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José Bové : "Ne pas choisir une candidature issue d’un parti politique"
Publie le mercredi 15 novembre 2006 par Open-Publishing6 commentaires
Entretien . Le militant altermondialiste, candidat à l’investiture du rassemblement antilibéral, avance le fait qu’il n’est « attaché à aucune force politique » et ne peut donc être accusé de « récupérer le mouvement ».
Entretien réalisé par Alain Raynal
Quel sens et quelle portée donnez-vous à votre candidature à la candidature de rassemblement antilibéral ?
José Bové. Cette décision doit être replacée dans le contexte des dix années de lutte que nous venons de vivre. Depuis les grandes grèves de 1995 jusqu’aux manifestations anti-CPE, aux forts mouvements de contestation qui se sont ensuite développés en liaison avec la mise en place de l’Organisation mondiale du commerce. De Seattle à la puissante mobilisation de Barcelone contre la libéralisation des services, au rassemblement du Larzac en 2003 avec plus de 300 000 participants, une dynamique s’est constituée entre le vécu des gens et une prise de conscience sur le libéralisme de type nouveau et ses mécanismes internationaux visant à imposer la logique de marché à l’ensemble des secteurs comme l’agriculture, les services, la propriété intellectuelle. Ceux qui au quotidien étaient confrontés aux délocalisations, aux logiques boursières, aux casses des services publics se sont retrouvés en phase avec ceux qui à travers des organisations, dont Via Campesina, menaient un combat contre la marchandisation de la planète. Cette dynamique collective a petit à petit débouché sur une manière nouvelle de travailler entre l’ensemble des forces sociales et les mouvements de gauche, jusqu’à la campagne de 2004-2005 contre le traité constitutionnel et la victoire du « non » de gauche au référendum. Une victoire assurée collectivement au-delà des personnes, des partis, des syndicats, mais pour laquelle chacun a joué pleinement son rôle.
Nous avons décidé de transformer les collectifs du « non » en collectifs pour des candidatures unitaires antilibérales. Il me paraît très important que ces collectifs prennent appui sur la dynamique des rassemblements développés ces dix dernières années et puissent la porter jusqu’aux élections. Il s’agit de prolonger le combat social dans le combat électoral, autre façon de continuer l’action sous d’autres moyens. C’est ce qu’Evo Morales appelle « passer de la résistance au pouvoir ». C’est dans cette perspective-là que j’ai accepté de me porter candidat. Je suis impliqué dans le mouvement social et dans des luttes internationales. Puis, n’étant attaché à aucune force politique, je ne peux pas être accusé de récupérer le mouvement pour qui que ce soit.
Pourquoi jugez-vous qu’un dirigeant politique ne puisse pas rassembler très largement ?
José Bové. L’histoire récente montre que les mouvements se sont élargis en l’absence de toute tentative hégémonique des uns ou des autres. Si l’on veut que plusieurs forces politiques soient présentes en même temps aux côtés d’associations, de citoyens qui n’appartiennent à aucune organisation, il est évident qu’un représentant d’une force politique ne peut pas représenter toutes les autres sans craindre ensuite de tentative de récupération. Si l’on veut véritablement construire un bon rapport de forces dans le scrutin à venir, il me paraît important de ne pas choisir une candidature issue d’un parti politique. Ce qui ne veut pas dire que l’on conteste l’existence des partis politiques et le travail des militants. Il s’agit d’un choix stratégique pour aller plus loin que la simple addition des forces en présence. La dynamique unitaire est la seule logique qui permet de mobiliser les couches populaires qui ne vont plus voter et de faire contre-pied au social-libéralisme.
Pas d’unité, dites-vous, sans Olivier Besancenot. Or la direction de la LCR maintient sa candidature en déclarant refuser tout accord avec le PS. Il y a divergence avec le programme antilibéral qui a pris une position claire. Comment avancer ?
José Bové. Il faut être clair. Cette mobilisation n’a de portée que si toutes les forces politiques qui ont participé à la victoire du 29 mai sont présentes. Pour moi, il est tout aussi important qu’Olivier soit là, que Marie-George et le Parti communiste soient là, ainsi que les socialistes antilibéraux et les Verts du non. Si l’une de ces forces vient à manquer, on est boiteux. Aujourd’hui, il n’y a pas d’ambiguïté au niveau du collectif national et des collectifs locaux sur la question du désistement pour la force de gauche arrivée en tête, car l’objectif est de battre la droite et l’extrême droite. Il est tout aussi évident que ce désistement ne veut pas dire négociation avec le PS en vue de constituer un gouvernement. Non pas qu’il y ait refus de négocier avec le PS en tant que tel, mais parce que le projet actuel du PS et le projet antilibéral sont radicalement différents. Notre objectif est bien de combattre la logique néolibérale et non pas de l’aménager.
Les collectifs antilibéraux sont ouverts à tous ceux qui le désirent, mais vous critiquez sévèrement les communistes qui prennent l’initiative d’en créer dans les départements. Si en décembre les collectifs décident majoritairement d’une candidature issue d’un parti politique, comment réagirez-vous ?
José Bové. On a vu des collectifs se créer sans que l’ensemble des forces ne soient invités au départ à les constituer. Le collectif national a tiré la sonnette d’alarme, non pour dire que ces collectifs n’avaient pas de raison d’être mais pour leur demander très clairement de veiller à ce que toutes les forces qui ont contribué à la victoire du « non » de gauche en soient parties prenantes. Ils ne peuvent pas être créés pour appeler dès le départ à choisir un candidat a priori. Si les collectifs décident d’une candidature issue d’un parti ? Nous n’en sommes pas encore là. Nous sommes actuellement dans l’organisation et les réunions de tous ces collectifs pluralistes afin de mener au mieux le débat.
l’Humanité
Article paru dans l’édition du 14 novembre 2006.
Messages
1. > José Bové : "Ne pas choisir une candidature issue d’un parti politique", 15 novembre 2006, 20:00
Merci à l’Huma d’ouvrir ses colonnes aux autres candidats, j’avais peur qu’elle se cantonne à défendre la candidature de Marie-Georges, ce qui serait son droit le plus strict mais néanmoins regrettable pour la qualité de l’information
Avant le premier débat des candidats socialistes, l’Huma avait consacré 4 pages à cet évenement, dont une page pour chaque candidat ! Pourquoi ne pas faire de même avec les notres, qui pourraient échanger leurs points de vue dans une ambiance autrement plus constructive que les combat de volaille socialistes (qui reste à plumer, humour pour initiés !)
Voilà qui serait de nature à doper la diffusion de l’Huma, qui sera je l’espère de tout coeur le journal (quotidien, j’espère aussi que nous pourrons compter sur Politis), de notre campagne quelque soit le candidat retenu
Yalfeuaulac
1. > José Bové : "Ne pas choisir une candidature issue d’un parti politique", 16 novembre 2006, 01:57
Je suis d’accord avec toi, j’irais meme plus loin, l’huma je journal des collectifs ? le temps de la campagne ... avec les adresses des collecifs, les liens internet...dates des rassemblement lieux , le coin débat échanges d’idées... pfff, j’en suis sur que denouveau on verrai apparaitre , des vendeurs de l’huma bénévoles devant les usines bureaux
chaque jour les journalistes de l’huma couvriraient le territoir, de ce qui se passe au jour le jour, partout en france, montrer le rassemblement en construction ...
allez zou l’huma redevient un journal de militant de masse , là je suis le dernier a le lire sur sept cent personnes a l’hopital, çà craint !!!
ALLEZ ZOU l’HUMA AU SERVICE DES COLLECTIFS, MONTRE NOUS UNE VRAI PRESSE DEMOCRATIQUE et POPULAIRE...
Medji denouveau lecteur de l’huma depuis deux mois, pas durer si je ne vois pas plus ma clémentine
2. > José Bové : "Ne pas choisir une candidature issue d’un parti politique", 15 novembre 2006, 22:18
ce serait... comme qui dirait... la rencontre d’un homme avec le peuple de gauche ?
Tactique chiraco-villepiniste, José ?
Le rassemblement antilibéral a envie qu’on le prenne ?
Ca lui démange dans le bassin ?
On garde la Vème république, alors ?
Jean-Michel (PCF)
3. > José Bové : "Ne pas choisir une candidature issue d’un parti politique", 15 novembre 2006, 23:54
Je penses personnellement que peut importe la personnalité si ce qui compte réellement c’est le programme, le rassemblement de la gauche antilibéral et qui puisse défendre les idées des collectifs unitaires antilibéraux.
Nico, militant PCF
4. > José Bové : "Ne pas choisir une candidature issue d’un parti politique", 17 novembre 2006, 13:11
Sortir de l’impasse du "chacun pour soi", et penser le "nous, tous ensemble" pour donner un sens concret aux idées qui peuvent améliorer demain.
- La méfiance envers les partis :
Dans toutes les manifs de jeunes ces dix dernières années, on a de plus en plus vu des bannières marquées "apolitique". Il y a une méfiance envers les partis même chez ceux qui se mobilisent. Beaucoup de gens, surtout des jeunes, sont prêts à se
mobiliser
pour des idées mais ne veulent pas porter les couleurs d’un parti (les partis étant plus ou moins assimilés à des institutions).
Qu’importe le jugement que l’on porte sur cet état de fait : c’est un fait qu’il faut prendre en compte. Il faut encourager ceux qui partent de la réalité donnée présente pour penser l’action politique en leur donnant
des moyens différents
du système des partis pour se définir et
agir
politiquement.
– Le rôle des partis :
Les partis, les candidats, les dénominations sont
des outils et non une fin en soi
. Attention à la mentalité de chapelle ou de callotin. Il faut se soutenir entre partis de la gauche de la gauche. Si on se divise éternellement, d’autres en profitent. Le temps passe...
Si les partis deviennent plus utiles, ils retrouveront
de l’importance
dans l’esprit des gens.
– Les obstacles
– Il est clair que les petits partis souffrent aussi de leur image de "petits" partis peu influents.
– Ils peuvent aussi souffrir d’amalgames bien difficiles à débrouiller : beaucoup d’énergie gaspillée pour de "l’historique" quand c’est vers le présent et l’avenir qu’il faut se tourner.
– Le soit-disant "vote utile" participe aussi au verrouillage généralisés des horizons possibles. Des unions de bon sens, quand c’est plus que jamais nécessaire, peut faire que le vote devienne "vraiment utile" !
Il faut sortir de l’impasse :
– Trouver un candidat en dehors des partis capable de rassembler largement salariés, intellos, ouvriers, agriculteurs, fonctionnaires, profs, écolos, vieux, jeunes, femmes, hommes, initiés, non initiés, la gauche dans sa diversité, les indécis, les votes protestaires etc.
Quelqu’un capable de parler du présent et de l’avenir. Quelqu’un qui inspire sympathie et confiance, qui incarne un progressisme actuel bien connu, apprécié et neuf dans l’imaginaire des gens. Quelqu’un qui sait mettre en valeur ses combats par une intelligence de terrain, une intelligence des médias, par une compréhension internationale alliée à de l’action concrète, quelqu’un qui prouve tous les jours son militantisme avec courage. Bon... j’arrête là.
Bref, José Bové est un très bon candidat.
1. > José Bové : "Ne pas choisir une candidature issue d’un parti politique", 23 novembre 2006, 14:24
c’est quand je lis des messages comme ça que je reprends espoir !!! Merci les amis, continuez comme ça, je suis 100% d’accord avec vous !!
Qui a dit que les militants d’extrême-gauche se tiraient dans les pattes et n’arrivaient pas à se mettre d’accord ?
Faites mentir de telles assertions et créez l’unité !
SO - LI - DA - RI - TÉ !!!
Jean Peuplu (anarchiste)