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Inflation judiciaire et policière !
Publie le vendredi 29 octobre 2010 par Open-Publishing3 commentaires
Hallucinant ! Inflation judiciaire et policière !
L’avocat blogueur Eolas (désolé j’ai une petite réticence pour le mot maître) relate et commente le fait divers suivant relaté par plusieurs journaux :
« A la suite du désormais célèbre lapsus de Rachida Dati, un habitant de Bourg-de-Péage, près de Romans sur Isère, dans la Drôme, lui a adressé un courrier électronique sur sa boîte du Parlement européen, lui demandant “une petite inflation”. Blague de mauvais goût, sans doute, avec des relents de sexisme, certainement. Mais une blague avant tout.
Eh bien ce monsieur s’est retrouvé place en garde à vue par la police judiciaire de Lyon, qui démontre ainsi son sens des priorités, pour le délit d’outrage envers une personne chargée d’une mission de service public. Le procureur de la République de Valence, a évidemment été immédiatement informé – du moins je le suppose.
Et que croyez-vous qu’il arriva ? Que le procureur s’est exclamé : “Mais vous n’y pensez pas ? Un député européen n’étant pas dépositaire de l’autorité publique, faute de pouvoir de décision délégué par la loi, il doit être regardé comme chargé d’une mission de service public ; or l’alinéa 1er de l’article 433-5 du Code pénal ne prévoit qu’une peine d’amende de 7500 euros maximum pour ces faits, en fût-il l’auteur. Pas de prison encourue. Or l’article 67 du Code de procédure pénale prévoit que la garde à vue n’est applicable qu’aux faits punis d’une peine d’emprisonnement. Il serait donc illégal de le retenir en garde à vue, et inopportun de priver de liberté quelqu’un qui n’encourt pas une privation de liberté pour ces faits. En outre, ses déclarations seraient reçues inconstitutionnellement et en violation de la Convention de Sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (arrêt Brusco c. France), qui a une valeur supérieure à la loi en vertu de l’article 55 de la Constitution. Or en tant que magistrat, il est de mon devoir de faire respecter le droit. C’est le sens du serment que j’ai prêté. je vous ordonne donc de remettre ce monsieur en liberté ; et si vous avez des questions à lui poser, vous lui envoyez une convocation, en lui rappelant qu’il n’est pas obligé de répondre à vos questions, bien sûr”.
Perdu.
Sa garde à vue a été prolongée et il y a passé près de 48 heures. Illégalement, donc. Son logement a été perquisitionné et son ordinateur a été saisi. Il ne va probablement pas être expertisé, le coût prévisible de la mesure dépassant le montant de l’amende susceptible d’être prononcée. Et sa confiscation n’est même pas prévue à titre de peine complémentaire. Il devra lui être restitué.
A la décharge du parquet, quand on voit que, enfin déféré devant un juge des libertés et de la détention, celui-ci, au lieu d’exploser de colère devant cette procédure ridicule et à la légalité douteuse, a placé ce monsieur sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec Rachida Dati – ce que j’ai du mal à considérer comme une contrainte, on voit que même la vraie autorité judiciaire, composée de magistrats indépendants, eux, ne risque pas deperdre le sommeil à cause d’un souci excessif des libertés.
Voilà, mes chers citoyens, la totalité de la protection de votre liberté. Vous voulez rire du lapsus d’une élue ? Il vous en cuira. Deux jours dans les geôles du commissariat, dont personne ne pourra vous sortir, certainement pas le magistrat dont c’est le rôle selon la Constitution, puisqu’il est trop occupé à applaudir pour lire le Code de procédure pénale. Ca vous apprendra le respect dû à vos supérieurs.
Cette affaire est une honte et un scandale, et oui, je suis en colère. On en est donc là, aujourd’hui ? Un “casse toi pauv’con”, un “Sarkozy je te vois”, un “une petite inflation” sont suffisants pour vous faire traîner devant les tribunaux, par l’autorité constituée qui se prétend, sans rire ni rougir, gardienne de la liberté individuelle ?
Il n’en est pas question. Si ceux qui sont les gardiens de la liberté individuelle trahissent à ce point leur ministère, c’est les gardiens des intérêts individuels, les avocats, qui y suppléeront. Attaquons sans relâche les gardes à vue confiées aux seuls procureurs. Nous serons déboutés. Nous ferons appel. Nous serons confirmés. Nous nous pourvoirons. Nous serons rejetés. Nous irons à Strasbourg, et nous gagnerons.
Relisez les propos de Montesquieu rappelés en exergue. Tout naturellement, un pouvoir qui n’est arrêté par aucun contre-pouvoir est sorti de ses limites et est devenu abusif. Les juges européens ont pointé cette dérive du droit, et nous ont justement rappelé à l’ordre.
Il y a 2000 ans, Juvénal se demandait déjà, dans la République romaine, Quis custodiet ipsos custodes ? Qui nous gardera de nos gardiens ? L’interrogation est d’une actualité angoissante. »
http://www.maitre-eolas.fr/post/201...
Nous sommes le 29 octobre 2010 sur le territoire de la République Française devenue Principauté du Fouquet’s Land.
Messages
1. Inflation judiciaire et policière !, 29 octobre 2010, 14:08
En tous cas, j’espère qu’ils n’ont pas pris ses "empreintes génitales" ;-)
2. Un parlementaire européen ne semble pas jouir de la protection contre l’outrage, 29 octobre 2010, 18:00
J’ai ouvert mon Code Pénal Dalloz, pas très à jour car portant le millésime 2002, donc sorti en septembre 2001... Les élus protégés, d’après l’abondante jurisprudence citée, sont le Président de la République, les maires et leurs adjoints, personne de plus (cas particulier : les présidents d’université, protégés eux-aussi). Reste à prouver que Madame Dati ait été visée en tant que maire.
J’espère que les parties en cause seront présentes à l’audience.
En tout cas, les flics occupés par cette affaire d’Etat ne tapaient pas sur les manifestants pendant tout ce temps-là.
3. Inflation judiciaire et policière !, 1er novembre 2010, 02:08, par Elis
i’vont bien lui trouver un poste qui va correspondre, à la rachida là, de façon à la faire cadrer avec ce qu’ils en attendent, pas de souci.....
par contre je plains le gars et son avenir.... :-(
elle a eu peur dans son statut de femme, pour son rôle de mère et pour sa fille...... pôv naze, y’en a combien qui vivent avec ça X1.000 H24J7 où personne ne lève le petit doigt pour elles/eux, sûrement pas la justice et encore moins le parquet !!
qu’elle redescende sur terre avant de s’offusquer sur son ton de sainte nitouche—vierge marie !!!
faut’i déjà être stressée pour sketcher de cette manière dont !! remarquez, vue l’ambiance qu’ils nous mettent, y’a de quoi être stressée..... et le pire !! = c’est pas fini !!!!!!!!!!!!! :-P