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José Couso : lettre d’une mère aux assassins de son fils

Publie le samedi 29 octobre 2005 par Open-Publishing
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Il y a deux semaine, on annonçait à Madrid que l’Audience nationale d’Espagne avait émis un ordre international de recherche et d’arrestation, en vue de leur extradition, du sergent Thomas Gibson, du capitaine Philip Wolford et du lieutenant colonel Philip De Camps, membre des forces d’occupation nord-américaines en Irak, contre lesquels la famille Couso a déposé une plainte pour l’assassinat de José Couso, lorsqu’ils tirèrent sur l’hôtel Bagdad, où le jeune cameraman travaillait aux côtés de quelque 200 autres journalistes, le 8 avril 2003.

La nouvelle a rempli sa famille d’espérance, même si le Ministère public essaie d’entraver les investigations. Depuis lors elle attend une réponse. Cependant, la Maison-Blanche, le Département d’Etat et les Forces armées des Etats-Unis font la sourde oreille. Le silence et l’indifférence ont été leur seule réponse.

L’émouvante lettre adressée par Maria Isabel Permuy aux assassins de son fils et qui a été publiée récemment dans la presse espagnole, donne la mesure non seulement de sa douleur mais aussi de la force avec laquelle elle exige justice.


de María Isabel Permuy Lopez

... Mon père était militaire, officier supérieur, tout comme mon mari. Je sais donc parfaitement ce que signifie servir un pays. Mais je connais aussi, et mon père s’est chargé de me l’apprendre, la valeur de l’honneur, du respect du vaincu, de l’ennemi. Du déshonneur de ceux qui assassinent des civils désarmés,... tout cela aussi c’est être un militaire, un bon militaire, de ceux qui défendent leur pays, mais qui défendent en même temps la dignité et le respect, qui sont le fondement de toute nation civilisée.

Vous, criminels de guerre, avez déshonoré votre uniforme en assassinant des civils désarmés. Vous avez transgressé les règles de l’affrontement tracées par votre propre armée, et avez obéi à des ordres en sachant qu’ils étaient injustes. Ces ordres ne doivent pas être exécutés, comme on vous l’a appris dans les académies militaires. Vous le saviez.

Et là-bas vous l’avez assassiné, de sang-froid. Il n’y avait pas de combat, il n’y avait aucune raison. Mais toi, Philip De Camps, tu as donné l’autorisation ; toi, Philip Wolford, tu as donné l’ordre, et toi, Thomas Gibson, tu as tiré, et vous saviez tous les trois que vous assassiniez des personnes innocentes. Et vous l’avez fait. Soyez maudits pour cela.

Je n’ai pas de haine. Je n’en ai plus. La douleur que je ressens dépasse la haine. Mais par contre j’ai soif de justice, j’ai besoin de vous voir face à un tribunal, avec toutes les garanties que vous n’avez pas données à mon fils. Pour que vous puissiez vous défendre, pour que ce soit juste. Mais que tout le poids de la Loi retombe sur vous, ASSASSINS et CRIMINELS DE GUERRE. Avec mon plus profond mépris.

La douleur, je l’offre à mon fils, aux mères d’Irak ou des Etats-Unis et, surtout, à vos mères, car il n’y a pas de douleur pire que d’avoir donné le jour à des assassins.

http://www.granma.cu/frances/2005/octubre/vier28/45carta.html

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