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L’exigence démocratique au coeur de l’anticapitalisme

Publie le mercredi 7 mai 2008 par Open-Publishing
7 commentaires

L’EXIGENCE DEMOCRATIQUE AU CŒUR DE L’ ANTICAPITALISME

Les chats gris de la démocratie " fin de l’histoire "

La démocratie est un joli mot qui s’accommode à toutes les sauces. C’est à la fois un avantage et un inconvénient . La démocratie pour les néo-conservateurs se comprend dans un cadre limité mais valorisé celui des régimes occidentaux contre les régime orientaux . La démocratie est déjà là réalisée . L’idéologie démocratique fonctionne ici à plein régime. Mais la vision des sociaux-libéraux du PS n’échappe pas pleinement à cet achèvement de " la fin de l’histoire " : tout au plus, à écouter Mme Ségolène ROYALE, faut-il ajouter un brin de " démocratie participative " à la démocratie représentative occidentale . Le plafond de verre est là : la démocratie n’est certes jamais achevé mais nous sommes arrivé à un stade quasi maximal : il suffit d’améliorer ici ou là les institutions de la Vème République et d’insuffler de la " démocratie participative " et la Démocratie majuscule est réalisée. Pour les démocrates conséquents, ceux et celles qui joignent dynamique démocratique et anticapitalisme la démocratie se veut à la fois le moyen et le but. Mais le but est loin d’être atteint. Point de fin de l’histoire ni en version libérale, ni en version social-libérale. La fin démocratique mérite donc d’être précisée et distinguée afin de sortir la démocratie sans adjectif de la nuit ou tous es chats sont gris.

La démocratie est évoquée et invoquée à des phases fort différentes de l’histoire de son déploiement. Sortir du flou c’est avancer dans la compréhension du fait démocratique et de la raison démocratique. Ainsi lorsque la dynamique anticapitaliste se fait forte c’est aussi la dynamique démocratique dont il est question. Un mouvement qui vise la démocratie-but, l’alter-démocratie.

1 - Le " démocratique " ou la démocratie comme moyen.

La démocratie n’est sans adjectif que lorsque l’on évoque le démocratique c’est à dire l’acte citoyen, les pratiques (démocratiques), le processus concret en cours mais aussi dans un sens beaucoup plus large le mouvement populaire (démocratique) qui prends en charge son destin à tous les niveaux. Voir le démocratique comme dynamique c’est adopter une vision dialectique qui postule des résistances sociales, des résistances structurelles ou systémiques. C’est comprendre que la démocratie si elle n’est pas un état figé et sans histoire elle n’est pas non plus hors de certaine forme sociale-historique qui la bride (ou qui la favorise dans un cadre donné). La science politique décrit alors les caractéristiques de ses formes historiques athénienne, représentative, participative, de gouvernance, mais aussi populaire, autogestionnaire, socialiste.

2 - La séparation entre l’élu et le peuple : le phénomène délégataire.

Cette séparation est structurellement rattachée à la séparation entre l’Etat et la société civile sauf pour les associations et les syndicats. Elle est donc puissante (cf Bernard SARTRON lien ci-dessous) mais ce n’est pas une citadelle imprenable. Elle subie un double mouvement contradictoire l’un concerne les résidents extracommunautaires qui aspirent à devenir citoyen sans être nationaux, l’autre a trait au contrat de citoyenneté qui doit être resserré pour certains et plus distendu pour les libéraux qui défendent la gouvernance. Gérard PERREAU-BEZOUILLE tout comme la commission Démocratie d’ATTAC plaide pour la co-décision et pour la possibilité et la nécessité " de renouvellement de la citoyenneté toute entière, de réinventer le contrat passé avec les élus, d’étendre le champ d’action de la démocratie, de démocratiser en profondeur les institutions comme les entreprises, de permettre les conditions de la création d’une nouvelle république, d’inventer une citoyenneté mondiale … "

3 – L’alterdémocratie ou la démocratie comme fin

Gérard P-B poursuit : " Nous parlons bien d’un moyen d’émancipation de tous, c’est-à-dire d’une démocratie pensée comme fin et comme moyen, comme ensemble de droits à défendre, à construire, à conquérir et comme processus pour, en travaillant ensemble, forger déjà, par notre diversité, les conditions pour continuer d’avancer. Nous parlons bien des conditions de l’irruption effective du plus grand nombre dans le débat et la construction du politique. Si nous sommes convaincus que la démocratie est LE moteur du dépassement du capitalisme et de toutes ses formes de dominations, c’est bien au quotidien, en avançant ensemble que nous créons les conditions réelles pour avancer.

Bellaciao le vendredi 26 janvier 2007 (20h31) :
 VERS UNE "AUTRE DEMOCRATIE"

http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article41764

 Sortir la production de la tutelle du capital : pour une maîtrise citoyenne de la production

http://www.france.attac.org/spip.php?rubrique1035

4 - Le mouvement démocratique se déploie pleinement en temps de crise.

Le mouvement démocratique ne saurait se limiter à sa forme locale " participative " " consultative " comme supplément d’âme de la forme " représentative ". Mon propos n’est pas ici une critique de ce qui se fait à Poitiers pas plus qu’à Nanterre . Ce qu’il importe de noter et de répéter c’est que la tâche du mouvement démocratique est de bousculer partout les rapports sociaux contraignant et notamment les rapports sociaux de production et de distribution capitaliste tant dans la société civile et à tout les niveaux territoriaux que dans l’entreprise privée capitaliste et ce afin d’accéder à l’alterdémocratie. Si l’on reprend la fameuse formule de Lénine sur la crise révolutionnaire alors il faut nommer mouvement démocratique la dynamique révolutionnaire de ceux d’en-bas qui prennent en charge leur destin. Le mouvement démocratique dépasse le cadre étroit et étouffant de la démocratie libérale et de son hypocrisie.

Christian DELARUE

Commission " démocratie " d’ATTAC

1. Gerard PEZEAU-BEZOUILLE

http://maintenantagauche.org/?cat=5

 Démocratie libérale et hypocrisie : une combinaison nécessaire

http://www.france.attac.org/spip.php?article7312

 De la « représentation » à la « gouvernance néolibérale » ou du dévoiement de la critique de la représentation à son rétablissement possible

http://www.france.attac.org/spip.php?article7311

POUR UN ANTICAPITALISME QUI RENFORCE LE MOUVEMENT DEMOCRATIQUE

Bernard SARTRON a raison d’une manière générale mais cela ne doit pas conduire au pessimisme : Les dirigeants et élus de gauche ne veulent pas affronter le capitalisme

http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article65775

De très nombreux élus y compris de gauche ne veulent pas promouvoir une intervention démocratique qui viennent appuyer une démarche de rupture du cercle de fer qui enferme le mouvement démocratique dans le cadre des rapports sociaux capitalistes.

Pour étendre la démocratie rabougrie au-delà de ce cercle de fer, pour aller vers l’alterdémocratie il faut enclencher tout un ensemble de mesures dont une nouvelle RTT, une sécurisation du travail, une cadre juridique des élus qui empêche leur dissociation comme corps séparé des citoyens et du peuple, le droit de vote des résidents étrangers extra-européen,etc...

 DEMOCRATIE LIBERALE et HYPOCRISIE : UNE COMBINAISON NECESSAIRE
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article34057

Messages

  • Dans le 4, je fais comme si tous connaissait "la fameuse phrase de Lénine" :

    Pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque ceux d’en bas ne veulent plus et que ceux d’en haut ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher.

    in "La maladie infantile du communisme"

    Ici le mouvement démocratique explose le carcan ploutocratique, sort de la démocratie bourgeoise, restreinte et rabougrie et part vers l’alterdémocratie, la démocratie socialiste.

    Christian DELARUE

  • l’alterdemocratie ou democratie directe suppose comme prealable incontournable la fin ou
    la neutralisation des medias capitalistes actuels.

    De nombreux sites web diffusent une contre information de qualité qui ne depasse pas l’audience minime bien que vitale.

    Sans larges moyens d’informations libres pas de democratie, ni formelle ni directe.

    Ces conditions impliquent des transformations ( au besoin violentes) de l’Etat et des institutions, qui ne sont pas encore perçues comme imperatives.

    Les radicaux ne sont pas toujours la ou on le croit :

    Le président Wade préconise la suppression de la FAO

    mercredi 7 mai

    Abdoulaye Wade préconise la suppression de la FAO qui, selon lui, aurait échoué. Il propose, en remplacement, la création d’un Fonds mondial d’assistance à l’agriculture dont le siège serait en Afrique.

    Dans son allocution télévisée de dimanche, Abdoulaye Wade a affirmé que la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, était largement dépassée par des organismes concurrents plus efficaces.

    Il cite le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et l’ONG Oxfam.

    Selon lui, ces organisations feraient de meilleurs résultats et seraient moins coûteuses alors qu’il décrit la FAP comme un "gouffre financier".

    La réforme qu’il préconise consiste à transférer au FIDA tout l’actif de la FAO.

    L’étape suivante sera la transformation du FIDA renforcé en une nouvelle institution qui pourrait s’appeler Fonds mondial d’assistance à l’agriculture.

    Ce fonds aura obligatoirement son siège en Afrique, là où, selon le chef de l’Etat sénégalais, se trouve la plupart "des malades" du système agricole mondial.

    Ce n’est pas la première fois qu’Abdoulaye Wade s’en prend à la FAO.

    Il y a deux semaines, il avait engagé la polémique contre Jacques Diouf, le Directeur général.

    Il avait alors déclaré que la FAO prélevait pour ses frais de fonctionnement 20% de l’argent reçu pour aider au développement de l’agriculture dans les pays pauvres.

    Jacques Diouf avait démenti ces allégations.

    Sources BBC Afrique

    http://contreinfo.info/

  • Soyez plus clair.

    si vous voulez attendre la réalisation de l’"autogestion", vous faites fausse route.

    Si vous considérez que l’exigence démocratique est au coeur du changement de société, alors il faut nous donner votre position sur la réforme des institutions et la revitalisation de la démocratie dans notre société actuelle.

    Si vous dites qu’améliorer la démocratie "dite bourgeoise" ce n’est pas votre problème, c’est que vous ne savez pas que la démocratie est un combat permanent, continu et sans fin, et que vous ne vous placez pas dans l’histoire mais dans l’attente.

  • Pour étendre la démocratie rabougrie au-delà de ce cercle de fer, pour aller vers l’alterdémocratie il faut enclencher tout un ensemble de mesures dont une nouvelle RTT, une sécurisation du travail, une cadre juridique des élus qui empêche leur dissociation comme corps séparé des citoyens et du peuple, le droit de vote des résidents étrangers extra-européen,etc...

    Pour étendre le champ démocratique il faut des forces qui portent ce champ, une classe sociale en mouvement.

    Il est nécessaire de distinguer ce qui relève de la bataille pour des libertés démocratiques de ce qui relève de la batailles pour des organisations humaines (+) démocratiques.

    D’un côté on se bat pour des droits (libertés, droits d’organisations, etc) de l’autre on crée (ou essayer de créer) des organisations + démocratiques.

    Les uns ne s’opposent pas aux autres. Ils sont différents.

    Par exemple se battre pour le droit d’organisation dans une entreprise n’est pas exactement la même chose que de construire la dite organisation.

    En construisant l’une on pousse à l’obtention par les faits et le rapport de force du droit de le faire.

    Le champ corseté de la démocratie bourgeoise ne signifie pas qu’il ne faille pas chercher à étendre ce champ, même avec ses limites.
    Bien au contraire, l’extension de ce champ rend toujours très mal à l’aise la bourgeoisie (comme sa grande peur de la propositionnelle aux élections ou de référendums d’initiative populaire). Cerise sur le gâteau, l’extension de ce champ rend plus vivable la société , dégage des espaces, et permet de prendre plus gout à un système un tout petit peu + proche de la volonté populaire.

    Toutefois, la limite est ce que ne peut tolérer la classe dominante : Une organisation concurrente à son pouvoir dans les entreprises.

    Les poussées sociales dans les entreprises , les essais même limités de démocraties dynamiques de lutte , valent mille fois mieux pour le chemin vers l’autogestion que des rêves de décrets sur l’autogestion.

    Les coopératives qui existent ,ayant une efficacité économique comparable aux entreprises privées normales, dans un environnement qui n’est pas fait pour elles mais pour les entreprises capitalistes (ce qui explique t d’ailleurs un certain nombre de dérives d’une partie des coopératives) sont une vitrine du possible et de l’actualité du socialisme .

    Pour l’essentiel de la classe ouvrière actuelle , c’est bien de rechercher les chemins qui mènent vers l’appropriation des moyens de production afin de faire exploser la cadre restreint de la démocratie actuelle qui comptent.

    • Réponse à Bernard 29

      Si vous dites qu’améliorer la démocratie "dite bourgeoise" ce n’est pas votre problème, c’est que vous ne savez pas que la démocratie est un combat permanent, continu et sans fin, et que vous ne vous placez pas dans l’histoire mais dans l’attente.

      Je n’ai jamais dit qu’il ne fallait pas « améliorer la démocratie "dite bourgeoise" » et encore moins que « ce n’est pas votre (mon) problème ». Je suis d’accord avec ce que dit Copas à ce sujet . Ceci dit on ne peut améliorer ce qui structurellement va à l’envers !

      La démocratie est certes un combat permanent mais il ne peut être mené par tous de la même manière. Celui qui est élu à l’Assemblé e nationale ne peut faire la même chose que l’homme-de-la-rue ordinaire (femme itou) qui lui passe son temps au travail au service du capital, y compris parfois quand il est dans un service public !. Celui qui veut entré au Sénat conforte une instance anti-démocratique quelque soit son discours par aillleurs.

      Vouloir être Président de la République c’est avaliser le présidentialisme de la V République. Cela n’empêche pas Olivier Besancenot de se présenter à la présidentielle mais sans doute pas pour jouer au Bonaparte de la classe dominante. Je ne suis pas à la LCR mais il y a une certaine cohérence ici entre raison démocratique et raison anti-capitaliste. Non ?

      Christian DELARUE

  • La démocratie est morte depuis bien longtemps. Il n’en subsiste que les rites apparents qui ne changent plus rien et nous enfoncent dans un non avenir. Ce qui doit succèder à la démocratie, en la dépassant, n’est pas encore totalement mature mais apparait dès à présent comme sortant du cadre étroit dans lequel elle s’exprimait essentiellement : institutions, usages, répartition et délégation de pouvoir.

    Après la démocratie vient la démopédie, c’est à dire l’action collective reposant sur le pouvoir de tous, sur des choix collectifs fondés non plus sur la croyance et la conviction, mais sur la réflexion, le savoir et la prise en compte des besoins humains, hors de tout rapport de force, en application du droit naturel auquel chacun peut prétendre non pas du fait de son appartenance à un pays, un système, un régime ou un groupe mais directement en tant que bénéficiaire de la vie.

    L’économie doit s’intègrer à la démopédie et, retournant à son étymologie, redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cessé d’être : le juste partage des richesses. Entreprendre sera alors un acte politique majeur. L’instauration d’un financement différent, non capitaliste, des investissements devient indispensable. La crise financière actuelle, aux conséquences prévisibles sévères nous montre ce qu’il ne faut plus faire.

    L’appareil de production qui doit prendre la relève de celui très vétuste qui domine aujourd’hui par l’oppression et la spéculation, sera tout aussi technique et savant. La nature des entreprises ne changera pas. Ce sont les nouvelles productions de biens et de services qui devront viser et réussir à satisfaire les besoins humains essentiels, qu’ils soient solvables ou non qui feront la différence . La progression de la solidarité se mesurera, concrêtement, par le recul puis la disparition des fléaux actuels (réduction de l’échelle des revenus, qualité de vie accessible à tous, comblement des disparités sociales par un accès pour tous, non seulement aux soins, à l’éducation y compris la formation continue, liberté effective de circuler. Chacun verra ses demandes matérielles légitimes satisfaites notamment en terme de logement, de cadre de vie et de revenu.

    Le rôle de la puissance publique sera de créer les conditions qui permettrons d’équilibrer en permanence la demande et l’offre. Le critère de rentabilité des entreprises sera mesuré non plus par le résultat d’exploitation mais par la progresssion de la satisfaction des besoins légitimes.

    Cela induit bien sûr de redonner un sens à la souveraineté populaire, donc à restaurer LE politique, seul véritable adversaire à l’oppression néo libérale.

    Cela passe par la fin voulue, organisée, progressive de toute professionalisation des fonctions politiques. Le pouvoir doit descendre légitimement entre les mains des citoyens. Les responsables devront être désignés le plus souvent possible et majoritairement par tirage au sort. Les institutions nouvelles devront intégrer les technologies qui rendent possible la formation continue et approfondie des citoyens car il est justifié qu’ils soient consultés plus fréquemment, de façon incontestable et pas seulement à l’occasion d’une élection.
    Régis ROQUETANIERE

    • Mettre la politique aux commandes contre l’économie est certes un pas important pour encourager la demande démocratique mais le politique est encore un terme flou dans la mesure ou rien n’est dit de la préservation ou non des rapports sociaux capitalistes dans et hors l’entreprise.