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Japon : le Premier ministre s’alarme du montant de la dette publique.

Publie le samedi 12 juin 2010 par Open-Publishing

Et s’il n’y avait pas que les Etats-Unis et l’Union européenne à être confrontés à une sérieuse crise de la dette ?

Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a prévenu vendredi que la colossale dette publique de son pays pouvait créer à terme un "risque d’effondrement" financier.

Un argument de poids pour tenter de justifier "une vaste réforme fiscale" qu’il juge désormais "inévitable". Et dire que certains comptaient sur le Japon pour tirer la demande ...

"Nos finances publiques sont les pires des pays développés. Il est difficile de continuer à mener des politiques budgétaires qui dépendent largement de l’émission de bons du Trésor", a ainsi déclaré Naoto Kan lors de son discours de politique générale devant le Parlement.

Selon lui, si le pays continue "d’émettre de nouvelles obligations au niveau actuel, la dette dépassera 200% du produit intérieur brut d’ici à quelques années". Vous avez bien lu : 200 % ... Selon le FMI, le taux pourrait même atteindre 246 % en 2014. La deuxième économie mondiale doit en effet supporter l’une des plus importantes dettes du monde, soit plus de 9700 milliards de dollars américains. 

"A l’image des problèmes en zone euro provoqués par la Grèce, il y a un risque d’effondrement si nous ne faisons rien contre l’augmentation des dettes publiques et perdons en conséquence la confiance des marchés d’obligations", a souligné le nouveau chef du gouvernement.

S’il s’avère "difficile de résoudre ce problème en un jour", il est désormais - selon lui - "inévitable de lancer une réforme fondamentale" du système fiscal". Invitant parallèlement les mouvements d’opposition à participer à un "débat national, au-delà des barrières partisanes" en vue de traiter du dossier.

Petite précision tout de même : la dette du Japon est détenue à 95 % par des investisseurs nippons et les taux longs demeurent très bas, deux atouts de taille qui devrait permettre à Tokyo de se prémunir de toute "contagion" grecque.

Mais en mai dernier, Teizo Taya, un ancien membre du conseil d’administration de la Banque du Japon (BoJ) avait toutefois mis en garde ceux qui considèrent que le Japon est à l’abri d’une crise budgétaire affirmant que les investisseurs étrangers qui détiennent 5% de la dette "pourraient déclencher une crise s’ils se mettaient à les vendre". De plus, selon lui, le gouvernement japonais ne commencera à réformer les finances publiques que lorsque la crise aura émergé. Une situation qui pourrait bien se traduire par un renchérissement de ses coûts de financement.

Certes, à l’heure actuelle, le gouvernement japonais semble redouter avant tout la réaction des agences de notation. Rappelons à cet égard, qu’en janvier dernier, Standard and Poor’s avait rétrogradé la note de sa dette à long terme de « stable » à « négative ». Un nouvel abaissement de la note du Japon aurait peu d’effets sur les marchés internationaux, mais serait vu comme un sérieux avertissement adressé au gouvernement sur l’importance de maîtriser sa politique budgétaire.

Rappelons que le budget du Japon est largement déficitaire en raison de recettes d’impôts très inférieures aux dépenses de l’Etat. La différence est couverte par des émissions de bons du trésor ... pratique de nature à gonfler la dette.

Pour la première fois depuis 1946, lors de l’exercice budgétaire d’avril 2009 à mars 2010, le gouvernement a émis davantage d’obligations d’Etat qu’il n’a perçu de rentrées fiscales.

Le Premier ministre est par ailleurs partisan d’une réduction des dépenses superflues de l’Etat, souhaitant mener une stratégie de croissance économique solide, afin d’augmenter le volume des recettes d’impôts et d’assainir les finances publiques.

D’ici à la fin juin, le ministre des Finances, Yoshihiko Noda, doit définir des stratégies budgétaires pour les trois années à venir et d’ici à 2020.

Selon le quotidien économique Nikkei, le gouvernement japonais aurait pour objectif de diviser par deux d’ici à 2015 le déficit budgétaire de l’Etat hors charges des intérêts de la dette, et de le réduire à néant d’ici 2020.

En vue de générer de nouvelles recettes, la presse et les milieux d’affaires préconisent pour leur part une hausse de la taxe sur la consommation, aujourd’hui fixée à 5%.

Une mesure dont l’impact sur la demande pourrait être réduit via la baisse annoncée de l’impôt sur les sociétés, son taux actuel de 40 % étant l’un des plus forts des pays de l’OCDE.

Sources : AFP, Reuters, Le Figaro, Aujourd’huilejapon.com, La Tribune

http://www.leblogfinance.com/2010/06/japon-le-premier-ministre-salarme-du-montant-de-la-dette-publique.html