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LE CRI DE COLERE DE DEUX PARENTS : L’ETAT NOUS A NIE LE DROIT A LA JUSTICE !
Publie le lundi 1er mars 2004 par Open-PublishingCommuniqué de
presse
Les parents d’un garçon "mort de service" pendant son service militaire obligatoire
ont découvert que leur fils avait été enterré nu, maculé de boue et enfermé dans
un sac en plastique. Mais pour la magistrature tout a été fait dans les règles :
il n’y a aucun outrage. Un cri de colère contre le classement de l’enquête, décidé le
26 février 2004 après six ans de non-enquête.
MESSAGE AUX PERSONNES DE BONNE VOLONTE
Le 9 février dernier, avec nos avocats Livio Bernot et Roberta Mazza du parquet
de Gorizia, nous avons enfin été écoutés par le Juge des Enquêtes Préliminaires
qui le 26 février, seulement 17 jours après l’audience, a décidé de classer notre
demande d’enquête sur la mort de notre fils, mort pour servir l’Etat qui lui
a nié justice.
Devant nos yeux de parents aujourd’hui il n’y a pas l’image d’une loi égale pour
tous, mais celle d’une magistrature immonde et arrogante qui depuis 5 ans et
8 mois se cache les yeux, se bouche le nez et les oreilles pour ne pas voir ni
entendre les pièces officielles de cette histoire, les autopsies faites et puis
détournées du dossier, les documents détaillés que nous avons présentés, toutes
nos demandes de justice à propos du meurtre de notre fils Roberto, et de l’outrage
de sa dépouille qui a suivi.
Roberto est mort dans ce maudit et obsolète service obligatoire, dénommé service
militaire, qui conditionne la vie des jeunes au même titre que ces régimes totalitaires
que notre pays a toujours critiqué et condamné. Le service nous arrache nos fils, élevés
avec nos seules forces (sans crèches, sans allocations pour l’"école obligatoire",
avec une assistance maladie, le plus souvent payante, et sans perspectives pour
leur futur) et avec tout l’amour que seuls les parents peuvent avoir pour leurs
enfants.
Après presque six ans d’attente, depuis cette unique audience 17 jours ont suffi
pour dire encore une fois que c’était le hasard qui avait tué notre fils, en
même temps que trois autres militaires et une femme civile.
Notre fils était en service militaire obligatoire, loin de sa maison et en temps
de paix. D’après le juge qui a classé l’enquête, l’enterrer nu comme un vers,
sale comme un cochon, tordu et débraillé comme une branche sèche "même si c’est
répréhensible, n’est pas condamnable".
S’agissant d’un acte qui est reconnu licite et insignifiant du point de vue légal,
le juge au nom du peuple italien a légitimé que les militaires qui perdent la
vie au service de la patrie dans le futur pourront être jetés dans le cercueil
nus et sales, ceci devenant la coutume normale et quotidienne, et les responsables
resteront impunis et impunissables.
Et le repris de justice notoire Giuseppe Calabrese, propriétaire des pompes funèbres "Amadeus",
déjà condamné pour d’autres délits, sortira sans taches de cette histoire, même
après avoir arnaqué sur le transport des cercueils contenant les corps de notre
fils et des autres militaires morts avec lui.
Cette arnaque, et ces cercueils, étaient couverts d’un drapeau tricolore, avili,
outragé et utilisé tel un torchon misérable pour cacher ces infamies.
Pour la magistrature il est insignifiant qu’on ait nié aux parents de ces morts
en temps de paix le droit à la due reconnaissance des cadavres.
Aux parents des morts de Nassiriya on a permis de rouvrir les cercueils, une
fois rentrés en Italie, pour cette tâche triste et douloureuse. Une fois de plus,
l’Etat a montré que pour la politique il y a des morts de "première catégorie" et
d’autres de "deuxième", comme les garçons morts de leucémie à cause de l’uranium
appauvri, qui dans de très nombreux cas n’ont pas obtenu la reconnaissance de
la cause de service liée à leur maladie.
Notre fils n’a pas été célébré par les plus hautes autorités de l’Etat, mais à nous
les parents, une cérémonie funèbre digne nous aurait même suffi. Ce que nous
avons eu, au contraire, c’est une pauvre cérémonie tenue à l’intérieur de la
caserne M. Feruglio M.O., dans une cour où les poubelles étaient à quelques mètres
des cercueils de notre fils et de ses trois camarades.
Les murs de cette caserne sont surmontés par le fameux ordre "Limite infranchissable - surveillance
armée", et la cérémonie funèbre nous a donc été refusée. Les parents de ces militaires
morts en temps de paix ont reçu leurs enfants directement à domicile, livrés
dans de vulgaires et anonymes fourgons utilisés habituellement pour le transport
de marchandises sans valeur.
C’est ainsi que nous avons compris que l’Etat considère sans valeur les cercueils
de nos enfants, tombés pour servir la "patrie" ingrate et infidèle, représentée
par un monde politique et par une hiérarchie militaire qui ont répondu au serment
de fidélité à la République fait par nos fils par l’outrage, en protégeant non
seulement les assassins, mais aussi le repris de justice qui n’aurait pas pu
faire impunément tout ce qu’il a fait s’il ne jouissait pas des protections opportunes.
Ces protections aujourd’hui n’étonnent plus personne, les pages des journaux
sont pleines tous les jours d’actes honteux qui nous placent au même niveau que
ces pays que nous avons toujours condamnés au nom de la justice et de la démocratie :
les régimes de Pinochet, Didi Amin, Ceausescu, Saddam Hussein, et autres.
Notre classe politique dirigeante nous rend honteux devant l’humanité, et à nos
yeux de parents violés, offensés et outragés, la politique adoptée à notre égard
par le Parlement et la Magistrature nous semble une politique digne de la pire "association
criminelle" : les Andreotti, Amato, Prodi, D’Alema, Fassino, Berlusconi, Ciampi
sont tous pleins de belle rhétorique pour la mort de "nos garçons" quand cette
mort est sous les lumières de la presse, mais deviennent tous aveugles et sourds
aux invocations de justice du peuple "opprimé", arnaqué et dupé après avoir cru
et espéré en un pays vraiment libre et juste.
La justice au service du "pouvoir armé" oblige à l’éternel silence les témoins
incommodes, comme dans le "Cas Ustica", dans le "Cas Ilaria Alpi", dans le "Cas
Piazza Fontana" et dans beaucoup d’autres situations. Autour des Forces Armées,
il ne faut jamais faire de bruit. A ce diktat se conforme aussi la magistrature :
avec l’arrêt d’aujourd’hui elle l’a montré encore une fois et sans équivoque.
A la lumière de tout cela et du mal que ce pays nous a réservé, nous refusons
une identité nationale dans laquelle nous ne nous reconnaissons pas, nous refusons
de respecter des personnages qui ne méritent aucun respect en tant que responsables
du meurtre de notre fils, de son outrage et des mensonges construits pour cacher
la vérité que nous connaissons bien. Ces hommes ne représentent pas l’idéal d’Etat
souverain, mais l’anti-valeur de l’ abus de pouvoir et continuent de nier cette
justice qui nous rend véritablement libres, et qui ne doit pas être professée
seulement par des mots vides et hypocrites, mais aussi avec des actes concrets
de justice envers notre famille et toutes les familles des jeunes morts en uniforme,
tombés même en temps de paix et en terre de paix.
Maman et Papa Garro, parents du chasseur alpin Roberto Garro
Pour contacts et informations :
Co.Ge.Mil.
COMITATO GENITORI DI MILITARI CADUTI IN TEMPO DI PACE
Référents : Angelo Garro et Anna Cremona
Tél.Fax : +39 02 73 89 527
Mobile : +39 338 93 51 886
E-mail : cogemil.caduti@libero.it
http://www.alpinorobertogarro.it
Traduit de l’italien par Antonio
01.03.2004
Collectif Bellaciao