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Jérôme Relinger, PCF : « Il faut reconstituer un pôle public des télécoms »

Publie le mardi 17 avril 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Présidentielle 2007 - ZDNet.fr a interrogé les principaux candidats et leur équipe de campagne sur leur programme consacré aux nouvelles technologies. Entretien avec Jérôme Relinger, délégué national aux TIC du Parti Communiste Français représenté par Marie-George Buffet.

L’ADSL s’est développé considérablement en France, mais des zones blanches et des disparités en terme de qualité de service subsistent. Quelles sont les propositions de Marie-George Buffet pour réduire la fracture numérique ?

Jérôme Relinger - La démocratisation de l’accès aux nouvelles technologies devient une urgence sociale. On ne peut admettre que 45% de la population soit exclue de la révolution informationnelle. Démocratiser signifie faire des efforts dans trois domaines : l’accès aux réseaux, à l’équipement et à la formation.

Concernant l’accès aux réseaux, ce que l’on constate, c’est que le dogme du privé a donné des résultats prévisibles : d’un côté la surexploitation et le suréquipement des zones rentables. De l’autre, l’abandon total des zones non rentables.

Il nous semble qu’il faut revoir cela, en partant du principe que l’accès au réseau numérique est un droit de service public. Concrètement, il est urgent de reconstituer un pôle public des télécoms, dont la destruction a donné les résultats catastrophiques pour le déploiement du haut débit sur l’ensemble du territoire.

Ce pôle pourrait être constitué d’un mélange d’opérateurs publics et privés. Mais il leur serait imposé des critères par la loi. Nous souhaitons ainsi que l’accord de licences de télécommunication soit conditionné à des engagements de service public. Ces engagements seraient de couvrir l’ensemble du territoire, mais aussi de mettre en place des tarifs inférieurs à ceux actuellement pratiqués, qui restent artificiellement trop élevés.

Pensez-vous que l’apprentissage de l’utilisation des outils informatique et de l’usage d’internet doit être renforcé à l’école ?

Considérablement. Il faut intégrer une formation d’informatique de base, dans le cadre de la formation initiale comme continue. Y introduire une discipline que l’on pourrait appeler "informatique et technologies de l’information". Pour y parvenir, nous prévoyons de mettre en place un plan de formation d’urgence des professeurs.

Vous avez raison de dire qu’il s’agit de former à des usages et non à la technologie. Car dans ce domaine, nous devons préserver une neutralité et ne pas privilégier comme aujourd’hui l’apprentissage de logiciels propriétaires. Le groupe communiste au conseil régional d’Île-de-France a réussi à obtenir une clé USB par élève, intégrant des logiciels libres. Il faut continuer dans cette voie. Plus largement, nous pensons qu’il faut aller vers un ordinateur par élève.

Cela peut être financé par le ministère de l’Éducation nationale. Il lui suffit de cesser de payer les licences à l’éditeur hégémonique que chacun connaît et de préférer des solutions libres. Les économies ainsi réalisées permettraient de financer à 100% un ordinateur par élève. On est devant un choix politique et non financier.

Comment développer la filière des NTIC en France ?

Nous ne différencions pas la filière des nouvelles technologies des autres, que ce soit en matière de croissance ou d’emploi. Dans ce cadre, nous proposons notamment de recréer un pôle public bancaire qui soit en mesure d’accorder des prêts. Mais dont les taux seraient conditionnés aux résultats des entreprises et à leur politique industrielle. Si les entreprises créent de l’emploi, elles auront un taux bas.

La seule spécificité que nous voyons pour la filière des NTIC se situe au niveau des logiciels non propriétaires. Nous proposons la création d’un pôle de coopération du logiciel libre. Pourquoi un pôle de coopération plutôt que de compétitivité, comme celui actuellement en projet ? Parce que l’on souhaite, encore une fois, que la distribution des aides publics soit conditionnée à une participation utile au bien de la collectivité, notamment en matière d’emploi.

Un foyer français sur deux est aujourd’hui équipé d’un ordinateur. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils aider les autres foyers à s’équiper ?

Il faut baisser le prix des équipements. Pour cela, il convient tout d’abord de baisser la TVA à 5,5% pour les équipements informatiques en direction des ménages et des TPE/PME. Ensuite, il faut lutter contre la vente liée [des OS avec les PC]. Le prix d’un ordinateur est artificiellement élevé car vous payez, sans votre accord, un système d’exploitation propriétaire. Or vous pourriez vous en passer et préférer une alternative libre moins onéreuse. Cela permettrait de faire baisser de 100 à 300 euros le prix d’un ordinateur. Avec en plus la TVA à 5,5%, le prix des ordinateurs arriverait à 500 euros TTC pour une bonne configuration. Cela permettrait d’aller vers 75% d’équipement d’ici trois ans et de dépasser les 55% actuels.

La loi Dadvsi criminalise le téléchargement. Comment, selon vous, protéger les oeuvres numériques ?

Il faut "démarchandiser" la culture. Nous sommes favorables à l’abrogation de cette loi qui mécontente toute le monde, sauf peut-être les transnationales des loisirs numériques et les défenseurs de logiciels propriétaires. Cette loi porte la trace de ce gouvernement UMP/UDF sortant. Il faut la supprimer et repartir à zéro pour que la révolution informationnelle soit au service d’un nouveau rapport entre les producteurs de richesses, les artistes ou les développeurs de logiciels, et leur public.

Nous proposons une plate-forme public de téléchargement qui permettrait à ceux qui veulent de proposer leurs créations. Ils pourront choisir la licence associée à leur oeuvre, et notamment s’il faut payer ou non pour la télécharger. Un système d’audience permettrait de mesurer l’éventuelle rémunération.

Cette plate-forme serait gérée par les ayants droits et des représentants de l’État. Elle serait notamment financée par une taxation sur les profits privés réalisés par les majors.

Globalement, quelle politique souhaitez-vous appliquer pour la recherche et l’innovation ?

Nous proposons un doublement de l’effort de recherche, comme le souhaite le collectif "Sauvons la recherche". Je rappelle que le budget de la recherche diminue de 4% chaque année depuis cinq ans. Nous proposons également d’exonérer de TVA les laboratoires publics.

Etes-vous favorable à des partenariats public/privé comme celui de Microsoft et l’Inria ?

En l’occurrence non. Il faut que l’intérêt collectif prédomine dans ce type de partenariat. L’argent public ne doit pas être donné sans contrepartie. Il ne faut pas simplement aller chercher de l’argent chez Microsoft afin de financer un Inria abandonné par l’État. Pour en échange mettre la recherche française au service d’un éditeur hégémonique dont la place est très largement surévaluée.

Écoutez l’intégralité de l’interview de Jérôme Relinger (délégué national aux TIC du parti de Marie-George Buffet) via le lecteur en haut de l’article. Durée : 35 minutes.

 http://www.zdnet.fr/actualites/tele...

Messages

  • Alors reconstituer un pôle public apres avoir privatisé france telecom ,c’est un début .
    Parceque reconstituer un pôle public ça peut se faire par délégation de service public,he oui..
    Donc il faut preciser "renationalisation" je me méfie des gens qui ont peur des mots !!
    la droite privatise pour enrichir le capital ,nous devons renationaloiser entierment le secteur y compris cegetel et consorts.
    Donc les belle phrases sans ce concept de reappropriation complete et publique ,sans indemmnisations des gros et moyens actionnaire ,c’est du vent.
    Spartacus

  • Bonjour,

    Je suis le "personnage nullissime et incompétent" qui a écrit un article
    ayant eu le tort de vous déplaire.

    Avant de lire cet article je faisait campagne pour Buffet, mais membre de la CGT cadre à FRance Telecom, je suis en total désaccord de laisser le privé en l’état et en fait de laisser la notion de service universel propre au TCE.

    Je ne vois pas où vous avez lu ça. Depuis des mois et des mois nous disons
    la même chose, si l’on prend la peine de nous lire :

    1. renationalisation de FT avec pouvoir étendu, notamment au trois tiers
    dans le CA (1/3 représentant des salariés, 1/3 élus territoriaux,
    1/3 actionnaire) pour recréer un grand pôle public des télécoms.

    2. critère de services publics pour toutes les entreprises opérant sur le
    haut débit, licence conditionnelles accordée par l’ARCEP suivant le
    respect de ces critères (péréquation tarifaire et aménagement
    numérique total du territoire).

    3. baisse des prix de gros de l’ADSL, possibilité donnée aux collectivités
    d’être opératrices de "haut débit social".

    4. pluralisme technologique (CPR, wimax, Fibres, X-DLS, wifi, BLR, B-lec,
    etc...) pour parvenir à 85% d’accédants par capilarité d’ici 2010.

    Vous trouverez cette position, si tant est que la vérité vous préoccupe,
    dans des dizaines d’articles, d’interviews et de vidéos. Je note que vous
    ne précisez d’ailleurs pas l’article auquel vous faite référence avec tant
    de modération.

    Je ne comprend pas comment vous pouvez nommer un tel personnage nullissime et incompétent sur un tel sujet ou il il y a des centaines d’ad’hérents de la CGT plus au fait du sujet (y compris chez les opérateurs privés qui sont tous favorables à la nationalisation complète du secteur). Avec de tels articles vous faites voter de nouveau des dizaines milliers d’électeurs vers Besancenot (Bove est hors course sur le sujet) qui lui est pour le monopole public avec péréquation tarifaire, mais il est vrai est moins lié à Bouygues, Lagardere et Vivendi.. Dommage
    [...] Je pense que Le PC est financé par Bouygues et Lagardere comme le PS est financé par Vivendi.

    Si je résume la position que vous défendez :

    . nationalisation du secteur : nationaliser toutes les entreprises opérant
    sur le haut débit ? Effectivement, ce n’est pas notre position.

    . vous ne vous préoccupez pas de la politique industrielle, ni de la
    démocratie dans l’entreprise, tant que les entreprises sont 100%
    à capitaux publics. Vous avez oublié la politique menée par FT dans
    les années 80 ? Ou Elf au Gabon ? Vous voulez d’autres exemples
    de monopoles publics menant des politique de monopole privés ?

    . il faut travailler partout avec FT à l’exclusion de toute autre entreprise,
    c’est à dire choisir une entreprise privée plutôt qu’une autre, quitte
    à ce que cela coût plus d’argent public. Au nom de quoi ?

    . Bouygues, Lagardere et Vivendi contrôlent le PCF, racheté par le grand
    capital pour un rouble symbolique par une nuit sans lune. Vous devriez
    peut être prendre des vacances.

    Monopole dans le capital mais absence de contrôle de la gestion,
    monopole dans le secteur plutôt que critères de services publics
    imposés à tous, étatisation formelle, politique industrielle
    incantatoire, attaques contre le PCF... J’ai travaillé à une époque avec
    Jean-Michel Gaveau, administrateur CGT à FT. Fort heureusement pour les
    progressistes et les syndicalistes, il y défendais des positions autrement
    plus fines et opérationnelles que les vôtres. Et avec d’avantage de respect.

    Salutations,

    Pour l’équipe de la campagne en ligne,

    Jérôme Relinger

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     > délégué TICs du PCF, responsable de la commission
    "révolutions numériques et société de la connaissance".

     > responsable des sites internet du PCF.

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    Logiciels Libres, l’esprit de partage