Kouchner lance sa "Fabrique" à Toulouse

Bernard Kouchner a administré le Kosovo en tant que représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies de juillet 1999 à janvier 2001. Il a l’expérience des grands chantiers. Celui de la France est vaste.

S’il n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature à la présidence de la République française 2007, Bernard Kouchner a pris son bâton de pèlerin et entamé son tour de France. Mercredi soir à Toulouse, Kouchner a lancé sa "Fabrique démocratique" (http://www.lafabriquedemocratique.net).
sur le modèle de la "Fabbrica" italienne de Romano Prodi (http://www.lafabbricadelprogramma.it/).

Le 11 janvier 2006, il s’était déclaré candidat à des primaires à gauche (encore une fois calqué à l’italienne) pour l’élection présidentielle de 2007 : "Il faut faire participer les Français sans aucun tabou", lance, confiant, Kouchner qui s’appuye sur le soutien de quelques partisans : le Parti radical de gauche, mais aussi des personnalités du PS comme Jean-Marc Ayrault ou Henri Emmanuelli.

Kouchner qui se place juste derrière Ségolène Royal en tête des sondages IPSOS, va ainsi silloner la France, dans une quinzaine de grandes villes, au cours de ces prochaines semaines pour regarder les Français dans les yeux et écouter leurs doléances.

Chaque réunion portera sur un thème, celui de Toulouse était "S’installer dans la vie et trouver un emploi".

En pleine polémique autour du CPE, le thème était on ne peut plus d’actualité : " Je désaprouve à la fois le fond et la forme du CPE. On doit toujours discuter avec les intéressés. En outre, je désaprouve formellement que l’on ne puisse pas motiver le départ d’un salarié. Il ne faut pas stigmatiser les jeunes. Décidément ; Villepin n’a rien compris, ni de Devaquet, ni de Juppé. Proposer le dialogue une fois que l’on a décidé, c’est prendre les gens pour des balourds. Les Français sont beaucoup plus malins, modernes et tournés vers l’avenir que l’on ne croit. Mais les partis ne les écoutent plus. Je suis là pour écouter et pour construire avec eux", affirme Kouchner.

Comment ça marche

Chaque session de la "Fabrique démocratique" dure trois heures minimum. Les participants qui souhaitent intervenir disposent d’un temps de parole n’excédant pas cinq minutes, pour exposer leur point de vue et formuler des propositions précises. A l’issue de la session Bernard Kouchner en propose une synthèse. La vidéo de chaque session de la Fabrique démocratique est ensuite mise en ligne sur le site www.lafabriquedemocratique.net ou les internautes peuvent contribuer à leur tour à ce travail collectif.

"La France d’aujourd’hui s’angoisse. Elle ne sait pas où elle va. Les Français n’ont plus d’espoir, plus de foi dans leur pays. Ils se sentent démunis face au monde qui vient, enfermés dans des castes et des habitudes de pensée. Ils ont perdu le goût du risque" explique Kouchner.

"Comme d’habitude, les premières victimes de cette situation sont les plus faibles : jeunes sans horizon, pauvres sans protection, minorités privées de projet collectif. Notre pays, pourtant, est riche de talents et d’énergies qui ne demandent qu’à s’employer, plein d’idées, plein de générosité. Il doit retrouver son rang et son rôle, réapprendre le goût du risque et l’audace du changement. Je veux qu’ensemble nous tracions de nouvelles perspectives, que nous inventions une autre France, plus courageuse, plus responsable, plus humaine".

Kouchner s’est dit très heureux du résultat de cette première étape de la "Fabrique", qui plus est à Toulouse, la plus grande ville universtaire de France après Paris, à une date, le 22 mars, chargée de symbole. En 1968 elle sonnait les prémices des manifestations estudiantines de mai.

Nadine Crausaz