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Inégalités récurrentes face au logement, travail et revenus en 2004

Publie le mardi 17 février 2004 par Open-Publishing

INEGALITES au PAYS des DROITS DE l’HOMME
Conférence Musée de l’Homme (expo « Pauvres de nous »)

A l’occasion du nouvel appel du mouvement Emmaüs*, Alternatives économiques invitait à un débat axé sur l’ « insoutenable inégalité des êtres ?à travers les revenus, le travail, le logement ? » et les transformations structurelles.

Denis Clerc (AE) l’introduit en abordant l’échelle des salaires, un SMIG « ramasse-miettes » qui produit une impulsion pour les autres salaires, l’inégalité salariale ne s’est pas accrue pour autant voire a diminuée contrairement à ce qu’ont vécu les USA et le Royaume-Uni. L’irruption du chomâge de masse dans les années 1990-96 a conduit à une paupérisation et le développement des exclusions, un ressentiment des inégalités s’est manifesté dans une « société riche » qui participe à la distribution des revenus (RMI, CMU ?).
Les disparités des salaires au sein d’une catégorie professionnelle sont relevés avec une dispersion des salaires nouvelle et le phénomène de rupture de contrat qui met fin à une carrière salariale. Les conventions collectives en terme d’accords sur les salaires sont nivelées par le bas et s’alignent voire se situent en dessous du SMIG. Le capital humain est fragilisé et l’exploitation du travail se développe à nouveau à l’image du XIXème siècle. Les exemples de l’hôtellerie, le textile, la propreté et le nettoyage nous ramènent à des pratiques anciennes avec des salaires tirés vers le bas. La précarité remplace la carrière salariale dans un contexte de dispersion des normes collectives et salariales.

Le déclin du syndicalisme accentué par le phénomène d’individualisation met en avant un rapport de forces défavorable. Le seuil de pauvreté calculé en 2004 à 680 euros par personne fait apparaître l’émergence des travailleurs pauvres, de ceux qui vivent avec des salaires faibles et subissent l’exclusion au logement, tels les « working poors » aux USA.
Le mode de garde des enfants et les problèmes des familles monoparentales handicapent ces personnes exlues et par extension du monde du travail. La difficulté d’accès au travail, la menace de précarité et des revenus en dessous du seuil de pauvreté (temps partiels) mettent en relief une nouvelle population fragilisée par les difficultés socio-économiques qui n’ a accès qu’aux « bad jobs ».
JC Le Duigou (CGT) met en avant sa préoccupation de lutte contte les inégalités qui est le fondement de l’action syndicale. Problème social majeur, l’inégalité et notamment celle des revenus a été révélée dans les années 90 avec le rupture d’une partie de la population avec le monde du travail et notamment la difficulté structurelle de l’intégration dans le marché du travail pour les jeunes et les femmes et qui correspond dans le même temps à l’élargissement de l’électorat nationaliste(F.N). En 83-84 un ouvrier non qualifié était exposé à 6 ans de chomâge dans sa carrière. Parallèlement se développe une catégorie de salariés pauvres, sur 2,6 millions de création d’emplois en 10 ans, 50 % sont rémunérés en dessous du SMIG, des salariés sont sous-payés, une inégalité devant l’espérance de vie persiste (cf conditions de travail, stress ?) et une disparité à l’accès à la formation professionnelle est encore d’actualité.

Un défi nouveau se présente aux organisations syndicales dans cet environnement de rupture entre les emplois corrects et les autres. La prévention du travail (précarité, durabilité, contre les licenciements) met en avant l’intérêt d’offrir des droits à la personne du salarié et d’instituer une sécurité « sociale professionnelle ». La sécurité devant l’emploi est une réponse en présentant des garanties pour la conservation de l’emploi et notamment pour les précaires, un système de grantie sociale est avancé.

Le constat de l’insécurité sociale par rapport au travail est flagrant, 1/6 des salariés n’a pas de salaire décent, les contraintes de l’économie fragilisent le travailleur, 3/4 des emplois crées sont des CDD, une sécurité professionnelle est suggérée contre la précarité, 1/3 des SDF travaille ?

L’économiste Eric Maurin revient sur le problème de la stabilité de l’emploi et de la fragilité de la société en faisant le lien entre le problème du logement et le destin scolaire des enfants. L’urgence du logement masque en partie l’inégalité de logement, le mal logement et l’incidence sur l’enfant en terme d’éducation (retard scolaire). Le surpeuplement dans les logements annonce la ségrégation sociale, la ghettoïsation et l’échec scolaire (15 à 20% des ados vivent dans des chambres de 2 pers et +). La condition d’existence des enfants et des familles provoque un effet multiplicateur social.

JB Eyraud (DAL) invoque la nécessité de « construire » pour les familles en difficultés à l’heure ou l’on note une augmentation des loyers et des valeurs immobiliaires conséquentes. Le parc locatif bon marché est souvent dégradé et le déficit de logement sociaux criant. Le maintien des familles à revenus stables en ville est difficile (mouvement vers la banlieue) et les « marchands de sommeil » sont légion. La libéralisation du marché du logement est dommageable et pourtant la remise en cause du logement à vocation sociale est constante chez les libéraux, le mode de financement est fragilisé (cf livret A).

L’augmentation des expulsions (cf impayés de loyers, difficultés de relogement) interpelle les associations (qui réalisent un travail de convergence) qui perçoivent de mauvaises perspectives, les politiques annoncées ne limitant pour autant les inégalités bien au contraire. La loi SRU (20% de logement social dans les villes ) n’est pas appliquée et le droit d’attribution du préfet est menacé par la loi de décentralisation. La vente des logements sociaux et les problèmes récurrents d’attente traduisent la dégradation de la situation de l’égalité, la montée de la demande de logement social en est le thermomètre (300.000 logements sociaux sont nécessaires en 2004 en IDF). Les (gros) bailleurs privatifs doivent participer à la solidarité nationale.

Elargissement personnel
L’insécurité sociale ambiante traduit le désengagement de l’Etat et l’exclusion d’une partie de la population sacrifiée sur l’autel du libéralisme. L’exclusion peut être sociale, politique, économique ou tout à la fois. On est exclu du logement, de l’accès à l’emploi par exemple. L’exclusion introduit de surcroît l’idée d’une rupture dans un continuum protégé par des droits ou, du moins, des garanties sociales minimales.
Il peut être marqué par le cumul de plusieurs exclusions (travail, revenu, logement, santé...) et par l’impossibilité ou l’incapacité pendant une période plus ou moins longue de bénéficier de droits.L’accession au logement pour les travailleurs précaires, et les chômeurs est refusée, les ménages concernés sont souvent sollicités par des prêts à la consommation, avec des taux de remboursement beaucoup plus élevés, l’endettement caractérise les familles pauvres.

L’exclusion de l’indemnisation des intermittents annonce la déresponsabilisation des autorités publiques et la dérive anti-sociale opérée par nos gouvernants dans ce début de millénaire particulièrement régressif.

Les inégalités persistantes, les difficultés à les réduire dans les revenus, au travail et à l’accès au logement témoignent de ce constat d’insécurité sociale, l’exlusion se développe inexorablement aux yeux de tous et en particulier devant les ministères. Car c’est à l’Etat de manifester l’intérêt général et c’est la grandeur de l’Etat que de participer à la réduction des inégalités, la charité associative a ses limites et ne peut se pérenniser de par l’essence même de son urgence d’engagement.

*avec Amnesty international, Armée du Salut , ATD Quart Monde, Envie, Fédération Entraide protestante, France Bénévolat, les Restos du C ?ur, Médecins du monde, Secours Catholique, Secours Populaire, Solidarités nouvelles face au chômage

Gwel@n