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L’Algérienne Assia Djebar a été élue à l’Académie française

Publie le vendredi 17 juin 2005 par Open-Publishing

de Assawra

L’écrivaine et cinéaste algérienne Assia Djebar, connue pour son engagement en faveur des droits des femmes, a été élue, jeudi 16 juin, à l’Académie française, devenant la première personnalité d’origine maghrébine admise dans cette prestigieuse académie.

Avocate emblématique de l’émancipation des femmes dans son pays, Mme Djebar, 68 ans, a été élue au second tour avec seize voix, contre onze à l’écrivain Dominique Fernandez. Déjà citée par la rumeur pour le Nobel de littérature, elle a notamment été lauréate en 2000 du Prix de la paix des libraires et éditeurs allemands.

Née en 1936 à Cherchell, à l’ouest d’Alger, Assia Djebar, de son vrai nom Fatima-Zohra Imalyène, a été la première femme algérienne à être admise à l’Ecole normale supérieure de Paris, en 1955. Dès 1956, elle commence sa carrière littéraire avec La Soif et arrête ses études après sa participation à une grève des étudiants algériens. Suivent Les Impatients (1958) et Les Enfants du nouveau monde (1962), dans lequel l’héroïne milite pour le changement politique et, déjà, les droits des femmes. Elle écrit ensuite Les Alouettes naïves et Rouge l’aube, continuant d’aborder les thèmes de l’amour et de la guerre.

Algérienne, elle écrit en français comme beaucoup de ses compatriotes issus de l’école française. Lire et écrire dans cette langue, dans les années 1950, était aussi pour les femmes une façon d’accéder au savoir, de sortir du cercle exclusivement féminin. Mais au début des années 1970, après que l’Algérie eut obtenu de la France son indépendance (1962), elle commence à étudier l’arabe classique pour "élargir son champ d’expression" et truffe ses textes de nouvelles sonorités.

Elle réalise aussi deux films : La Nouba des femmes du mont Chenoua, pour lequel elle reçoit le Prix de la critique internationale à Venise en 1979, et La Zerda ou le chant de l’oubli. Assia Djebar enseigne (l’histoire, les lettres, le cinéma) durant des années à l’université d’Alger. Au début des années 1980, consciente de la montée d’une "violence larvée" contre les femmes, elle décide de retourner à Paris.

Elle enseigne depuis 1997 la littérature française aux Etats-Unis, d’abord à Bâton-Rouge (Louisiane) et depuis peu à New York. En 1999, elle a été élue à l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique.

Elle se rend régulièrement dans son pays pendant toutes ses années à l’étranger. Mais lors du sanglant conflit qui oppose forces de sécurité et groupes armés islamistes dans les années 1990, elle n’y est retournée qu’une fois, pour l’enterrement de son père, instituteur.

Il s’agissait, jeudi, pour les académiciens de pourvoir au siège du professeur de droit et essayiste Georges Vedel, mort en février 2002.

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=2266