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L’Amérique latine ouvre un nouveau cycle de résistance

Publie le vendredi 16 mars 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

Pendant que les Européens mettent en scène le spectacle des élections, irruption ponctuelle du citoyen passif sur la scène politique, les Sud-américains investissent activement le champ politique.

Dans les systèmes de démocratie représentative, la conception de la citoyenneté est réduite à sa plus stricte expression. L’absorption du travailleur par sa réalité immédiate l’éloigne de la chose publique jusqu’à la consultation périodique de son avis. Il ne suffit pas que la loi reconnaisse le droit de vote universel pour transfigurer les droits politiques en droits sociaux. La réaménagement de l’économie capitaliste a même tendance à remettre en question les droits sociaux conquis de haute lutte par les classes laborieuses. Pour être autre chose qu’un protocole légitimant, la démocratie doit se matérialiser dans le champ économico-social.

La démocratie représentative est un système par interface. Les gouvernés font choix de mandataires, sans révocation possible avant l’échéance électorale suivante. Le peuple se déleste de son droit effectif de participer à la res publica au bénéfice de personnes présumées compétentes. Ce mécanisme homogénéise sociologiquement la classe politique qui se perpétue en même temps qu’elle perpétue le régime économique. Celle-ci n’a ni la capacité ni la volonté d’influer sur l’ordre économique qui reste le domaine réservé d’instances non élues. On accorde aux experts la caution d’un savoir ésotérique et au marché les caractères d’une force supranaturelle extérieure aux hommes. La perversion de ce modèle de gouvernance consiste en ce que tout autre moyen d’action politique est d’avance délégitimé. André Tosel le dit avec justesse : « les citoyens ne sont libres qu’à condition de ne pas avoir la maîtrise des moyens de production ni non plus une vraie participation au pouvoir politique ! Il convient donc de faire valoir, contre la démocratie procédure, la démocratie processus de façon à ce qu’elle puisse de nouveau être un agent historique de transformation des sociétés ».

Le soudain regard de George Bush en direction de l’Amérique latine dénote le déficit de sérénité des instances dirigeantes étasuniennes ; ils sont conscients que leur pré carré prétendument acquis est en proie à la résistance et que leur influence est en péril. Des bulles de démocratie populaire surgissent dans le sous-continent et nul n’est en mesure d’endiguer cette époustouflante aspiration de liberté. Les espaces politiques et les droits sociaux ont été conquis dans ces contrées, malgré les Etats-Unis, à force de persévérance et de lutte et à la faveur d’esprits d’anticipation tels Fidel Castro et Hugo Chavez. Ces grands gouvernants sont l’incarnation et le produit des luttes populaires et non l’inverse. S’ils sont entendus, c’est grâce à des réalisations palpables par tout un chacun que les medias dominants tentent avec tant d’effort d’occulter. Les discours portent loin lorsque la sphère d’existence des populations est modifiée, quand l’orientation de l’économie est recentrée sur les besoins de la majorité, quand les médecins soignent les malades et non les seuls patients solvables, quand les professeurs enseignent à tous et partout. L’approche de la politique en Amérique latine est fonction d’un contexte de domination oligarchique rendu possible par une puissance impérialiste intrusive.

Lorsque les citoyens du Sud élisent un dirigeant faisant prévaloir les intérêts du peuple, les pays du Nord s’ingénient à le calomnier et le subvertir (comme Chavez) ; lorsqu’ils se soulèvent face à un régime oppresseur (le peuple cubain), les mêmes condamnent le recours à la violence. Afin de peser sur les contraintes économiques, les Sud-américains sont de plus en plus conscients que la seule voie possible passe par la rupture avec la logique marchande et le modèle capitaliste.
Tant que les classes dominantes confisqueront le pouvoir au seul bénéfice de leurs intérêts de classe surgiront de nouveaux Chavez, Evos, Ortegas, Correas,...

E. KAYNAK

Messages

  • Est-ce un hasard si làrticle oublie Fidel, le grand, celui que Chavez, tous ces dirigeants saluent comme leur pere, lui et ce peuple cubain qui ont porte lesperance, la solidarite, hier comme aujourdhui et VIVA FIDEL et VIVA CUBA, VIVA CHAVEZ, VIVA EVO....Et meme nestor kirchner...

    Jusqu`a quand vous les communistes francais serez vous injuste avec ce geant ?

    Danielle bleitrach

  • Je vous invite à relire l’article qui mentionne expressément Fidel Castro comme dirigeant remarquable au génie d’anticipation. Il est évident que le référent principal des mouvements sociaux actuels en Amérique du Sud est Fidel.
    Tout autant Fidel que le peuple cubain forcent le respect pour la résistance et la cohérence idéologique dont ils font preuve.

    E. Kaynak

  • Je vais plombé votre enthousiasme, mais j’ai apprit qu’Evo Morales avait déclaré qu’il voulait se retirer en 2008 et refaire des nouvelles élections. Je sais pas qu’elle mouche la piqué, est ce qu’il y a une stratégie derrière tout ça ? En deux ans on ne peut pas accomplir le changement que le peuple réclame, ce serai de la folie de laisser la bolivie dans cet état, je sais qu’Evo n’est pas un lâche et qu’il est rusé, j’imagine qu’il a un plan, enfin je l’espère...

    • Euh, c’est ce qu’à fait Hugo Chavez.
      Ca se passe en trois temps :
      1. participation aux éléctions dans le cadre ancien, avec comme projet principal une nouvelle constitution qui prenne réellement en compte le peuple, ses aspirations, ses désirs, ses besoins.
      2. création et approbation de la nouvelle constitution
      3. nouvelles elections cette fois ci dans le cadre de la nouvelle constitution, la legitimant et relegitimant le gouvernement et parlements qui seront élus.