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L’opposition libyenne repousse les forces pro-Kadhafi dans l’Est
Publie le mercredi 2 mars 2011 par Open-PublishingLes forces du colonel Kadhafi ont lancé une vaste contre-offensive mercredi dans l’Est libyen pour reprendre le terminal pétrolier de Brega, mais les violents combats semblent avoir tourné à l’avantage de l’opposition. Moammar Kadhafi a déclaré que des milliers de Libyens mourraient en cas d’intervention étrangère.
A La Haye (Pays-Bas), la Cour pénale internationale (CPI) a décidé d’ouvrir une enquête officielle sur de possibles crimes contre l’humanité liés à la répression du soulèvement en Libye. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a estimé qu’un millier de personnes pourraient avoir été tuées depuis le début du mouvement 15 février.
Les Etats-Unis accentuent aussi la pression sur Tripoli en rapprochant des forces aéronavales des côtes. Washington, Londres et d’autres pays de l’OTAN étudient la mise en place de zones d’exclusion aérienne en Libye pour empêcher les avions de Kadhafi de frapper les zones sous contrôle de l’opposition mais la France exige un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, auquel la Russie opposerait son veto.
Le colonel Kadhafi a répondu mercredi que toute intervention extérieure déclencherait un bain de sang. "Cela débouchera sur une guerre meurtrière et des milliers de Libyens mourront si l’Amérique et l’OTAN entrent en Libye (...) Nous nous battrons jusqu’au dernier homme et à la dernière femme", a-t-il lancé depuis Tripoli.
Après avoir passé une semaine à renforcer leur emprise sur la capitale et tenter de reprendre, avec un succès variable, les villes proches de Tripoli dans l’Ouest, les forces pro-Kadhafi ont lancé mercredi leur première grande contre-attaque dans l’Est, quasi entièrement tombé aux mains de l’insurrection.
A l’aube, de nombreuses troupes embarquées dans une cinquantaine de véhicules tout-terrain équipés pour certains de mitrailleuses ont pris d’assaut le port de Brega, à 740km à l’est de Tripoli. Pris par surprise, les quelques gardes du terminal pétrolier se sont enfuis, selon Ahmed Daouas, milicien anti-Kadhafi posté à l’entrée du port.
Les forces pro-Kadhafi se sont emparées du port, de la piste d’atterrissage et des installations pétrolières employant environ 4.000 personnes -c’est le deuxième site du pays-, tandis que des avions bombardaient un dépôt de munitions à la sortie de la ville d’Ajdabiya également tenue par les rebelles, à 70km de là, selon des témoins.
Mais l’opposition a riposté. Venus d’Ajdabiya, des hommes armés de fusils d’assaut ont repris le terminal et la piste, d’après Ahmed Daouas. D’autres témoins joints par téléphone par l’Associated Press ont affirmé que les rebelles encerclaient les forces de Kadhafi.
Un journaliste de l’AP sur place a constaté dans l’après-midi que les loyalistes s’étaient retranchés sur le campus de l’université voisine du terminal, assiégés par les rebelles. Dans le fracas des tirs de mitrailleuses et d’armes automatiques, des obus tirés depuis le campus survolaient les troupes anti-Kadhafi et s’écrasaient dans la Méditerranée. Un avion des forces gouvernementales a survolé la scène et tiré dans les dunes, selon un témoin.
La bataille a fait au moins six morts et 18 blessés dans les rangs des insurgés, selon des médecins de Brega. A l’hôpital, la foule en colère s’est réunie autour des cadavres en hurlant que "le sang des martyrs ne sera pas versé pour rien".
Pendant ce temps, à Ajdabiya, la population s’organisait pour défendre la ville, redoutant qu’elle ne soit la prochaine cible des forces de Tripoli. Des centaines d’habitants armés de Kalachnikovs, de fusils de chasse et de quelques lance-grenades ont pris position sur la route de Brega, où ont été installés deux gros lance-roquettes et un canon anti-aérien.
Selon des opposants, Kadhafi pourrait être en train de faire venir par avion des renforts des bases du désert du sud-ouest de la Libye, des régions qu’il contrôle encore.
A Sebha, dans le Sahara, fief de Kadhafi qui abrite des bases militaires, à 560km au sud de Tripoli, des habitants ont ainsi fait état d’une intense activité à l’aéroport mardi soir, selon un opposant d’Ajdabiya, Abdel-Bari Zouei.
Dans son intervention mercredi, Moammar Kadhafi a violemment critiqué l’aide humanitaire apportée par l’Union européenne aux autorités autoproclamées de Benghazi, la deuxième ville du pays tenue par l’opposition dans l’est du pays. Il a déclaré que les Libyens qui accepteraient l’aide internationale se rendraient coupables de "haute trahison", et menacé de remplacer ses partenaires occidentaux par des Chinois et Indiens dans les hydrocarbures.
Agitant par ailleurs le spectre d’une vague d’immigration africaine vers l’Europe, il a affirmé qu’il n’y aurait pas de stabilité en Méditerranée s’il n’y a pas de stabilité en Libye". AP