Accueil > L’Unione de Prodi, un pa(c)s en arrière
de Gianni Rossi Barilli traduit de l’italien par Gabriele
Une fois les couples disparus, voilà la "personne". C’est un "bon compromis" selon les Démocrates de Gauche, le Parti de la Refondation Communiste, le Parti des Communistes Italiens et les Verts ; c’est une déception totale selon les associations d’homosexuels. Rutelli est ravi.
Le seul "Pacs" que l’Unione a réussi à faire c’est en arrière. Ce qui plus est, c’est un long et grand pas en arrière, vu que les secrétaires des partis de centre-gauche se sont présentés à la réunion finale sur le programme avec les unions civiles et ils sont sortis les poches vides. Même Romano Prodi, qui pendant les derniers jours avait parlé maintes fois d’unions civiles, a été obligé de se démentir pour satisfaire toutes les prétentions du parti de Rutelli [la Margherita, parti de centre, ndt].
La nouvelle formule, définie à l’unanimité "un bon compromis" par les Démocrates de Gauche, le Parti de la Refondation Communiste, le Parti des Communistes Italiens, les Verts, ne parle plus de couples, mais d’une « reconnaissance juridique de droits, prérogatives et facultés aux personnes qui font parti des unions de fait ». Une définition, comme a expliqué le démocrate de gauche Pierluigi Bersani, « qui valorise l’idée de l’individu, chère à la composante catholique, mais qui emmène à une nouvelle formule juridique ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement du point de vu légal, on ne sait pas. En revanche, qu’est-ce que cela veut dire d’un point de vue politique est très clair : en Italie les unions différentes par rapport au mariage ne peuvent pas être légitimement reconnues.
D’ailleurs, quels droits supplémentaires peuvent être octroyés aux « personnes », du moment qu’elles jouissent déjà des droits accordés aux individus, c’est une question que l’Unione expliquera, peut-être un de ces quatre. « C’est la solution qui avait été indiqué par le cardinal Camillo Ruini - explique amer le président d’Arcigay, Sergio Lo Giudice -. C’est lui qui, déjà en septembre dernier, avait suggéré de parcourir ‘le chemin du droit commun, assez ample et adaptable aux différentes situations’ ».
C’est donc une moquerie le fait que dans son programme l’Unione explique que, « afin de définir la nature d’une union de fait, le genre des concubins et leur orientation sexuelle n’a pas d’importance ». Sans blague ! Evidemment, puisque pour l’instant n’est pas encore interdit de vivre « de fait » avec qui on veut. La déception des associations lgbt fait l’unanimité. Selon Arcigay et Arcilesbica, « s’il n’y a pas de reconnaissance juridique des unions civiles, il n’y aura point de soutien de la part des gais et des lesbiennes au programme de l’Unione. Les engagements pris dans le passé par les leaders de centre-gauche et par le candidat à la présidence du conseil, ont été reniés. Le centre-gauche a décidé que la bienveillance électorale des hiérarchies vaticanes est un bien supérieur aux droits des individus ».
L’interassociative qui organise la pride nationale de Turin 2006, parle d’ « un front politique qui a honte des valeurs qu’il soutien apparemment, un front tellement laïque qu’il accepte le cardinal Ruini comme interlocuteur pour discuter du programme électorale ». L’association Crisalide-Azionetrans souligne que « à force de négocier on a réussi le miracle contraire à celui de Jesus : on a transformé le vin en eau ». Selon Gayleft, association des homos proches des Démocrates de Gauche, « l’accord sur les unions civiles obtenu à la réunion du centre-gauche est totalement insuffisant. Il ne respecte les droits les plus élémentaires des couples de fait et représente une insulte à leur dignité sociale ». Le directeur du mensuel gay Pride, Giovanni Dall’Orto, exhorte les gais et les lesbiennes à « refuser la candidature dans n’importe quel parti si celui-ci ne prévoit de façon explicite la reconnaissance des droits élémentaires des homosexuel(le)s ». En fait, « la politique ne veut pas d’eux, il faut le reconnaître et refuser de faire seulement partie du décor et de légitimer des programmes qui ne se préoccupent guère de leur exigences ».
Tout le monde demande à l’Unione de faire un geste réparateur avant que la rupture soit définitive. Mais l’ambiance dans le centre-gauche ne semble pas être très favorable, sauf pour la Rosa nel Pugno [Radicaux de gauche et un parti social-démocrate, ndt]. La réaction rageuse du président des Démocrates de Gauche, Massimo D’Alema, est emblématique : « Le programme du centre-gauche ne tourne pas autour du Pacs ». D’ailleurs, quel est le poids électoral des homosexuels par rapport à celui de la conférence épiscopale ?
Il Manifesto