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Publié dans l’humanité du 16 juin 2005
Les demandes de libération de Georges Cipriani et Nathalie Ménigon examinées aujourd’hui et lundi.
Incarcérés depuis 1987, accessibles à une libération conditionnelle depuis février dernier, les anciens d’Action directe (AD) entament désormais le long chemin procédural censé ouvrir les portes de leurs geôles. Il y a trois mois, ils ont déposé leurs demandes. Leurs dossiers répondent aux exigences légales (bénéficier d’un logement et d’un travail) nécessaires afin d’obtenir une conditionnelle. Restent les expertises psychiatriques qui doivent être favorables à leur sortie. Premier à se confronter, aujourd’hui, à la décision des juges, Georges Cipriani, cinquante-quatre ans, incarcéré à la centrale d’Ensisheim (Haut-Rhin). Après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, l’homme semble revenu à la raison. Et n’a plus qu’un souhait : aller vivre en Allemagne près de sa fille. « Ce qui ne sera pas facile à faire accepter. Il faudra notamment que l’Allemagne accepte de le recevoir », explique une proche. Son cas sera examiné cet après-midi par le tribunal de l’application des peines de Colmar (une collégialité de trois juges). La décision, même mise en délibéré, pourrait tomber dans la journée.
Lundi prochain, le cas de Nathalie Ménigon sera soumis au regard des magistrats d’Arras dans l’établissement pénitentiaire de Bapaume (Pas-de-Calais). « Son dossier est complet et positif, commente son avocat, Me Chalanset. Une enquête in fine favorable a été diligentée afin de vérifier le logement à la campagne et le travail de paysagiste qu’on lui propose. » Âgée de quarante-huit ans, Nathalie Ménigon est gravement handicapée suite à deux accidents vasculaires cérébraux. Deux demandes de suspension de peine, dans le cadre de la loi Kouchner, lui ont déjà été refusées. Elle a fait appel en janvier dernier.
La requête de Jean-Marc Rouillan, cinquante-deux ans, détenu à la centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) devrait être étudiée le 18 juillet prochain. Auteur de plusieurs livres, il s’est vu proposer par sa maison d’édition un poste de lecteur. Quant à Joëlle Aubron, libérée il y a un an à la faveur d’une tumeur au cerveau, elle ne peut accéder à une conditionnelle n’ayant pas purgé la totalité des 18 ans de sa période de sûreté. Son état de santé reste très préoccupant. Sujette à des crises d’épilepsie à répétition, les médecins ont détecté un corps qui appuie sur son cortex, et lui font actuellement subir une batterie d’examens. Deux diagnostics sont envisagés : une nécrose ou nouvelle tumeur qui nécessiterait une opération à haut risque.
Condamnés à une peine de réclusion criminelle à perpétuité, notamment pour les assassinats en 1986 du PDG de Renault Georges Besse et en 1985 de l’ingénieur général René Audran, les ex d’AD ont subi des conditions de détention draconiennes (sept années d’isolement total, un régime de surveillance drastique et autres interdictions et humiliations) qui éclairent sur leur état de santé dégradé. Afin de réclamer leur libération, une manifestation sera organisée, samedi devant la gare de Troyes (Aube), à 15 heures. Pourquoi cette date et ce lieu ? « Nous sommes à la veille de la Journée internationale des prisonniers, détaille Alain Pojolat, du comité de soutien Ne laissons pas faire. Nous voulons aussi insister sur le cas de Régis Schleicher, ex d’AD à qui les juges de Troyes ont refusé sa cinquième et dernière demande de conditionnelle. »
S. B.