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L’appel à l’action de la Gauche Européenne

Publie le mardi 27 novembre 2007 par Open-Publishing

Réunis à Prague les délégués du deuxième congrès du Parti de la gauche européenne ont tenté de dégager des axes d’intervention commune.

B. O. : Prague, envoyé spécial.

« Nous rejetons le traité de Lisbonne et nous prononçons en faveur de référendums afin de permettre l’ouverture d’un débat populaire sur l’avenir du projet européen. » L’appel solennel qu’ont lancé hier les délégués du second congrès du Parti de la gauche européenne, réunis pendant trois jours à Prague, exprime une très forte exigence du « respect des décisions des peuples », s’opposant aux manoeuvres qui ont conduit les 27 chefs d’État de l’UE à adopter un traité de Lisbonne, copie conforme de la constitution rejetée pourtant par les peuples français et néerlandais.

Bien entendu le traité modifié ne constituait pas l’unique ordre du jour de ces assises du parti, créé il y a trois ans sous l’impulsion de plusieurs formations communistes ou progressistes européennes. Mais il y a tenu une place d’autant plus importante qu’il constitue un couronnement de la construction libérale de l’UE et tous les chapitres du nouveau texte fondamental ont donc croisé la plupart des thèmes abordés par les quelque 300 délégués des 19 partis membres (9 autres partis au statut d’observateurs avaient été également représentés à Prague). Ils ont travaillé à la mise au point de « thèses politiques du PGE.

Qu’il s’agisse de l’étouffement de la démocratie et du « grave recul du politique », des ravages sociaux provoqués par la financiarisation pratiquée ces dernières années, du renforcement sans pareil de la précarité, du sort réservé aux femmes, des montées populistes ou nationalistes. Toutes les interventions ont pointé l’acuité des problèmes, les régressions engagées, résultat déjà des fuites en avant libérales de ces dernières années.

Le jeune parti est resté jusqu’alors très peu visible et audible dans l’espace européen, selon un constat à peu près généralement admis. Pour se doter d’un meilleur outil à l’échelon européen et surmonter les frustrations, perceptibles jusque dans les allées du congrès, il a été décidé de « renforcer concrètement les coopérations », explique Jean-François Gault qui conduisait la délégation du PCF, « afin de mieux répondre précisément à ce besoin d’actions convergentes au niveau de l’UE. »

Et cela en dépit de différences d’approche, voire de divergences sur certains sujets. Celles-ci ne sont pas un obstacle mais constituent à l’inverse des « richesses », a plaidé Lothar Bisky, coleader de Die Linke avec Oskar Lafontaine, en Allemagne. Le dirigeant de la gauche allemande a été élu samedi président du PGE, prenant ainsi la succession de Fausto Bertinotti, l’ex-chef de Rifondazione communista en Italie (voire également l’entretien ci-contre). Il a insisté dans son intervention sur « la pluralité » au sein du PGE qui est devenue, selon lui, « un fondement de la politique de gauche au XXIe siècle, signe de notre capacité à devenir un projet partisan ouvert »

L’appel de Prague dégage, outre la lutte contre le traité et pour des référendums, trois autres priorités d’actions. La première est sociale. Il s’agit de mener des combats convergents « pour le plein-emploi, contre le chômage et la précarité. » Les auteurs du texte précisent que la précarité est devenue « la condition réelle » de l’Europe et pointent l’aggravation qui se profile avec le projet de mise en place d’une flexicurité à l’échelle du continent. Ils soulignent la nécessité d’agir pour défendre les acquis sociaux et le « droit de chaque personne à planifier son parcours de vie de façon sécurisée ».

L’urgence à développer le combat pour l’environnement et contre le changement climatique est également relevée. « Notre Europe, souligne l’appel de Prague, est une Europe de l’énergie renouvelable qui défend la nature et les ressources naturelles et qui investit dans des cités harmonieuses dotées de transports publics propres. »

Enfin le PGE souhaite multiplier les initiatives en faveur de la paix et du désarmement. « Il est temps de mettre un terme » aux occupations de l’Irak et de l’Afghanistan « si nous voulons stopper la spirale de la guerre et du terrorisme. » Et les délégués du PGE d’alerter sur « les gens qui préparent à Washington une autre guerre, cette fois contre l’Iran ». D’où l’urgence que l’UE s’inscrive dans une logique résolument pacifique et fasse entendre une autre voix dans le concert international.

Et de présenter cette invite à « changer l’Europe », comme le seul moyen de « réinventer l’espoir ».

http://www.humanite.fr/2007-11-26_P...