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L’ASCENSION DU MOUVEMENT SOCIAL

Publie le vendredi 2 mai 2008 par Open-Publishing

1er mai. Plus de 2 heures de défilé des Mobiles à la Porte d’Aix. Une manifestation unitaire à l’appel de la CGT, de la CFDT, de la FSU, de l’UNSA, de Solidaires et de l’UNEF.

Jeudi premier mai, donc premier jeudi revendicatif d’un mois qui en comptera au moins deux autres. Pour le 15, on le savait déjà depuis quelques semaines. S’il n’était question au départ que des enseignants du premier degré, le mouvement a fait tâche d’huile sur l’ensemble de l’Education nationale, avant de s’élargir à l’ensemble de la fonction publique.

Pour le jeudi suivant, le 22 donc, la décision est plus récente. En persistant et signant, et en mettant en chantier le passage à 41 du nombre d’annuités ouvrant droit à la retraite à taux plein, un chantier qui devrait être achevé en 2012, le gouvernement a réussi à rassembler dans un même appel à la mobilisation les confédérations dont chacun sait que les appréciations sur la réforme des retraites divergent quelque peu.

En tout cas, le ton était donné hier matin, des Mobiles à la Porte d’Aix, via la Canebière, le Vieux Port, la rue de la République, le boulevard des Dames et la Porte d’Aix. « Non à l’austérité / progrès social, paix, solidarité », affichait la banderole de tête tenue par les responsables départementaux de la CGT, de la CFDT, de la FSU, de l’UNSA, de Solidaires et de l’UNEF. Il était onze heures, lorsqu’ils arrivaient au Vieux Port. Derrière eux, la Canebière était encore remplie de manifestants. On mesurera plus tard, qu’à ce moment là, tous n’avaient encore commencé leur périple. Il etait en effet midi et demi lorsque le groupe de Kurdes qui fermait la marche, longeait le quai des belges avant de s’engager sur la rue de la République. Trente mille manifestants selon les organisateurs.

C’est bien connu, même la chanson ledit, la Canebière exagère toujours un peu. Mais là, parole d’habitués des cortèges revendicatifs phocéens, on n’est vraiment pas loin de la réalité. Beaucoup plus près en tous cas, que l’estimation de la police qui en a compté dix fois moins.

De quoi mettre du baume au cœur de Jean-Marc Cavagnara, le secrétaire général de l’Union départementale (UD) CFDT. La météo et le succès de la manif aidant, il se souvient d’un autre Mai, celui de 1968, et estime que ce mois est celui de « la renaissance, celui où tout bourgeonne, où le monde du travail revit ». Avant d’ajouter : « la nature va repartir, le mouvement aussi ».

Plus pragmatiques mais sur le même registre, les propos de Mireille Chessa, son homologue de l’UD-CGT. Elle qualifie ce défilé de « rendez-vous de toutes les colères et de toutes les mobilisations ». Et en même temps le prélude des prochains mouvements. « Ceux des 15 et 22 mai sont déjà annoncés au plan national. Et qui plus est, de façon unitaire », tient-elle à préciser sous le regard approbateur de Jean François Longo, secrétaire général de la FSU 13, dont les manifestants constituent, loin derrière, un véritable cortège dans le cortège interpro. Voilà qui promet pour la suite.

Le ton de la combativité est d’ailleurs donné dès que se succèdent les groupes qui suivent. « Pour les salaires on a lutté, pour les salaires on a gagné », affichent ensemble ceux de ST Microélectronics et ceux de Coca Cola. Les Fralib, le Thé de l’Eléphant ne sont pas très loin, et rappellent volontiers qu’ils ont contraint Unilever, le géant de l’agroalimentaire, à en rabattre sur ses intentions liquidatrices de leur site de Gemenos.

De qui donner des idées aux salariés du commerce qui revendiquent « le dimanche libre et un vrai salaire ». Et remontre le moral des salariés d’ISS qui en sont à leur 7e jour de grève. « ISS premier national des espaces verts, et leader marseillais pour les bas salaires », observe l’un d’entre eux en signalant que lundi « nous aurons la visite d’un membre de la direction nationale ». L’occasion pour « l’obliger à négocier ». Bien entendu les agents du PAM et les dockers en lutte contre la réforme des ports sont là. Suivis des postiers et personnels des télécommunications.

Chacun de ceux là, et tous les autres avec, y va des revendications générées par sa propre situation, et tous y vont du couplet commun sur les retraites en attendant le 22. Pour beaucoup aussi, et pas seulement les enseignants, c’est le refus des ponctions annoncées dans les effectifs de la fonction publique. De bon augure pour le 15.

« Assez de cadeaux pour la France d’en haut / assez de coups bas pour la France d’en bas » scandent les manifestants des syndicats Sud et des autres syndicats de Solidaires. Quant au ministre Xavier Darcos, s’il savait où les lycéens mettent sa réforme… Aucune hésitation, ils redescendront dans la rue. Sans doute même avant le 15. Bref, en ce jour de l’Ascension, un bon début pour celle du mouvement social.

On notait la présence de la députée socialiste Sylvie Andrieux, et celle de nombreux élus régionaux ou municipaux dont les communistes Jean-Marc Coppola, Frédéric Dutoit, et Joël Dutto.

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