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Intervention de Coup Pour Coup 31 au meeting du 15 avril
Publie le dimanche 24 avril 2011 par Open-PublishingNous reproduisons ci-dessous l’intervention de notre collectif faite à l’occasion du meeting "Les luttes populaires au Maghreb" le 15 avril 2011.
Evènement co-organisé par le collectif Coup Pour Coup 31 et le Secours Rouge Arabe.
Les luttes auxquelles on assiste en Tunisie, au Maroc, en Algérie mais aussi en Libye ou encore en Egypte, ont mis en avant le rôle des puissances impérialistes, que ce soit dans la complicité avec les dictatures ou dans les rapports économiques avec ces pays.
Que ce soit les déclarations scandaleuses de Michèle Alliot Marie qui voulait offrir le savoir faire de la police française en Tunisie, le RCD qui était membre de l’Internationale du PS ou encore les voyages de François Fillon en Egypte, jamais la politique de la France n’avait autant été controversée. Mais toutes ces anecdotes qui ont fait la une de l’actualité ne sont que la partie émergée de l’iceberg car si aujourd’hui, il y a autant de chômage et de précarité au Maghreb et au Moyen-Orient, le principal responsable c’est bien l’impérialisme !
Quand on entend ce mot, on pense souvent aux interventions étrangères des grandes puissances (comme en Irak ou en Afghanistan). Mais en fin de compte, l’impérialisme c’est bien plus que cela, c’est un système global. Partout dans les médias ou dans les discours des partis institutionnels, on entend que les pays dit du « Sud » seraient des pays « sous-développés » alors qu’on sait très bien qu’ils regorgent de ressources naturelles (en Algérie par exemple avec le gaz, le pétrole, les phosphates). Mais si toutes ces richesses ne profitent pas à la population, c’est bien parce qu’elles sont confisquées à la fois par les puissances étrangères mais aussi par leurs pantins locaux. On voit bien alors que ces pays soit disant « sous-développés » sont en fait des pays dominés par l’impérialisme.
L’impérialisme, c’est avant tout une domination financière, à travers le rôle du dollar et de l’euro, du FMI, de la Banque Mondiale, etc. L’exemple le plus flagrant, c’est la dette de ces pays soit disant « sous-développés » envers les pays qui les dominent.
L’impérialisme c’est les investissements industriels dans les pays dominés qui assurent à quelques pays le contrôle de l’essentiel de la production mondiale, et du profit tiré de l’exploitation des travailleurs.
C’est le contrôle des marchés, des approvisionnements, du prix des principales matières premières, minérales et végétales. Et c’est toute cette domination qui cantonne les pays dominés dans le rôle de fournisseurs de matières premières et de main-d’œuvre à bon marché, et donc, qui leur interdit tout développement autonome.
L’impérialisme maintient ces pays officiellement indépendants dans un état de totale dépendance qu’elle soit économique, financière ou militaire, qui vide leur indépendance politique de toute réalité. Pour cela, les différentes puissances impérialistes (comme la France ou les Etats-Unis) mettent en place et soutiennent des gouvernements qui ne sont finalement que leurs complices dans la région. C’est le cas de l’ancien dictateur Ben Ali qui a été l’ami des différents gouvernements français (de Mitterrand à Sarkozy) ou encore de Moubarak avec les Etats-Unis. Et justement, on voit bien avec ces révoltes populaires toutes ces grandes puissances s’agitent pour maintenir leurs positions.
Si les Etats-Unis, par la voix de sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton, ont soutenu plus tôt que la France le départ de Ben Ali ce n’est pas par bonté d’âme. Hillary Clinton est même venue à Tunis déclarer que pour réussir cette transition démocratique, elle promettait une aide financière destinée à créer des emplois, et un renforcement de la coopération en direction des régions les plus défavorisées. Autrement dit, nous vous aidons à instaurer un régime stable et vous nous assurez d’être des « partenaires » économiques et politiques privilégiés. En définitif, ils essayent simplement de passer devant l’impérialisme français qui représentait jusque là le 1er partenaire économique de la Tunisie.
Et c’est la même logique en Libye, avec l’intervention militaire de l’OTAN avec la France en tête. Alors qu’ils se sont toujours désintéressés du peuple libyen et de ses souffrances, aujourd’hui, avec les mêmes justifications qu’en Irak, en Afghanistan ou au Kosovo, ils mettent en avant les droits de l’Homme et le secours aux rebelles. Mais que ça soit lors du massacre de Gaza fin 2009, ou pendant des décennies où des régimes dictatoriaux sévissaient dans le Monde Arabe, ils n’ont jamais rien fait ! Et pour une seule et même raison, les impérialistes ne se soucient pas de la vie des peuples mais seulement de faire toujours plus de profits. Il faut quand même savoir que la France a été un des principaux fournisseurs d’armes à la Libye et ce sont ces mêmes armes qui permettent aujourd’hui à Kadhafi de massacrer les révoltés ! De plus, à partir du moment où Kadhafi a menacé d’annuler tous les contrats pétroliers des sociétés occidentales pour les confier à des sociétés chinoises et indiennes, l’intervention militaire est devenue impérative, pas pour sauver le peuple du massacre mais pour garder l’accès au pétrole.
La France, après avoir été un grand empire colonial, se débat désormais pour rester une grande puissance impérialiste. Par les entreprises françaises, elle maintient une domination économique importante notamment dans ses anciennes colonies et protectorats. C’est le cas par exemple de la Tunisie : la France y représente 40% des entreprises étrangères avec comme par exemple Accor, Valéo, Carrefour, Orange etc. Pourtant, ici en France comme au Maghreb, ces richesses produites ne servent qu’une minorité. Et c’est cette même minorité qui exploite les travailleurs en France, français ou immigrés, comme ils exploitent et pillent les richesses là-bas. La lutte des ouvriers des pays impérialistes et celle des peuples et classes exploitées des pays dominés sont donc une seule et même lutte contre un ennemi commun. Des années de chauvinisme ont été entretenues par les gouvernements successifs de droite comme de gauche qui ont réduit à presque rien la solidarité internationale. On le voit actuellement avec le gouvernement qui, après son débat sur l’identité nationale, vient une nouvelle fois de lancer un débat sur la laïcité. On connaît l’objectif : stigmatiser une partie d’entre nous pour nous diviser mais nous devons affirmer haut et fort que nous n’avons rien en commun avec Sarkozy ou Brice Hortefeux mais que nous avons tout en commun avec les peuples du Monde Arabe et Berbère qui luttent aujourd’hui contre les dictatures et l’impérialisme.
Ces luttes des peuples des pays dominés sont partie intégrante de notre combat. Les coups qu’ils portent à l’impérialisme l’affaiblissent et sont une aide à notre combat ici. Développer la solidarité anti-impérialiste ce n’est pas seulement aider d’autres peuples mais c’est aussi reconnaître que ceux qui luttent ainsi nous aident nous-mêmes. La solidarité c’est l’entraide dans un combat commun.
Maintenant pour laisser la place au débat nous vous invitons à réagir aux différentes interventions et de discuter, au delà des spécificités de chaque pays, de l’avenir de ces mouvements. Mais aussi comment poursuivre les solidarités ici, comment agir, que ce soit dans le soutien aux prisonniers politiques progressistes, dans les luttes de l’immigration en France ou bien encore dans les luttes des travailleurs, qu’elles soient ici ou là bas.