Accueil > L’Etat, l’ANPE et l’Unedic cherchent à améliorer le service rendu aux (…)
L’Etat, l’ANPE et l’Unedic cherchent à améliorer le service rendu aux demandeurs d’emploi
Publie le lundi 28 février 2005 par Open-Publishingde Rémi Barroux
Menacées de fusion, l’Unedic et l’ANPE renforcent leur coopération pour mieux accompagner les chômeurs. Et travaillent, avec l’Etat, à la redéfinition de leur mission.
Condamnés à s’entendre... et à réussir. Les deux piliers du service public français de l’emploi, l’ANPE et l’Unedic, vont devoir accélérer leur coopération et, espère le gouvernement, se montrer plus performants dans l’accompagnement et le retour à l’emploi des chômeurs. Et l’urgence est là au vu des derniers chiffres du chômage qui révèlent que le taux de 10 % est atteint à la fin janvier 2005.
Sous l’égide du ministère de l’emploi et de la cohésion sociale, l’Etat, l’ANPE et l’Unedic vont élaborer une convention tripartite censée redéfinir la place de chacun dans le service de l’emploi. Mais, expliquent les dirigeants de l’ANPE et de l’Unedic, l’essentiel réside dans la relation bilatérale que sont en train de tisser les deux organismes.
L’injonction vient de haut, puisque le président de la République lui-même a demandé, lors des vœux aux forces vives, à l’Elysée le 4 janvier, "à chacun des acteurs qu’il agisse dans un esprit de responsabilité et sans se laisser enfermer dans les conservatismes". Jacques Chirac revendiquait alors pour les demandeurs d’emploi "un point d’entrée unique dans ce service public". "Pour les formalités d’inscription et d’indemnisation, bien sûr, précisait-il, mais aussi et surtout pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé, fondé sur une logique de droits et de devoirs, incluant l’exigence d’une recherche d’emploi active."
"A défaut de cette mobilisation de tous, insistait encore le chef de l’Etat, sans doute faudra-t-il envisager de passer d’une démarche de coordination des moyens à une démarche de rapprochement des structures qui participent au service de l’emploi, à l’image de ce qu’ont fait la plupart de nos voisins européens."
La menace à peine voilée n’est pourtant pas de nature à inquiéter les deux organismes. "Il n’y a pas de perspective de fusion absorption", ironisaient récemment les directeurs généraux de l’ANPE et de l’Unedic, Michel Bernard et Jean-Pierre Revoil. Avant d’ajouter que "cette fusion ne pourrait intervenir que s’il y avait faillite totale de l’un des acteurs, ce qui n’est pas le cas".
Pour autant, si la fusion n’est pas à l’ordre du jour - et même difficilement réalisable vue la nature très différente des organismes, l’Unedic étant gérée par les partenaires sociaux, l’ANPE par l’Etat -, une coordination accrue entre les différents intervenants sur le marché de l’emploi semble acquise. Les responsables de l’ANPE et de l’Unedic reconnaissent la nécessité d’une "coopération stratégique de façon à ce que le demandeur d’emploi ne souffre pas de l’existence de deux organismes", ainsi que le dit M. Bernard.
Il y a plus d’un an déjà, en janvier 2004, le ministre des affaires sociales, François Fillon, prenait connaissance du rapport Marimbert qui dénonçait un dispositif complexe et éclaté entre "plusieurs maîtres d’ouvrage", "source de déperdition de temps et d’énergie pour les agents des services de l’emploi" et de "complication" pour les chômeurs et les entreprises.
Douze mois plus tard, c’était au tour de l’actuel ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, de recevoir le rapport de Pierre Cahuc et Francis Kramarz qui, tout en plaidant pour la mise en place d’une sorte de "sécurité sociale professionnelle", vantait les mérites d’un "guichet unique" pour le demandeur d’emploi, accompagné d’un "traitement différencié" pour "cibler les dépenses sur les personnes qui en ont le plus besoin".
Aujourd’hui, des chantiers sont ouverts et, explique le directeur de l’Unedic, "on s’est donné toute la période du printemps pour tester des processus nouveaux". Parmi lesquels la compatibilité des systèmes informatiques. Aladin (Unedic) et Géode (ANPE) vont donc se parler plus encore qu’ils ne le font déjà. Mais, se justifient les deux directeurs, il existe déjà un système de gestion informatisée du demandeur d’emploi, "Gide Un bis", qui propose un dossier géré par l’Unedic mais accessible à l’ANPE.
"Le vrai sujet, explique un responsable de l’agence nationale, est celui du dossier unique du demandeur d’emploi", "DUDE" en langage codé. Et si l’accès des deux organismes au même dossier semble acquis, la question reste entière concernant les autres intervenants sur le marché de l’emploi. Quid des futures maisons de l’emploi que souhaite mettre en place M. Borloo, des collectivités territoriales, des organismes de formation ou encore des agences d’intérim ?
Car, depuis la perte du monopole dans le placement des demandeurs d’emploi par l’ANPE, le 1er janvier 2005, d’autres prestataires s’installent plus solidement sur ce marché. Outre des sociétés encore marginales comme l’australienne Ingeus ou la néerlandaise Maatwerk, des entreprises du travail temporaire, telles le groupe suisse Adecco, ou Manpower, ont annoncé l’ouverture d’activités de recrutement et de placement des chômeurs.
L’ANPE manifeste son intérêt pour des expériences de coopération avec ces entreprises. Quant aux syndicats, ils craignent que, derrière la menace de fusion de l’Unedic et de l’ANPE, ne se profile l’éclatement du service public de l’emploi.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-399773,0.html