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Les militants se retrouvant dans la plateforme B lors de la dernière conférence nationale de la LCR ont demandé à pouvoir s’exprimer dans une tribune hebdomadaire, ce qui leur a été accordé.
Le meeting du Mans a été un événement (1 500 participants) et son traitement mérite mieux que l’entrefilet persifleur publié dans Rouge n°2180. Nous retiendrons l’appel pressant au retour de la LCR dans le giron unitaire et des discours très nets sur les rapports avec le PS. Des prises de position dans la veine d’un texte « Ambition-Stratégie » qui s’accommode mal des formules alambiquées de Marie-George Buffet. Toute tentative de s’affranchir du cadre commun sera, à coup sûr, aller à contre-courant du sentiment majoritaire dans les collectifs locaux et le collectif national.
D’emblée, C. Debons a donné le ton : « Je le dis solennellement à O. Besancenot : ta place est à nos côtés dans ce combat. » J. Bové a ajouté : « Tant qu’il manque une personne à la tribune, parmi ceux qui étaient là en 2005, l’unité ne sera pas faite [...] Olivier, on t’attend. » Et de renchérir sur le refus d’un accord gouvernemental ou parlementaire avec le PS.
Y. Salesse a martelé qu’il était impossible de « tailler une cote moyenne entre ceux qui ont appelé à voter une Constitution qui grave dans le marbre le libéralisme et ceux qui le combattent. Nous n’irons pas au gouvernement avec eux. » C. Autain a ajouté : « O. Besancenot et la direction de la LCR doivent nous rejoindre parce que, sur le fond, aucun désaccord majeur n’est apparu, et que sur la stratégie, nous sommes clairs : l’orientation actuelle de la direction du PS ne permet pas d’envisager un accord gouvernemental. »
Cela traduit un double sentiment, de plus en plus prégnant dans les collectifs : les exigences de toute la LCR sur le refus d’un accord avec le PS en 2007 sont quasi unanimement partagées, et l’opinion générale est que les réponses apportées sont suffisantes pour envisager un avenir commun à la gauche antilibérale. Les dizaines de milliers de militants unitaires ne comprendraient pas que la LCR refuse d’en être. D’autant moins que la majorité de la direction de la LCR n’a pas de divergences essentielles avec un programme qu’elle estime être en rupture avec le libéralisme, et donc incompatible avec le social-libéralisme porté par la direction du PS. Qu’on en juge :
interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits ;
les 35 heures partout, vers les 32 heures, sans perte de salaire, sans annualisation ni aggravation de la flexibilité ou des conditions de travail ;
prise en charge à 100 % des soins de santé et de retraite à taux plein à 60 ans sur la base de 37,5 annuités et des dix meilleures années de salaire ;
abrogation des lois de privatisation et remise en cause des directives de mise en concurrence (La Poste, transport ferroviaire, télécoms, énergie) ;
nouveaux services publics (pôle public de l’énergie EDF-GDF, eau, traitement des déchets, logement, petite enfance, médicament, etc.) ;
refus d’appliquer le Pacte de stabilité et remise en cause de l’indépendance de la Banque centrale européenne.
Reste maintenant une question lancinante : qu’est-ce qu’une candidature isolée de la LCR défendrait de fondamentalement différent ?
Michèle Ernis, Vanina Giudicelli