Accueil > L’Éducation nationale et L’Oréal

L’Éducation nationale et L’Oréal

Publie le vendredi 4 juin 2010 par Open-Publishing

Les enseignants et les parents d’élèves ont été récemment scandalisés par les consignes adressées par le ministre de l’Éducation nationale à son administration afin de réduire plus encore le nombre de postes de fonctionnaires.

Comme d’autres ministères, le MEN est dirigé selon les méthodes des entreprises privées. Et ce n’est pas un hasard s’il a actuellement à sa tête un ancien DRH de l’Oréal.

Issu de la bonne bourgeoisie, Chatel a été éduqué dans l’un des lycées privés les plus huppés de Paris, Saint-Louis de Gonzague, qui avait accueilli avant lui Honoré d’Estienne d’Orves, le grand résistant fusillé par les Allemands, et aussi François de Grossouvre, un homme de l’ombre de Mitterrand s’étant donné la mort dans le Palais de l’Élysée, des directeurs de banque, de grandes entreprises, sans parler de l’acteur Michel Galabru, bien connu pour être farouchement de gauche. Puis Chatel s’inscrivit à Paris 1 où il obtint un DESS de marketing et intégra L’Oréal où il devint DRH.

C’est peu dire qu’un Chatel, une Pécresse, tous leurs clones qui peuplent aujourd’hui les cabinets ministériels et qui œuvrent de concert dans une optique marketing/capitalisme ultralibéral, sont des ennemis de l’école de la République. Sans parler, bien sûr, de leur maître Sarkozy. L’Oréal n’est pas une entreprise neutre (s’il en est). Fondée au début du XXe siècle par Eugène Schueller, le père de Liliane Béttencourt, elle a, pendant les années très cruciales de la montée du fascisme en Europe, servi de pompe à finance à de nombreux extrémistes de droite. Schueller aida notamment Eugène Deloncle, le fondateur de La Cagoule, avant de fonder, avec celui-ci en 1941, le Mouvement social-révolutionnaire, mouvement fasciste, collaborationniste, proche de Déat et de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme. À la Libération, Schueller sera relaxé grâce aux témoignages de Pierre de Bénouville (résistant, ancien Camelot du roi, membre de l’action française et ami du jeune François Mitterrand) et du communiste Jacques Sadoul. En 1945, Schueller mettra le pied de Mitterrand à l’étrier en l’engageant comme directeur d’édition.

Dans les couloirs de L’Oréal, l’histoire est présente, comme partout. On y renifle les effluves du grand capital et de cette extrême droite qui n’aime pas la Gueuse. C’est là que Chatel est entré dans la vie active.

Il ne faut pas s’étonner que, comme Sarkozy, il veuille privatiser la Fonction publique, défonctionnariser l’Éducation nationale et mettre au pas ses agents, les faire « collaborer » de la manière la plus active qui soit.

Face à cette attaque frontale jamais vue depuis Vichy, les syndicats, mais aussi les personnels (les syndicats ne sont jamais que l’expression des personnels) réagissent trop mollement. Ils se contentent d’accompagner ce tour tragique. Quant à la gauche parlementaire, elle est, en bonne européenne bruxelloise, d’accord sur le fond : faire passer les intérêts des entreprises et de la finance avant ceux des humains.

Les consignes données par Chatel aux inspecteurs d’académie sont rédigées dans une langue qui est une pure horreur. Quelques exemples : « quantifier, à partir de leviers d’efficience identifiés, les marges de manœuvre », « il n’existe pas d’objectif d’économie défini a priori “ par levier et par académie ” », « l’identification des “ gisements ” doit se faire indépendamment des situations de sur ou sous-dotation, du respect des enveloppes d’emplois et de masse salariale et des contraintes démographiques qui seront introduits dans l’exercice ultérieurement. »

Cette langue est fasciste par ce qu’elle est dissociée du réel, de l’humain. Elle témoigne d’un rapport de force écrasant en faveur de l’élite et de la logique des marchés.