour eviter toute mauvaise interpretation de ce qui suit , je ne suis pas du tout specialiste de l’apprentissage de la lecture , je n’ai aucune leçon à donner et j’essaye simplement de comprendre l’objet du débat .
      ceci etant posé , certaines choses me choquent dans ce que je lis , ainsi MC , tu ecrits :
      ""Apprendre à lire par une méthode syllabique stricte permet de déchiffrer péniblement et lentement des textes courts. C’est tout ce dont nous avons besoin pour être des citoyens obéissants et décérébrés. Vu sous cet angle, ils ne sont pas si bêtes, nos dirigeants. ""

      J’ai soixante ans la lecture m’a été apprise , je crois , vu l’époque , par la méthode syllabique et toute ma génération n’a pas été composée de citoyens obeissants et décérébrés , je rajoute qu’a l’époque nous rentriions en classe à six ans et que l’ecole maternelle n’existait pas .
      c’est surtout le milieu social dans lequel je vivais qui m’a donné le gout de lire et l’amour du livre plus tard , et je crois que quelque soit la méthode , les enfants qui vivent dans les livres savent lire beaucoup plus vite que ceux qui en sont privés .
      J’ai eu à connaitre la scolarité de mes trois enfants , nés en 1968 - 1970 - 1973 - et les institutrices de l’epoque nous ont dit :" faites nous confiance , on leur apprendra à lire , mais n’intervenez pas trop dans l’apprentissage de la lecture car les méthodes ont changé "
      pas trop rassurés , nous leur avons fait confiance , et mes trois gosses ont su lire sans problémes , c’est vrai aussi qu’ils lisaient dés la sortie de la maternelle , et que la maison etait pleine de livres . Ce n’est que vers leur entrée en cinquiéme ou quatrieme , je ne me souviens plus , que certains profs du college ont commencé à parler des "ravages de la méthode globale "
      j’avoue ne pas avoir constaté de tels ravages chez mes enfants .
      ceci n’est qu’un témoignage d’eleve et de parent d’eleves .
      claude de Toulouse .

  • De la même manière, et il faut le dénoncer, des groupes de pression essaient d’empêcher les parents d’origine étrangère de parler leur langue avec leurs enfants. Coup double, si ça marchait : ces parents parleraient très peu à leurs enfants, et leur apprendraient un français incorrect. Et de plus, ils seraient coupés de leur famille restée au pays.
    D’ailleurs, soyez rassurés, cette injonction ne concerne pas les anglais, allemands, etc, qui d’ailleurs ne se laisseraient pas faire, ils savent bien que le bilinguisme est une chance pour leurs enfants, leur ouvre l’esprit, et n’entrave en aucune manière leur apprentissage du français.
    MC

    • D’accord avec vous : le bilinguisme est un atout.

      J’ai été élevée dans une famille polyglotte. Dès la petite enfance,en milieu populaire, j’ai entendu 4 langues plus un patois.Chacun de mes parents parlait 4 langues. J’en pratique 8 : pas toutes à fond bien sûr, mais je peux m’exprimer dans toutes. C’est bien pratique. Déjà petite, à l’école, on venait me chercher en classe pour faire l’interprête dans une autre. Idem, dans mon lieu professionnel, en milieu hospitalier.

      Mon cas est loin d’être isolé : je m’amuse à repérer les autres polyglottes, issus aussi de milieux modestes ou moyens. On rigole ensemble, on se comprend et se refile des trucs et des anecdotes. Du style : comment arriver à communiquer quand on rencontre quelqu’un avec qui on n’a pas de langue commune ? Trouver un pont : se parler en 2 langues , l’une comprise , l’autre parlée.

      Ainsi, un jour, je me suis assise dans le train à côté d’un monsieur et, comme je lui demandais un renseignement concernant le trajet , je m’entends répondre un laconique :" niè rozoumiè !"
      en polonais ! Du coup, je lui dis :"polak ?". Et je continue en russe, une de mes langues assez courantes. Il s’anime et se lance dans une grande conversation en polonais, je comprends qu’il est de passage et qu’il vient d’un petit bled à 100 km de Varsovie. Je lui dis que j’ai visité cette ville, et il est intarissable.

      Notre conversation en slave russo-polonais a duré tout le trajet, on a compris chacun un quart mais l’idée générale était belle ! Résultat : j’étais lourdement chargée mais il m’a aidée à porter mes bagages à la descente du train.

      Goethe a dit que l’on ne connaît bien sa langue que lorsque l’on en maîtrise d’autres.

      Oui, favorisons l’apprentissage des langues là où elles sont déjà présentes : dans les milieux mixtes.

      little light

  • Bonsoir,

    Je suis surpris de ce déchaînement contre la méthode syllabique souvent regardée comme une méthode archaïque. J’ai appris à lire comme cela et cela ne m’a jamais posé problème. Mais le problème n’est pas là. En définitive, on parle qu’il faut plusieurs méthodes , surtout pas de sectarisme mais les premiers à être sectaires ont été ceux qui ont voulu imposer ces méthodes semi-globales voire globales et cela ne s’est pas fait avec douceur...Alors la "victimisation" des IGEN ou des chercheurs me fait sourire ; certains de mes élèves ne savent pas lire en cinquième, cela pose question...Que toutes les méthodes aient leur place mais pas de sectarisme ni d’un côté ni de l’autre !!