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Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique
Publie le jeudi 22 février 2007 par Open-Publishing8 commentaires
Ingrid Betancourt, l’ancienne candidate des Verts à la présidence colombienne, qui entame jeudi sa sixième année dans la jungle colombienne otage de la guérilla, est une pasionaria de la politique, connue pour ses coups d’éclat contre la corruption.
Inflexible et directe
Pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2002, cette jolie femme de la bonne société colombienne aux allures d’adolescente, qui a fêté ses 45 ans en détention, distribuait du Viagra aux passants pour illustrer la vitalité de sa campagne. De même, elle a commencé sa carrière à la Chambre des représentants après avoir distribué dans les rues de la capitale des préservatifs, sous le slogan : "La corruption est le sida de notre société. Protégeons-nous !" "Elle est inflexible, directe, et pouvait dire à un président : vous êtes un délinquant et un voleur", se souvient sa mère, Yolanda Pulecio. "Et je crains qu’elle fasse de même avec certains chefs des guérilleros", ajoute-t-elle.
Pablo Neruda
"Madame Ingrid n’est pas toujours très facile et a un fort caractère", dit d’elle du bout des lèvres Raul Reyes, le numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, guérilla marxiste) qui la retient en otage). Ses camarades du lycée français Louis Pasteur de Bogota la décrivent comme un chef de bande, élève brillante, ambitieuse, charismatique, un peu casse-cou et très séduisante. "Elle a toujours adoré la France et parle la langue de Molière sans le moindre accent", témoigne Liliane Estefan, une élève de sa classe devenue architecte. "Elle est douée pour tout, la littérature, la peinture, la poésie", soutient sa mère, se souvenant que le poète chilien Pablo Neruda à qui, à 8 ans, elle montrait ses poèmes l’appelait "ma collègue".
Jeunesse tumultueuse
Francophile, l’ancienne diplômée de Sciences-Politiques à Paris a été l’élève du Premier ministre français Dominique de Villepin, avec qui elle continuera à entretenir des relations d’amitié. Mais Mme Betancourt, dont le père Gabriel fut ministre de l’Education puis ambassadeur auprès de l’Unesco, a aussi de nombreux ennemis en Colombie. Ses détracteurs dénoncent volontiers sa jeunesse tumultueuse, dont une liaison avec un personnage trouble, aujourd’hui proche des paramilitaires. Plusieurs dirigeants politiques l’accusent d’être une activiste enflammée adepte des coups médiatiques, destinés à lui conférer une popularité dont elle manque totalement en Colombie. "Elle n’est entrée dans l’écologie que par opportunisme", disent ses ennemis, qui affirment son ignorance dans ce domaine et rappellent qu’elle s’est opposée au droit à l’avortement.
Double nationalité
Malgré l’enlèvement de l’ancienne sénatrice, sa famille avait maintenu sa candidature à la présidentielle, où elle n’avait obtenu que 0,5% des voix. Dans son livre "La rage au coeur", elle affirme avoir a été l’objet de menaces de mort et contrainte de se séparer à plusieurs reprises de ses deux enfants, Mélanie et Lorenzo, âgés aujourd’hui de 20 et 17 ans, pour les mettre à l’abri à l’étranger, notamment auprès de leur père, Fabrice Dello ye, son premier mari. C’est de son union avec ce diplomate français qu’elle tient sa double nationalité franco-colombienne. Ingrid a été enlevée par les FARC le 23 février 2002 près de Florencia, à 600 km au sud de Bogota. Elle tentait de se rendre dans l’ancien fief des FARC, une zone démilitarisée grande comme la Suisse (42.000 kilomètres carrés) juste après la rupture du processus de paix entre cette guérilla et le gouvernement.
Têtue
Là encore, ses détracteurs lui reprochent de ne pas avoir écouté le président de l’époque, Andres Pastrana, qui lui avait demandé de ne pas se rendre dans ce secteur contrôlé par les FARC, craignant un enlèvement. "Ingrid était parfois un peu têtue", admet sa mère. "Elle a toujours été persuadée que rien ni personne ne pouvait lui résister", déclare une de ses amies de l’université. Mais Ingrid Betancourt, même face à l’adversité, ne manque ni de panache, ni de courage. En août 2003, dans une vidéo transmise par les guérilleros, amaigrie, elle appelle à une intervention de l’armée pour la libérer et proclame son refus d’être échangée. (afp)
– http://www.7sur7.be/hlns/cache/fr/d...
Pour la libération d’Ingrid Bétancourt : la autorités françaises doivent montrer la plus grande détermination
de Marie-George Buffet
Voilà cinq ans, au 23 février, qu’Ingrid Betancourt, citoyenne française, est prisonnière, otage de la guérilla en Colombie... Cinq ans de cauchemar pour elle, pour sa famille et pour ses proches. J’ai entendu sa fille, Mélanie, appeler le gouvernement français à « prendre ses responsabilités ». Je comprends cet appel et l’angoisse qu’il recouvre. C’est aussi l’expression légitime d’un espoir. Une issue positive reste possible.
Pour la libération d’Ingrid Bétancourt : la autorités françaises doivent montrer la plus grande détermination
Les autorités françaises doivent peser de tout leur poids et montrer la plus grande détermination. D’abord pour empêcher une intervention militaire en s’opposant aux appels du Président colombien Alvaro Uribe qui menace de façon consternante d’en arriver à cette dangereuse extrémité. Celle-ci serait fatale pour les otages. La France devrait aussi prendre les initiatives nécessaires pour que s’enclenche un processus de vraies négociations entre toutes les parties concernées, y compris l’administration américaine qui jusqu’ici a soutenu les autorités colombiennes dans leur refus de toute négociation pour un échange humanitaire.
La libération d’Ingrid Bétancourt et de l’ensemble des prisonniers serait un acte important pour l’issue du conflit qui déchire la Colombie depuis plus de quarante ans. La France a des moyens pour agir.
Messages
1. Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique, 23 février 2007, 09:44
Il n’y a pas eu qu’UN événement en Colombie
Madame Bétancourt a été enlevée et est toujours en détention. C’est une situation douloureuse pour elle et pour ses proches.
De là à en faire des portraits hagiographiques...
Cette description de Madame Bétancourt montre aussi qu’elle est issue de milieux influents, ce qui explique sa mise en avant dans les médias (cela n’ôte rien à ses souffrances et à celles de ses proches).
Mais il ne faudrait pas oublier la terreur politique qui règne en Colombie depuis au moins un demi-siècle, pendant que les publicités nous vantent "le café de Colombie". Les assassinats de masse commandités par la classe dirigeante jalonnent l’histoire de la Colombie. Un régime de terreur élimine tout ce qui bouge et pourrait gêner les intérêts financiers de la couche qui tient le pays. Les gouvernements et médias occidentaux ferment les yeux et préfèrent dénoncer les régimes cubains ou vénézueliens.
Le cas de Madame Bétancourt ne peut pas être isolé de l’ensemble de la situation colombienne, n’en déplaise à la caste politico-médiatique, qui s’intéresse d’abord à ses pairs.
Jean-François
1. Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique, 23 février 2007, 12:30
FONDS DE COMMERCE...
Jean-François, parfaitement d’accord avec toi.
L’Oligarchie intransigeante des narcos d’Uribe au pouvoir ne mene nul part. Je suis, pour ma part, bien entendu, pour la libération de Mme Bétancourt par les FARC dans la mesure ou il y a une REELLE négociation entre les parties. Ce n’est malheureusement pas le cas présentement.
Chère Monique Renouard, il ne s’agit pas de VULGARITE mais d’une lutte sans merci depuis 40 ans, bien loin de Paris et de ses cafés... Ce qui est en cause, c’est tout autre chose.
Tzigane
2. Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique, 23 février 2007, 14:37
C’est en effet bien loin de Paris et de ses cafés...
Mais j’ai conscience -est-ce donc si extraordinaire ?- de ce qu’une femme (et bien d’autres,... ) peuvent vivre dans une telle situation. Ca s’appelle de la solidarité humaine. Ca n’a aucun rapport avec de la naïveté ou encore une quelconque ignorance de l’histoire colombienne. Ne pas comprendre cela, c’est ce que j’appelle vulgaire, commun, sans hauteur de vue.
De toutes façons, ce n’est pas choses faites pour durer -y compris chez les FARC- puisqu’il y a des demandes venant de chaque partie : aux gouvernants de les résoudre !
Monique Renouard.
2. Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique, 23 février 2007, 10:10
Parce que être comme ci ou comme ça, plus ou moins têtu, justifierait les otages en Colombie ?
Ephrem, seriez-vous qqun de parfait ?
La vulgarité du monde d’aujourd’hui m’étonne toujours. Monique Renouard.
1. Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique, 23 février 2007, 10:17
A J. François, je n’ignore pas l’histoire de la Colombie, les paysans dépossédés, etc. Mais aujourd’hui, peut-on accepter le fonds de commerce qu’est la prise d’otages ?
En tous cas, voilà un problème typiquement politique que le gouvernement colombien ferait bien de résoudre avec perspicacité et justice. Monique Renouard.
2. Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique, 23 février 2007, 14:32
Chères camarades lisez tout simplement les bulletins d’amnesty sur la Colombie ou alors les quotidiens de ce jour qui relattent les arrestations d’élus !pour avoir trempés dans des assassinats en rapport avec les milices d’extrèmes droite !. Les notres sont détenu(e)s depuis + de 5ans et certain meme aux States.Danes67
3. Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique, 23 février 2007, 16:51
J’ajouterai que, personnellement, depuis que j’ai "fait 68" comme le disent certains, et que l’on m’a traitée aussi de pasionaria de la politique, je confirme que, contrairement à l’intention malveillante sous-jacente, j’en ai retiré une immense fierté.
Ce qui dérange à gauche, pour autant que j’ai entièrement et désormais rejeté en bloc la pensée unique libérale de droite, avec tous ses dégâts, c’est que je n’adhère pas sans esprit critique à la pensée unique de gauche, surtout quand elle fait entorse à ses propres postulats humanitaires.
Etant, par cela même, vécue comme "imprévisible" pour certains, de caractère difficile pour d’autres, je certifie au grand jour que ces ressentis ne me feront pas changer d’avis lorsqu’il s’agit de principes d’humanité intangibles.
Monique Renouard, POUR le SMIC à 1500 euros net, UN LOGEMENT POUR TOUS DE PRIX ABORDABLE...
CONTRE les délocalisations et la précarité, la folie des transactions, l’aveuglement des actionnaires, la spéculation financière, la suppression des services publics, etc.
Mais AUSSI POUR la résolution du conflit en Colombie et la libération de TOUS LES OTAGES !
3. Ingrid Betancourt, une pasionaria de la politique, 23 février 2007, 22:23
Vous feriez bien de lire l’article de ce jour sur le site de Bellaciao intitulé : "COLOMBIE : 60 ANS DE GUERRE CIVILE". Très instructif.
Tzigane