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LCR : l’idylle LCR-LO tourne à l’aigre

Publie le samedi 28 août 2004 par Open-Publishing

Réunis pour leurs journées d’été, les militants de la LCR font un retour sur les dernières élections pour tenter de cerner les causes de leur échec. Avec, en toile de fond, un fort vent de remise en cause de leur tête-à-tête électoral avec LO.

de Sébastien Crépel, Port-Leucate (Aude),

Un spectre hante la LCR : celui des dernières élections, que d’aucuns reconnaissent être un " échec " pour la formation trotskiste. Aux européennes, le 13 juin dernier, les listes LCR-LO n’ont en effet atteint nulle part la barre des 3 % des voix. À Port-Leucate, depuis mercredi, le retour sur les résultats, en deçà des espérances, obtenus par les listes d’alliance conclues avec Lutte ouvrière a fait l’objet de plusieurs séances lors des journées d’été du mouvement d’Alain Krivine et d’Olivier Besancenot. Une programmation qui répond au besoin de débattre des militants, auquel pour sa part le parti d’Arlette Laguiller n’a pas jugé utile de donner suite, ayant décliné l’invitation de la LCR, regrettaient mercredi les participants réunis au bord de la mer.

Au centre des controverses : la part de responsabilité que porte le pacte avec Lutte ouvrière, et les termes dans lesquels il a été conclu, après l’échec connu aux dernières élections. Un jour neuf, à la faveur de l’éclairage qu’apportent les résultats électoraux, pour un débat qui ne l’est cependant pas. " On ne peut pas dire que l’on ne découvre qu’après coup les facteurs qui ont conduit à la déconvenue électorale ", fait valoir Francis Lister, opposant des premières heures, avec sa tendance réunie autour de Christian Picquet, à un accord " exclusif " avec Lutte ouvrière, qui a condamné la LCR à " ne pas explorer d’autres potentialités " de partenariat. Avant les élections, les récalcitrants à cette option avaient alors représenté environ 30 % des voix du parti. Aujourd’hui, ils estiment que la stratégie retenue en marge du clivage gauche-droite a condamné LCR à apparaître comme " extérieure " au mouvement de rejet de la droite qui s’est exprimé lors de ces élections.

À en juger par les interventions dans la salle, le caractère " peu opportun " du tête-à-tête avec LO semble avoir gagné du terrain dans les esprits. Nombreux sont ceux à attribuer les mauvais résultats à l’alliance étouffante avec LO, et à réclamer une réorientation de la LCR en des termes crus : " Arrêtons avec ces conneries ! ", s’énerveront quelques intervenants durant le débat, en référence explicite à la stratégie électorale de leur mouvement. Du côté des défenseurs jusqu’au bout du duo avec l’autre mouvement trotskiste, en effet, les injonctions à " ne pas rester dominés par l’instant électoral " pour relativiser l’échec et à en attribuer essentiellement les causes à des " événements extérieurs " semblent ne pas faire recette dans l’assistance. Même Alain Krivine, monté au créneau en fin de débat pour essayer d’emporter le morceau, pataugeait quelque peu en assénant derechef qu’il n’existait pas d’alternative à l’alliance avec LO, et que la cause du revers électoral résidait dans " le manque de crédibilité de l’extrême gauche dans les institutions ".

Cette dernière idée renvoie, en tous les cas, à un " déchirement bien réel " qui traverse la LCR, résumé en ces termes par un intervenant, dans un atelier au thème voisin : la " difficulté qu’il y a, pour nous, à assumer des positions d’élus dans le système capitaliste ".

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-08-27/2004-08-27-399419