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L’extrême droite perd son groupe parlementaire à Strasbourg

Publie le vendredi 16 novembre 2007 par Open-Publishing
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de Lacube Nathalie

Dix mois seulement après sa création, le groupe d’extrême droite du Parlement européen a été dissous mercredi dernier, victime de ses dissensions internes Le groupe Identité, tradition, souveraineté (ITS) était à l’ori­gine un ensemble disparate de 20 eurodéputés, dont plusieurs s’étaient illustrés pour leurs propos racistes ou xénophobes.

Présidé par le Français Bruno Gollnisch (FN), il comprenait sept Français, euro­députés du Front national, parmi lesquels Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine, cinq Roumains élus du parti de la Grande Roumanie de Corneliu Vadim Tudor, trois Belges du parti indépendantiste flamand Vlaams Belang, un Autrichien, le FPÖ Andreas Mölzer, deux Italiens nationalistes, dont la petite-fille du Duce, Alessandra Mussolini, un Britannique, Ashley Mote, et enfin, un Bulgare, Dimitar Stoyanov, du parti ultranationaliste Ataka.

Le groupe ITS était parvenu à se constituer selon les règles du Parlement européen (rassembler au moins 20 députés originaires de cinq pays) en janvier dernier, grâce à l’élargissement de l’Union européenne, à laquelle paradoxa­lement l’extrême droite s’est tou­jours opposée. C’était l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie qui avait permis d’atteindre l’objectif de 20 eurodéputés.

L’annonce de la dissolution de ce groupe a été accueillie mercredi par les ap­plaudissements d’une écrasante majorité des élus. L’un d’eux, le député autrichien Hans-Peter Martin, a accusé au micro Jean­ Marie Le Pen de lui avoir fait un bras d’honneur. C’est une grave altercation entre les élus italiens et roumains qui a fait voler en éclats l’unité fragile du groupe ITS. À l’origine du conflit, l’agression mortelle à Rome, le 30 octobredernier,deGiovannaReg­giani, 47 ans, épouse d’un officier de marine, par un jeune Tsigane roumain.

Choquant toute l’Italie, cet assassinat avait déclenché une vague de xénophobie anti-rom et anti-roumaine (lire La Croix du 7 novembre) et avait poussé l’Italie à expulser plusieurs Roumains. Le conflit italo-roumain s’est poursuivi au Parlement européen où Alessandra Mussolini a accusé, la semaine dernière, les Roumains d’avoir « fait de la délinquance un mode de vie » .

Un « amalgame inac­ceptable entre les criminels tsiganes et toute la population roumaine », a protesté à Strasbourg l’eurodéputé roumain Eugen Mihäescu. La petite-fille du Duce a, en retour, dénoncé des « déclarations insul­tantes » à son égard proférées par le parti Grande Roumanie, dont les cinq élus ont claqué la porte du groupe ITS. « Nous ne nous sentions pas bien dans ce groupe », a admis Eugen Mihäescu, qui se dit « contre la modification des frontières en Eu­rope », accusant les élus du Vlaams Belang de vouloir « couper la Bel­gique en deux » .

Par ailleurs, « nous n’aimons pas siéger aux côtés de gens qui fraudent le fisc », a-t-il ajouté, à propos de la condamnation en août du Britannique Ashley Mote pour avoir détourné 107000 € d’aide sociale. Bruno Gollnisch a accusé en retour les Roumains de faire de la surenchère « pour des mobiles de politique intérieure », alors que des élections européennes se tiennent le 25 novembre dans leur pays.

Le président du groupe socialiste au Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, s’est pour sa part fé­licité de la dissolution du groupe ITS. Selon lui, « la bonne nouvelle, c’est que l’internationale des ultra­nationalistes ne peut plus utiliser l’argent des contribuables européens pour promouvoir la xénophobie et le néofascisme » .

La Croix du 16 novembre 2007

http://www.la-croix.com/

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