L’UMP peine à clore le feuilleton de Neuilly (video)

PARIS (Reuters) - L’UMP s’est ralliée à la candidature de Jean-Christophe Fromantin à la mairie de Neuilly-sur-Seine, mais Arnaud Teullé, l’un des ex-colistiers de David Martinon, a aussitôt décidé de mener une liste dissidente.

"Je ne suis pas d’accord avec la décision qui vient d’être prise, je serai donc naturellement candidat à l’élection municipale de Neuilly", a-t-il déclaré aux journalistes.

Au lendemain de l’éviction du porte-parole de l’Elysée, la direction de l’UMP entendait ramener le calme dans l’ancien fief de Nicolas Sarkozy, dans les Hauts-de-Seine, en soutenant Jean-Christophe Fromantin, qui n’est pas membre du parti.

Sa liste dissidente distançait en effet dans les sondages celle de David Martinon, qui a été lâché le week-end dernier par plusieurs colistiers, dont Jean Sarkozy, fils cadet du président de la République.

Dans un premier temps, la réunion de la commission nationale d’investiture, mardi au siège national de l’UMP, semblait s’être déroulée sans accroc en présence de la plupart des protagonistes de la bataille municipale du mois prochain.

"La commission nationale a décidé d’accorder son soutien à M. Fromantin pour conduire à Neuilly une liste de large rassemblement", a ainsi dit à la presse le secrétaire général de l’UMP, Patrick Devedjian.

A ses côtés, Jean-Christophe Fromantin s’est déclaré heureux de la confiance qui lui a été accordée par l’UMP "pour mettre en avant tous les talents ce cette ville de Neuilly".

Ce chef d’entreprise a dit vouloir montrer que "la liberté et l’ouverture ne sont pas des vains mots", précisant qu’il donnerait plus d’indications sur la poursuite de sa campagne dans la soirée au théâtre de Neuilly-sur-Seine.

Patrick Devedjian et Jean-Christophe Fromantin se sont refusés à dévoiler dans l’immédiat la composition de la future liste de rassemblement, et notamment les places éventuellement accordées à Marie-Cécile Ménard et à Jean Sarkozy.

FILLON PARLE DE SAGESSE, LE PS DE TRAHISON

Sur Europe 1, le secrétaire général de l’UMP avait expliqué qu’il était "possible" que le fils du président ne soit pas sur la liste finale. "Sa présence en tout cas n’est pas un sujet de débat", a-t-il ajouté.

Le point de presse à peine terminé, Arnaud Teullé a déclaré qu’il n’entendait pas se soumettre à la décision du parti et qu’il présenterait une liste dissidente au nom de sa fidélité au chef de l’Etat.

"Je serai le seul candidat ayant défendu Nicolas Sarkozy pendant 20 ans sur cette ville. Je serai le seul candidat à avoir l’expérience de la gestion municipale", a-t-il dit.

Marie-Cécile Ménard, qui figurait également sur la liste de David Martinon, a invité Arnaud Teullé à respecter la discipline du parti. Mais Jean Sarkozy, lui, est resté silencieux.

Informé par la presse de ce nouveau coup de théâtre, Jean-Christophe Fromentin a indiqué que cela n’entamait en rien sa détermination.

"L’essentiel pour moi, c’est exactement de continuer sur les bases qui ont été les miennes dès le mois de septembre et tous ceux qui peuvent me soutenir sont les bienvenus", a-t-il lancé.

"Je garde mon cap très sereinement", a-t-il ajouté avant de quitter le siège de l’UMP au guidon d’une petite moto.

A la mi-journée, François Fillon a estimé que ce "choix du rassemblement" était de nature à ramener le calme à Neuilly. "L’essentiel de ceux qui partagent les mêmes valeurs seront sur la même liste et je pense que c’est la voie de la sagesse", a déclaré le Premier ministre en déplacement dans l’Eure.

Interrogée sur RMC, Ségolène Royal a vu dans l’affaire une "péripétie qui ne doit pas occulter le reste" à savoir la politique mise en place par le chef de l’Etat et les élections municipales dans le reste de la France.

Pour Vincent Peillon, les rebondissements du jour à Neuilly forment la suite du "feuilleton Sarkozy permanent" dont le ressort principal serait la trahison.

"Trahison de Chirac d’abord, trahison des Français on le voit depuis quelques mois et maintenant trahison des plus fidèles. Je trouve ça un peu inquiétant d’avoir un président dont le sens de la loyauté semble assez faible", a déclaré le député européen à des journalistes.

L’affaire dépasse le feuilleton et "tourne heure après heure au roman-photo scabreux", a jugé pour sa part Julien Dray dans un communiqué.

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