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L’armée américaine va rapatrier des troupes stationnées en Europe et en Asie.
Publie le mardi 17 août 2004 par Open-PublishingBush met fin à la guerre froide
de magalie goumaz
Tout comme le Deutsche Mark et Helmut Kohl, la présence de soldats américains dans le sud de l’Allemagne fait partie de l’histoire du pays. Mais cette page est aussi en train de se tourner. Les troupes vont être redéployées dans des endroits jugés plus stratégiques pour les Etats-Unis. George W. Bush a confirmé et précisé hier l’ampleur de cette restructuration qui concerne l’Europe et l’Asie. 60 à 70 000 hommes, sur les près de 200 000 actuellement en Allemagne, au Japon et en Corée du Sud, seront rappelés et redéployés en Europe orientale notamment sur des bases plus petites, plus nombreuses et plus proches des points névralgiques comme le Caucase, le Proche-Orient...
Plus importants que les troupes, ce sont les membres de leur famille et du personnel civil de l’armée qui sont aussi appelés à rentrer au bercail. Dans les régions concernées, l’impact sera considérable. Rien qu’en Allemagne, le retrait partiel des soldats américains stationnés dans ce pays - ils sont 70 000 et on parle du retour de 30 000 hommes - pourrait en effet coûter jusqu’à 80 000 emplois, selon le syndicat allemand des services Verdi.
en pleine campagne
Manoeuvre électorale ? Aux Etats-Unis, comme toute décision annoncée en ce moment, le doute est permis. Les questions de politique étrangère et de défense sont pour la première fois depuis longtemps au coeur de la campagne entre Bush un « président de guerre » et Kerry un « président soldat », résume la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) à Paris. Mais pour Bruno Tertrais, maître de recherche et responsable du pôle « Défense et stratégie », toute relation avec le duel politique actuel est des plus fortuites car ce qui serait absurde, c’est le maintien d’une stratégie datant de la guerre froide.
De plus, « cette réforme était annoncée depuis longtemps. Elle correspond aux nouvelles menaces qui ne viennent plus du bloc soviétique. Si la manoeuvre est électorale, alors on ne peut pas dire que Bush va gagner beaucoup de voix car les soldats concernés sont majoritairement heureux là où ils sont. Ils gagnent bien leur vie et ils se sont intégrés, avec leur famille, dans le pays où ils sont stationnés depuis longtemps pour la plupart ».
Dans le sens du vent
Pour le chercheur, l’annonce faite dans l’Ohio, un Etat-balance qui vote tantôt démocrate tantôt républicain et où il fait bon aller grappiller des voix, n’est peut-être pas anodine. Le président parlait hier devant le congrès annuel des anciens combattants. Et il répond ainsi à son adversaire, John Kerry, qui critique la mauvaise préparation de l’armée contre l’Irak et la faiblesse de l’alliance internationale. Dans son programme, Kerry prévoit le recrutement de soldats supplémentaires basés aux Etats-Unis pour permettre une meilleure rotation des troupes sur le terrain et une présence accrue dans les régions en crise à travers le monde.
La réforme de George W. Bush va dans ce sens. « Mais ce n’est pas ça qui va faire la différence entre les deux candidats et il ne faut pas aller chercher aussi loin. Cette réforme est cadrée et calculée depuis la fin des années 90, poursuit le chercheur. Le processus s’est accéléré après les attentats aux Etats-Unis où il devenait clair que l’armée américaine n’était pas assez souple et efficace pour répondre aux nouvelles menaces. Elle était basée trop loin du Sud et de l’Est ».
Le chercheur français reconnaît que derrière la décision, se cache peut-être des motifs de politique internationale. Les Etats-Unis remercient des pays, comme la Turquie, la Roumanie, la Pologne, qui les ont soutenus contre l’Irak et vont là où les gouvernements sauront faire preuve de plus de souplesse. Notamment sur les questions liées à l’environnement et aux nuisances.
En Allemagne, la présence des troupes américaines fait régulièrement l’objet de critiques, les possibilités d’agrandissements, de manoeuvres et d’entraînement sont de plus en plus restreintes. « Par contre, il ne faut pas surinterpréter le refus de l’Allemagne de participer à la coalition en Irak et serait ainsi punie en retour. Le retrait est d’abord la fin d’un symbole de la guerre froide, puis du lien qui se distend par conséquent entre les deux pays ». MAG