L’Allemagne en panne de pétrole russe

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L’Allemagne en panne de pétrole russe

CONFLIT
Les différents entre Russie et Biélorussie ont abouti hier à la rupture d’alimentation en pétrole russe de l’Allemagne, qui cherche des alternatives pour sécuriser son approvisionnement.

MICHEL VERRIER BERLIN
Publié le 09 janvier 2007

FERMETURE Les vannes du pipeline de la « Fraternité » ont été fermées hier, réduisant de 20% les importations de brut de l’Allemagne./VICTOR DRACHEV / AFP
Fermer les vannes de la « Fraternité » (Droujba en russe), le plus long pipeline de la planète, qui traverse la Russie, la Biélorussie, puis la Pologne, est tout sauf anodin. C’est pourtant ce qui est arrivé hier. L’Allemagne s’est aussitôt retrouvée privée de 20% de ses importations de pétrole. Le brut russe alimente les raffineries de Schwedt et de Leuna (Total). Or, l’oléoduc était à sec à la frontière polono-allemande. Même les raffineries polonaises d’Orlen et Lotos n’étaient plus alimentées.

« On ne peut pas compter sur l’Est ! »

Pour parer à la défaillance, l’Allemagne envisageait hier d’augmenter les livraisons de pétrole russe par tanker, jusqu’au port de Rostock. Total Leuna assurait poursuivre ses activités à l’aide de ses réserves en cuve, d’une semaine environ et songeait à faire appel à d’autres fournisseurs. « Mais nous n’en sommes pas encore là », assurait la porte-parole Delphine Saucier.

Les autorités pétrolières fédérales rappelaient que les réserves stratégiques en essence, diesel, kérosène et produits de chauffage, suffisent pour tenir une centaine de jours. La crainte d’une rupture de l’alimentation en énergie en plein hiver n’est donc pas justifiée. Cela dit, une légère hausse du cours du pétrole hier soir à la bourse de New York inquiétait le consommateur, qui a déjà dû encaisser la hausse de 3% de la TVA sur le prix de l’essence le 1er janvier.

Surtout, ce genre d’incident met à cran les autorités allemandes. « De telles interruptions de livraison sont insupportables, assénait Michaël Glos, ministre de l’économie d’Angela Merkel. Elles démontrent qu’on ne peut compter exclusivement sur l’approvisionnement à l’Est. »

La riposte biélorusse

Hier après-midi, la société d’Etat biélorusse Belneftechim assurait vouloir reprendre les livraisons dans la soirée. Mais au Ministère des affaires étrangères, on affirmait que Minsk n’était pour rien dans l’affaire. Côté russe, la société Transnef qui exploite l’oléoduc accusait les Biélorusses d’avoir « pompé plus de 79 OOO tonnes de pétrole » à leur profit, contraignant Transneft à stopper le trafic. La Biélorussie chercherait à se venger de la Russie.

Le prix du gaz russe qui lui est vendu vient en effet d’être multiplié par deux et Moscou a imposé de surcroît à Minsk une nouvelle taxe de 180 dollars par tonne de pétrole livré. Les Biélorusses ont riposté en imposant une surtaxe de 45 dollars par tonne de pétrole circulant via Droujba, en dépit des accords de transit en vigueur.