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LAÏCISME ET RELIGION : les voiles de l’Occident

Publie le jeudi 7 octobre 2004 par Open-Publishing
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de LEA MELANDRI

A la différence de ce que nous sommes amenés à penser, la défense d’une identité propre ne commence pas par le « choc » avec le différent mais le crée au moment même où la poussée à s’intégrer se fait plus forte. Autrement on n’expliquerait pas
le radicalisme de certains groupes islamistes, comparé avec l’attitude religieusement indifférente de la majorité des musulmans présents en Europe. L’opposition frontale, laïcisme - religion, qui a émergé en France sur la question du « voile » et en Italie quand on a envisagé la création de « classes islamiques » dans l’école publique, circonscrit des mondes abstraits, incapables de voir leurs traits communs.

Au contact avec un Islam qui exaspère le lien entre la théologie et la loi, les appartenances liées à l’inégalité sociale s’affaiblissent, la diversité et le conflit ne semblent plus surgir de raisons économiques et politiques, mais de « différences » plus radicales qui entraînent le cadre historique du « privé » ; le corps, la naissance, la mort, le bonheur, le rapport entre les sexes. L’Occident est contraint à déchirer quelques-uns de ses « voiles », à interroger des refoulements anciens et actuels ; les interférences qui perdurent entre l’Etat et l’Eglise, entre laïcs et catholiques, mais aussi la crise de la politique et de ses institutions. Des transformations qui ne peuvent pas être régulées seulement par les lois, parce qu’elles concernent la « personne » dans sa totalité, contribuent aujourd’hui à porter atteinte à la séparation de la sphère publique vis-à-vis des autres sphères. La politique, si elle ne veut pas disparaître, est contrainte à se confronter avec des problèmes laissés jusqu’ici à l’éthique, à la religion, à la responsabilité de l’individu.

A l’intérieur de ce cadre : la nouvelle conscience par laquelle on considère les nouveaux rôles du masculin et du féminin, la sortie des femmes d’une condition historique de soumission, ne serai-ce que pour revendiquer la « liberté de s’aliéner », en voilant où en dévoilant ce corps à l’intérieur duquel elles ont été si longtemps cantonnées ; le rapport avec la corporéité, qu’il s’agisse de la guerre, de la maladie, de la faim ou des manipulations génétiques ; la chute des frontières entre le proche et le lointain, entre l’ici et l’ailleurs, qui déplace la solidarité et la défense hors du cadre rassurant de la géographie politique. Et enfin : l’entrée dans un temps qui est défini en termes de « risque » et de « précarité », dénominateur commun qui traverse la vie des individus, de la société, du monde privilégié et des déshérités.

Réduire les interrogations que pose une société multiculturelle aux pôles opposés, l’Etat et la religion, veut dire ne pas voir les lieux réels à l’intérieur desquels se passent les changements : les maisons, les familles, les écoles, les lieux de travail et ceux de loisir. Si, comme l’écrit Amos Oz, nous ne sommes pas des « îles » mais des « presqu’îles », par moitié enracinées dans des contextes historiques particuliers et par l’autre moitié ouvertes vers l’océan, on peut aussi ajouter que cette grande mer ouverte qui se profile devant nous n’est pas l’imprévisible, le totalement « autre », mais cette appartenance à l’ « humain » que nous hésitons encore à intégrer, au-delà de la différence de sexe, de religion, de nationalité et de langue.

Il Manifesto, 6 octobre 2004

Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao

Messages

  • Votre verbiage, vos cuistres allusions à la "corporéité" (sic) sont pénibles.

    Il ressort toutefois que vous revendiquez le droit à réclamer votre aliénation.
    Cela nous laisserait de marbre si vous étiez seule en cause.

    Tel n’est pas le cas.

    Que vous n’ayez pas eu à subir le joug de l’islam dans les banlieues ou dans le monde arbo-musulman ne vous autorise pas à énoncer des inepties absconses qui ont le douloureux corollaire de servir la cause des oppresseurs.