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L’automne rougeoit doucement

Publie le dimanche 19 novembre 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

de Jean-Luc Mélenchon

De Paris à Montpellier, le soir montant sur les paysages, puis au retour davantage encore dans la fin de matinée ensoleillée, je me dis que décidément, le train vaut mille fois mieux que l’avion. Par-dessus tout en ce moment, c’est le coup d’œil qui fait la différence absolue. Quelle magie de voir filer notre beau pays en automne ! Les courbes des prairies et les brumes laiteuses qui s’étirent à l’horizon, la splendeur des couleurs rougeoyantes des bosquets de feuillus !

Non l’automne, après la toussaint, n’est pas toujours triste ! Il n’y a pas que les feuilles pourries et la gadoue glaireuse des premieres grosses bourrasques. Ce n’est pas ce que je vois à cet instant par la fénètre de mon wagon. La fatigue immense de ces jours et les frissons du sommeil qui manquent suspendent le corps hors de l’instant.

Alors l’esprit s’emplit sans entrave des douceurs splendides qui glissent comme un ruban sous mes yeux. En fait, j’ai découvert l’automne il y a peu de temps. Trois ou quatre ans pas davantage. Je l’ai ressenti de cette façon pour la première fois en Haute Saône. J’étais descendu par Belfort sans lever le nez de mes notes puisque comme d’habitude je préparais une réunion. A l’arrivée, mon camarade Jean-Pierre, délégué syndical à l’Alsthom (parmi bien d’autres qualités), m’emmène en voiture jusqu’au lieu du meeting. Chemin faisant sa voix tranquille me montre où regarder. Petit à petit les couleurs et la douceur des choses s’emparent de moi.

Ce que j’ai reçu à ce moment ne m’a plus jamais quitté. Je goûte les nuances de l’automne en amateur éclairé. Mon compagnon de route, François Delapierre, sent des fourmis dans les jambes. Il se verrait mieux arpentant les coteaux que le TGV traverse au galop. Du coup, arrivé à Massy je m’arrête pour admirer l’entrée de mon jardinet. Mais là, toujours brisé par le manque de sommeil, j’avais cependant le cœur guilleret. Bien sur : je revenais du meeting de la gauche anti libérale. J’avais encore dans les oreilles les clameurs des milliers de personnes qui s’y trouvaient combinées au rock du train ! Et au fond de la tête, le regard de mon ami René Revol, le président du comité du 29 Mai en Hérault.

René avait son visage des jours de félicité. C’est lui qui a porté tout ça sur son dos avec les dizaines de bénévoles de son comité. Et lui, à l’ancienne, a organisé la collecte des fonds au drapeau, le service d’ordre de la tribune et la conclusion du meeting. Toute sa peine d’avoir perdu le vote interne au PS et la honte d’être dans le même parti que le monsieur machin qui compte les noirs dans les stades, tout était effacé. Ou presque. En politique si tu es de notre gauche, savoure dès que tu peux car les bons plats sont rares.... Lundi, le comité de l’Hérault met en ligne le film de cette soirée. Si des lecteurs se sentent le courage de faire la transcription écrite de mon discours (évidemment je n’avais rien d’écrit, juste un plan)qu’ils le signalent : leur aide nous serait très précieuse. On m’a dit que le soir même on pouvait suivre en ligne sur son ordinateur. Des amis bien informés nous suivaient et commentait à mesure. Formidable, non ? J’ai regardé aussi ce que la presse écrite disait de cet évènement. C’est pas mal. La dépêche de l’AFP m’a paru très bien résumer ce que j’ai vu et entendu. Je la relève.

« José Bové, Marie-George Buffet et Clémentine Autain ont pronostiqué la présence de la gauche antilibérale au second tour de l’élection présidentielle, vendredi soir lors d’un meeting à Montpellier, en présence du sénateur PS Jean-Luc Mélenchon.

"Nous sommes 4.000 personnes ce soir et la campagne n’a pas commencé, la dynamique que nous avons lancée, personne n’y croyait, mais on est en train de gagner ce pari", a souligné le leader altermondialiste José Bové, qui aspire, comme Mme Buffet, secrétaire nationale du PCF, à porter les couleurs d’une gauche antilibérale unitaire en 2007.

"On n’est pas contraint de perdre, on a décidé de passer de la résistance au pouvoir", a ajouté M. Bové selon lequel "la gauche sera obligée de se désister au second tour pour nous".

"Nous pouvons être majoritaires, nous pouvons le faire, se fixer l’objectif d’une nouvelle majorité de gauche", a dit de son côté Marie-George Buffet. "Les 22.000 ouvriers menacés de licenciement ne peuvent pas attendre, on a besoin de la régularisation des sans-papiers, d’un service public de l’habitat et du logement", a poursuivi Mme Buffet.

Clémentine Autain, adjointe (app. PCF) au maire de Paris chargée de la jeunesse, a égratigné la "blairisation" des socialistes tandis que le maire PC de Saint-Denis, Patrick Braouzec, a estimé que le collectif "a la responsabilité de réussir" et sera peut-être "la seule vraie surprise du scrutin".

Après avoir souligné "sa position assez singulière", le sénateur PS de l’Essonne et partisan de Laurent Fabius Jean-Luc Mélenchon, a "souhaité le succès de cette démarche et qu’elle aboutisse à une candidature unique" car il serait, selon lui, "inenvisageable de croire qu’à lui seul, le parti (socialiste) puisse avoir la majorité". " Si vous vous laissez transformer en poussière additionnelle, vous aurez réglé la sortie par laquelle vous passerez ensuite", a-t-il averti à l’adresse des responsables du collectif antilibéral. "Il n’y a pas de contradiction à vouloir cette candidature commune et à vouloir l’unité de toute la gauche", a lancé M. Mélenchon, en concluant : "Nous sommes capables de réinventer la gauche".

http://www.jean-luc-melenchon.fr

Messages

  • C’est bien joli tout ça , mais il va bien falloir se poser sur la bonne chaise , une bonne fois pour toute et arréter d’essayer de nous amuser avec des états d’âme.
    L’homme en sortira grandi et le combat plus authentique .
    JCM

    • tres beau texte de jean luc, tres belle prise de conscience des petits bonheur tout simple...Bravo d’avoir retrouvé la vue ...

      en réponse a JCM, laisser le temps aussi au personne de cheminer en eux, vers le bonheur, vers eux-meme , vers l’essentiel , la vie ...

    • Nous avons tous envie que cela réussisse et je ne pense pas que la tentative de Messieurs Fabius et Mélanchon à la candidature du PS soit anodine.Il faut bien trouver les pourcentages manquant quelque part et le PS en fait partie.La campagne n’est même pas commencée ,il ne faut pas s’attendre à ce que le mouvement soit des plus écouté.Les mass-médias ont réussi leur coup en imposant le couple Royal et Sarko dans l’esprit des gens.Les têtes pensantes antilibérales doivent bien avoir une idée pour la campagne.Certe il apparaît certaines divergences pour une alliance totale mais l’enjeu me paraît trop important pour que l’ego d’une quelconque figure politique ou syndicale passe avant l’intérêt du peuple qu’ils cherchent à représenter. Quelque soit le résultat des cinq (Bové, Buffet, Autain, Salesse et Braouzec) à la candidature c’est ici que notre vote doit se porter et ceux qui se lamente sur les qualités des uns et les défauts des autres n’ont peut être pas tout compris sur la construction d’un tel mouvement Il est évident pour moi que le mouvement est unis malgrés les apparences car en politique rien n’arrive par hasard. Comment faites-vous pour gagner une présidentielle sans les 500 signatures, sachant que le PS et il me semble (pas sur) l’UMP n’en donneront aucune ? Seul le PCF qui est parmi les pièces du moteur du mouvement a cette capacité.N’est il pas légitime que le parti propose Mme Buffet ? Ce n’est qu’une candidature à la candidature.A quoi cela nous servirait par conséquent d’ouvrir le vote aux militants puisque personne ne sera d’accord laissant une place à la division.Laissons cette responsabilité aux êtres (voyez-vous une objection à ce que je dise ...)compétents. Ne jouons pas avec le feu entre nous sachant que les vrais adversaires sont des pyromanes-pompiers.
      Il va de notre responsibilité de nous engager dans ce mouvement et d’entrer dans des débats qui se feront de plus en plus nombreux avec le temps. Pour cela il est plus facile de convaincre une personne voir un groupe en sachant de quoi on parle avec une bonne culture, une bonne connaissance du monde dont la réalite est à vomir, plutôt que de répéter, sans comprendre les paroles comme le font certains (sans citer de noms), les idées reçues.On peut trouver tellement de sites internet pour apprendre et comprendre notre société au niveau local, régional, national, continental et international pour aider le mouvement antilibéral d’être devant le PS qui n’a de socialiste plus que le nom. Le temps nous est limité et je n’ose croire que les français ne sachent pas quelle voie suivre si le débat porte sur la société dans laquelle nous vivons tous. Laissons le temps mettre en place cette alliance et apprenons à promouvoir ce programme qu’il faudra défendre, eux en haut et nous en bas pour la majorité.
      Devons-nous laisser "l’aquarium spatial" (la planète) dans lequel nous vivons tous entre les mains d’une minorité au nom de la propriété privée ?

  • Le rassemblement doit être conditionnel car sinon il est porteur de tous les dangers. Imaginons une fois de plus un ralliement à la gauche sociale libérale au simple mot d’ordre de battre la droite ! Cette gauche sociale libérale qui plongera davantage les plus exposés à la force centripète de la loi des puissants. L’amertume sera alors grande et le discrédit total et durable. Le vrai courage , la vraie vision politique est de savoir dire non à une unité de facade, électorale et d’avoir de vrais exigences en faveur d’un éventuel rassemblement et ce en toute transparence. Sinon tous ceux cités et les partis séculaires, finiront leurs vies en poussière. D’’autres espoirs seront alors à créer !
    Jacques Beauché

    • Le trouve très courageuse, belle et fidèle, la démarche de Jean-Luc Mélenchon. Sans concession mais avec poésie.
      Et il assume très bien son rôle.
      (Comme de son côté Fabius aussi qui a annoncé qu’il gardera sa ligne politique jusqu’au bout, comme au référendum).

      En ce qui concerne le problème de l’éventualité d’un gouvernement social-libéral qui n’aurait pas de vraie ambition de changement social et structurel,
      je trouve que le Collectif de la Gauche Anti-Libérale a très bien et clairement répondu :

       si pas en tête, désistement contre la droite et l’extrème-droite en faveur des mieux placés

       mais ni soutien, ni participation à une majorité et un gouvernement qui n’aurait pas un vrai programme et une véritable action de gauche

       dans cette hypothèse, l’attitude alors serait simplement d’approuver et soutenir les bonnes mesures et condamner les mauvaises.

       dans le cas où on arrive à un programme et une action de gauche seulement, participation au gouvernement

       bien sûr, si les collectifs anti-libéraux sont en tête au premier tour, c’est sur eux que se feront les désistements de gauche !

      Voilà, c’est honnête, c’est clair, c’est transparent, et surtout cela me semble juste et efficace !...

      Pierre F., Meudon.

  • au camarade Mélenchon,
    je ne sais si tu liras ces lignes, tout comme je ne sais si tu lis les courriels que l’on t’envoie (puisque tu n’y réponds point), je vais donc faire comme si tu étais mon lecteur.
    Tes envolées poétiques sont très belles et tes discours émouvants, mais j’aimerais que comme ton ami Revol lorsque tu parles des collectifs tu dises NOUS et pas VOUS, que tu te battes de l’intérieur des collectifs et cesses de regarder passer le train depuis ton siège de sénateur en restant dans une posture d’apparatchik
    Cesses de ménager la chèvre et le choux : nous encourager et rester dans un parti où tu vas être amené à soutenir une candidate sociale-libérale.
    Cesse de faire semblant, de te bercer de douces illusions, et d’utiliser des termes impropres : il n’y a pas des gauches, mais des expressions de sensibilité différente au sein de LA GAUCHE.
    Cesse de nous faire accroire à un PS de gauche : une partie en est , oui , mais l’autre prônant le blairisme, la famille type catholique, la fermeté, l’encadrement des jeunes par l’armée (des camps de jeunesse comme au bon temps du Maréchal ???).
    Cette partie à gauche, qui tend à devenir minoritaire si l’on en juge les résultats du vote interne, ferait mieux de s’inspirer du courage d’un Oskar Lafontaine.
    Qu’attends-tu pour venir mouiller ta chemise avec nous, comme tu l’as si bien fait en 2005 pour le TCE ?
    Prends tes responsabilités, et s’il te plaît ne nous fais pas le coup d’un Montebourg rallié de circonstance à Ségo perdant ainsi toute crédibilité politique.

    Fraternellement
    Thierry

  • héhé j’ai l’impression que les billets bucoliques québécois de ce cher Juppé ont fait école !

  • Difficile de choisir entre des idées (des convictions ?) et un siège de sénateur, même dans un train (de sénateur).

    Pourtant, l’heure du choix ne saurait tarder. Les militants socialistes en ont accéléré le processus. Car comme en 2005, les militants socialistes se sont trompés. Et comme en 2005, ce sont les électeurs qui vont le leur démontrer. Après le NON au TCE, après le piètre score que va réaliser Ségolène dans l’électorat de gauche (certe elle va ratisser au centre sur les terres de Bayrou, mais ça ne suffira pas), les Mélechon et autres socialistes de gauche vont bien devoir se positionner clairement.

    Un boulevard, on vous dit... et peut-être une bonne tranche de rigolade le 22 avril 2007 au soir devant les têtes incrédules de la caste médiatico-sondagière.

    RC de Toulouse.

  • UN PEU DE CALME, DE PATIENCE & D’EMPATHIE S.V.P !

    J’ai lu des commentaires peu sympathiques à l’endroit de Jean-Luc MELENCHON, ici et là.
    Or on ne peut absolument pas lui jeter la pierre : il a été clair sans cesse pour le combat contre le TCE et depuis.

    Qu’il soit sénateur et qu’on le brocarde car il doit se définir dans un cadre bien complexe, çà ne pouvait que lui demander réflexion et je ne vois pas en quoi çà autorise qui que ce soit de lui reprocher de "s’accrocher à son siège". Heureusement qu’il y a des élus comme lui, conscients de ce qu’ils doivent au peuple qu’ils représentent !

    En plus, je trouve que le texte de Jean-Luc MELENCHON est beau, sensible et... rejoins les impressions que j’ai moi-même eues samedi en sillonnant la campagne boccagée du coeur de la Champagne entre Brienne le Chateau, Montier en Der et Vitry-le-François. Je regardais les troncs blancs décharnés des bouleaux striant les feuillages roux des bois fermant les champs bordant la route...

    Aujourd’hui, lisant "l’HUMA", je trouve l’édito de Pierre LAURENT qui nous informe que Jean-Luc MELENCHON était à la tribune du meeting unitaire de Montpellier et un article qui indique que "PRS" (son courant) se tourne vers les collectifs antilibéraux" et que ses militants "veulent être "un trait d’union" au sein de la gauche"... Et je me dis que voilà une excellente chose !
    Car enfin, nous ne gagnerons que si le rassemblement... rassemble la diversité des antilibéraux ! Et c’est ce que nous voulons !
    Nous le voulons tellement, que certains ultras-révolutionnaires (qui n’ont jamais fait aucune révolution !) crachent sur les tribunes unitaires de l’A.U, de dépit !

    C’est que nous tenons le bon bout !

    On continue pour la gagne, sans sectarisme et en utilisant les armes que nous nous sommes forgés : programme, stratégie, et cheminement vers les candidatures à travers le collectif des portes-paroles. Bon courage !
    Fraternellement,

    NOSE DE CHAMPAGNE