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Jon Anza : L’hôpital avait prévenu le 30 avril (video)
Publie le mardi 16 mars 2010 par Open-Publishing
Une centaine de personnes souhaitaient rentrer dans la morgue et les CRS ont usé de bombes lacrymogènes. L’autopsie conclut “à une mort naturelle” et la procureure a annoncé la saisine d’un juge d’instruction
de Béatrice MOLLE
C’est un long cortège de voitures qui s’est ébranlé de Bayonne à 4 h 30 du matin, à l’appel du Collectif Jon Anza, afin de se rendre à Toulouse et de permettre à un médecin ami de la famille de Jon Anza d’assister à son autopsie qui a finalement démarré à 10 heures. Autopsie qui a eu lieu au Centre Rangueil de Toulouse dans le service de thanatologie judiciaire du Professeur Boisseau à la chambre mortuaire Les Oliviers, par le Professeur Rouget.
Plus tard dans l’après-midi, la procureure de Bayonne Anne Kayanakis déclarait « que l’autopsie avait conclu à une mort naturelle. Le décès serait lié à son état de santé et à des troubles cardiaques, ainsi qu’à une atteinte polyviscérale neurocardio-pulmonaire. L’autopsie a révélé l’absence de lésion et traumatisme sur tout le corps, ainsi que d’infiltration hémorragique.
Par ailleurs, la loi ne prévoit pas la présence d’un tiers durant une autopsie, ainsi que des vérifications supplémentaires. Mais si la famille demande des analyses supplémentaires, je l’accepterai. Nous procéderons aussi à des analyses toxicologiques et anatopathologiques supplémentaires."
Anne Kayanakis a également indiqué que les médecins « n’avaient pas de doutes sur le maintien de ce corps dans la morgue. Et que les conditions de conservation ne sont pas optimales à la morgue de l’Hôpital Purpan où est resté Jon Anza.
Les résultats circonstanciés de l’autopsie seront connus en fin de semaine. » L’autopsie a été réalisée hier par deux médecins légistes assermentés et ni le médecin ni l’avocat de Jon Anza n’ont pu y assister. Ce qui provoqua la colère des amis de Jon Anza : « Pourquoi cette réponse négative, que veut-on nous cacher ? » lançait Maité Goyenetxe du Collectif Jon Anza.

Charge des CRS
Dès 8 heures du matin, les nombreux amis de Jon Anza se pressaient devant la morgue où les attendaient une quinzaine de CRS qui barraient l’accès. Ikurrina, banderoles en français et en euskara où était écrit « Jon Anza, nous voulons la vérité » flottaient dans la matinée naissante. Ondoyait aussi un drapeau du mouvement de la gauche révolutionnaire d’Occitanie, Libertat. Les visages étaient à la mesure de l’événement : émus, graves et fermés. Finalement le groupe a décidé d’entrer dans la morgue et de forcer le cordon policier. Une violente altercation s’en est suivie et la police a lancé des grenades lacrymogènes, générant plusieurs malaises, notamment de personnes âgées. D’autres renforts de police appelés à la rescousse se sont massés devant la morgue, bloquant toutes les entrées.
Après la fin de l’autopsie, les membres du Collectif ont annoncé qu’ils attendaient un fax de la procureure qui devait confirmer à quelle heure le corps de Jon Anza pouvait être récupéré. Vers 12 h 30, Maité Goyenetxe annonçait que la famille avait finalement décidé que le corps resterait à Toulouse : « Il va y avoir une gestion entre la famille et les avocats. Il y aura une décision pour savoir si nous demandons une contre-expertise avec des médecins de confiance. Cela nous laisse également le temps d’accueillir le corps de Jon Anza, et d’organiser un hommage en Euskal Herri. »
Askatasuna dans un communiqué dénonçait « le silence et le mépris » auxquels ont été confrontés les membres du Collectif Jon Anza durant cette journée. « Les autorités françaises et espagnoles n’ont cessé de mentir dans cette affaire » a déclaré Askatasuna, qui comme le mouvement Pro-Amnistie « en appellent à la responsabilité de la Procureure de Bayonne ». Une journée de mobilisation est prévue ce jeudi et une manifestation à St-Jean-de-Luz le 17 avril. Car de lourdes interrogations demeurent et ce n’est pas le communiqué du CHU de Toulouse d’hier soir qui risque de faire baisser la tension. Celui-ci indique, que dès le 30 avril il signala à la police la présence d’une personne non identifiée dans ses services, en l’occurrence Jon Anza, et le 4 mai au Parquet (voir encadré).
L’hôpital l’avait signalé à trois reprises
Le CHU de Toulouse avait signalé aux services de police dès le 30 avril 2009, puis au procureur le 4 mai, qu’il soignait un patient anonyme, a fait savoir hier l’hôpital, quelques heures après l’autopsie de Jon Anza.
Le corps de Jon Anza n’a été formellement identifié que la semaine dernière après dix mois de vaines recherches. « Le 29 avril 2009, le CHU de Toulouse a accueilli un patient sans identité et dont le pronostic médical était engagé sans qu’il soit possible de l’identifier », note l’hôpital dans un communiqué en précisant que dès « le 30 avril, un signalement aux services de police a été fait ». « Le 4 mai, l’état de santé du patient s’aggravant, un signalement auprès du procureur a été fait » et « le 7 mai, une fiche détaillée donnant description de la personne et de ses effets personnels a été déposée auprès de l’Office Central Chargé des Disparitions inquiétantes », a-t-il encore indiqué. Enfin, « le 11 mai, la personne est décédée sans qu’il ait été possible de l’identifier » et « le corps a ensuite été transféré à la morgue de Purpan, dans l’attente des conclusions de l’enquête. »
Une information que la procureure de Bayonne Anne Kayanakis n’a pas communiquée lors de la conférence de presse hier. Elle évoquait même la possibilité que les documents se perdent « dans les piles de papier » dans un hôpital. Elle a, cependant, annoncé que l’enquête sera suivie « dans un bref délai » par un juge d’instruction, comme le demande la famille de Jon Anza depuis quelques mois. Vendredi dernier, elle avait pourtant insisté sur le fait qu’il n’y avait « aucune raison pour confier le dossier à un juge ». Aujourd’hui, elle a objecté du manque de « disponibilité nécessaire pour suivre les expertises » pour passer « volontiers le relais ». Elle a ajouté par la suite : « dans ce contexte particulier on a intérêt et vocation à savoir ce qui s’est passé ».
Concernant l’article paru dans le quotidien El Mundo sur le départ précipité d’un hôtel de Toulouse, le 20 mai 2010, de deux gardes civils espagnols qui ont laissé sous le matelas de chambre deux armes à feu, la procureure de Bayonne, a déclaré qu’elle n’a « aucun élément pour faire un rapprochement » entre ces faits et la disparition de Jon Anza. Elle considère que la présence de gardes civils à Toulouse n’a « rien d’exceptionnel » dans le cadre de la lutte antiterroriste. Interrogé sur la véracité des faits, le directeur de l’hôtel Adagio où séjournaient les deux gardes civils a déclaré : « en l’état actuel des choses, je ne peux vous dire ni oui, ni non ».
(http://www.lejpb.com/paperezkoa/201...)
http://www.lejpb.com/edizioak/20100...
Le corps d'un militant de l'ETA identifié