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LE DÉNI DES PRISONNIERS , REFLET DE LA MENTALITÉ BUSHIENNE L’âme perdue des Etats-Unis

Publie le mercredi 12 janvier 2005 par Open-Publishing
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CHOC DE CULTURE ENTRE DEUX OCCIDENTS...

de Adriana Evangelitz

Suite à un article paru dans le Nouvel Observateur, la vision de la soldatesque
américaine, quant à sa façon de traiter les prisonniers, nous laisse pantoise
et on ne peut plus dubitative. Le pays de la bannière étoilée aurait-il perdu
son âme ?


"Il n’y a rien de mal à empiler des prisonniers nus ou à les tenir en laisse." a
déclaré l’avocat du bourreau Charles Graner. En effet, quoi de plus normal ou
de plus naturel ? Il pousse même l’indécence jusqu’à rajouter : "Partout
aux
Etats-Unis, les majorettes forment des pyramides. Ce n’est pas de la torture.
" Guy Womack est-il avocat ou bien un guignol de service chargé de dérider l’atmosphère d’un tribunal austère ?

Car quelle comparaison peut-il bien trouver entre des majorettes sensées animer un spectacle et des êtres humains dénudés par la force et empilés comme des tas de viande dans un abattoir ? Mais le cynisme de cet individu ne s’arrête pas là. A propos de la photo de Lynndie England tenant en laisse un prisonnier nu, il persifle « Cette photo n’a rien de choquant, car des parents tiennent aussi leurs enfants avec une longe. Allez dans les centres commerciaux, les aéroports, vous verrez des enfants tenus en laisse par leurs parents. » Là aussi, nous apprécions la comparaison ô combien éloquente. Si son client gagne le procès avec de tels arguments c’est que le niveau intellectuel de la justice américaine est aussi peu élevé que celui de ce mauvais redresseur de torts. Nous déduisons donc de ses propos anachroniques que l’armée US se conduit comme une mère attentive avec les prévenus qu’elle doit interroger. Elle « les bat jusqu’à ce que mort s’ensuive, les oblige à se pratiquer mutuellement des fellations, les force à se masturber debout devant d’autres détenus qui sont à genoux et obligés d’avoir la bouche ouverte. » Se rend-il compte, l’avocaillon, des énormités qu’il profère ? Et l’infâme Graner de poursuivre : « le chrétien en moi reconnaît l’erreur mais l’officier de correction que je suis ne pourrait pas résister à faire pisser un homme dans son froc ». Ce discours nauséabond prouve bien le degré de sadisme de cet horrible personnage qui, s’il ne tenait qu’à nous, subirait le même sort que ses victimes, histoire de voir s’il apprécie les propres méthodes qu’il applique aux autres avec tant de zèle et de plaisir ! ! ! Et idem pour la Lynndie England... tous les deux dans le même cul de basse fosse ! ! ! Et pour finir, en guise de cerise sur le gâteau, l’avocat débile conclut que les soldats ont pris ces photos avec leur appareil numérique parce qu’ils « ne pensaient pas faire quelque chose de mal ». Ben voyons...

S’ils ne pensaient pas « faire quelque chose de mal » alors où se situe le bien ? A lire toutes ces insanités, nous ne pouvons nous empêcher de nous poser quelques questions quant au degré de moralité de ces tristes sbires. Mais à bien y réfléchir, ils sont à l’image de celui qui les dirige et qui se dit aussi chrétien. Ces gens-là possèdent une façon bien particulière de suivre l’Enseignement du prophète Jésus qui, à coup sûr, doit se retourner dans son ciel. Ici, nul pardon, on assassine sans états d’âme et sans raison tout ce qui n’est pas dans une tradition pseudo-évangélique. Ce qui prouve bien la tournure malsaine que leur foi a malheureusement empruntée.

L’âme de l’Amérique est malade. Agonisante. Le ver est dans le fruit, profondément ancré. L’élite viciée qui gouverne ce pays est en train d’imprimer son empreinte corrompue sur une grande majorité de la population. Les nobles valeurs, inhérentes au respect des droits de l’homme, sont littéralement balayées pour laisser la place aux démons hideux qui dorment dans le coeur de Bush et de ceux qui le manipulent.

Mais d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? Peut-on véritablement se réclamer de Dieu et en même temps des Skull and Bones quand on connait les rituels sexuels auxquels est soumis tout nouvel aspirant qui sera affilié à cette loge secrète ? Peut-on décemment appliquer la compassion, la tolérance lorsque l’on est inféodé à une secte qui prône le débridement de tous les sens et la concupiscence ? Est-il possible d’être en même temps l’apôtre du bien et celui de l’Ombre ? La vie humaine a-t-elle une quelconque importance pour ces dirigeants machiavéliques asservis à l’ambition, à la rapacité et qui usent de tous les moyens pour parvenir à leur fin ? Que connaissent-ils de la misère humaine ceux qui font leur fortune en exploitant l’homme et en lui déniant non seulement le droit au respect mais aussi celui de vivre ?

Les crapules qui naviguent dans les hautes sphères du pouvoir étatsunien ont depuis longtemps dépassé le stade de se mettre à la place des autres... s’ils ne l’ont jamais su. Seul le résultat compte. Que les prisonniers d’Abou Graib, de Guantanamo ou de dizaines de centre de torture opérationnels dans le monde(1) soient traités avec un mépris absolu, la plus extrême des cruautés n’est pas ce qui les préoccupe. Ils se contentent de donner des ordres à des individus sans conscience, sans scrupules. Méprisables robots de chair. Ces derniers les exécutent à la lettre en y ajoutant, bien sûr, une touche de perversité personnelle, sans rechigner, tout naturellement et en forçant même la dose dans l’échelle du sordide. Ce sont les coutumiers de l’horreur. Ils y font leur lit dedans et s’y vautrent jusqu’à plus soif. Pour cette engeance-là, la guerre est une aubaine. Ils peuvent laisser libre cours à leurs fantasmes inavoués, leurs mauvais instincts, leurs penchants criminels et se défouler sur d’innombrables victimes qui seront forcément consentantes...

Nous assistons-là à une dangereuse déchéance morale, une dérive pernicieuse dans ce pays et elle ne peut être sans répercussion navrante pour tous les peuples du monde. Car comme le dit si bien Susan Sontag : « Comment quelqu’un peut-il exulter face à la souffrance et à l’humiliation d’un autre être humain ? Mettre des chiens de garde sur les jambes et les parties génitales de prisonniers effrayés ? Obliger des prisonniers menottés, encapuchonnés à se masturber mutuellement ou à simuler des fellations ? Et vous êtes assez naïf pour demander, alors que la réponse est évidente, si des personnes font ce genre de choses à d’autres personnes. Le viol et les sévices infligés sur les parties génitales sont une des formes de torture les plus courantes. Pas seulement dans les camps de concentration nazis et à Abou Ghraïb à l’époque de Saddam Hussein. Les Américains aussi l’ont fait et le font quand on leur dit de le faire ou quand on leur fait comprendre que ceux qui sont complètement en leur pouvoir méritent d’être humiliés et tourmentés. Ils le font quand ils sont amenés à croire que les gens qu’ils torturent appartiennent à une race ou à une religion inférieure. C’est pourquoi la signification de ces photos n’est pas seulement que de tels actes aient été pratiqués, mais que ceux qui les ont commis n’avaient apparemment pas la moindre idée qu’il y avait quelque chose de négatif dans ce que montrent les images. » Susan insiste sur le fait que ces photos ont été publiées « pour le fun » et rajoute non sans amertume : « cette conception du « fun » fait hélas de plus en plus partie - contrairement à ce que le président Bush raconte - de la vraie nature et âme des USA. » Les mots sont lâchés.

En quelques phrases, elle décrit sans complaisance ce que nous ressentons nous-mêmes. Comme un malaise diffus car oui, il se passe quelque chose d’anormal outre-atlantique... quelque chose que nous ne pouvons ni tolérer ni cautionner et encore moins accepter. Si nous sommes occidentale, nous ne nous reconnaissons pas dans ces schémas hideux diligentés et véhiculés par les entités cyniques siégeant au Pentagone ni par ceux qui leur obéissent aveuglément. Ces gens-là ne sauraient en aucun cas être un exemple et nous pensons même que l’océan qui nous sépare est infini.

Le choc des civilisations dont parlait Huntington est caduque. Car les USA n’ont aucune civilisation contrairement à ce qu’ils nomment sarcastiquement « la Vieille Europe ». Nous pensons sérieusement que le réel problème ne vient pas de l’Orient. Mais qu’il existe déjà entre l’Amérique de Bush et nous, un décalage qui ne fait que s’accroître avec le temps. Le bloc occidental n’est plus qu’un mythe passablement lézardé et la rupture ne tardera pas à être consommée. Il y a bien longtemps que nous ne nous situons plus sur la même longueur d’ondes. Nous sommes en train d’assister à « un réel choc de culture ». Car l’Europe, même si elle n’est pas homogènement parfaite dans la totalité de ses individus, porte en elle un noble héritage, des traditions millénaires où le respect de l’autre n’est pas un vain mot. Les territoires sur lesquels nous avons la chance de vivre aujourd’hui ont été gagnés à la force de l’épée dans des luttes entre peuplades rivales. Nous ne nous sommes pas emparés de terres en génocidant ceux qui avaient le malheur d’y vivre avant nous. Les guerriers d’une autre époque gagnaient leur sol à la force du poignet, sans se départir d’une certaine loyauté et les conquêtes de jadis ne se déroulaient pas sans un certain sens de l’honneur. Nous possédons une Histoire que les Etats-Unis ne peuvent se targuer de détenir. Mais comme tout pays nouvellement créé, leurs dirigeants possèdent la tare empirique de vouloir surpasser ceux qui pourraient leur servir de modèle en omettant de retenir les leçons de leurs aînés. Ils font feu de tout bois pour imposer de gré ou de force leur label douteux, leur griffe délétère, sans tenir compte des différences les opposant aux peuples, porteurs de civilisations, qu’ils veulent asservir, soumettre à un diktat qui n’inspire rien de bon et, par là-même, altérer et vicier tout ce qui ne leur ressemble pas. Or, ce qu’ils croient être des valeurs profondes ne sont pour nous que d’abjectes leçons d’immoralité où les mœurs décadentes l’emportent sur la raison éclairante.

Les odieuses photos des prisonniers d’Abou Graib diffusées dans le monde entier, ne sont que le reflet de la déchéance dans laquelle sont tombés ceux qui s’adonnent à de telles pratiques. Cette prison n’est pas un cas isolé, il en est de même dans toutes les geôles contrôlées par les américains et qui ne sont pas sans rappeler un certain parallèle avec celles d’Israël. Ce qui prouve bien le degré de banalisation non seulement des sévices sexuels mais également le plaisir que prennent les tortionnaires dans ce sordide voyeurisme.

Lorsque l’on connait la pudeur des orientaux sur le sujet, on sent bien là une volonté délibérée d’infliger sciemment les pires outrages « à l’étranger » dans l’unique intention de le briser intérieurement. On peut y voir aussi la préméditation d’un acte destiné à souiller, avilir, corrompre et inférioriser ce qui est le plus sacré chez un être d’une autre culture. Et, par là-même, pousser l’humiliation jusqu’à un degré si extrême que la souffrance morale ne pourra qu’être aussi insupportable et déchirante que sera la douleur physique. Avec tout ce que cela peut générer d’irréversible dans les séquelles traumatisantes pour ceux qui auront eu la chance d’en réchapper. C’est dire jusqu’à quel point la cruauté et le vice sont savamment distillés, entretenus et pratiqués dans l’unique dessein d’atteindre l’insoutenable paroxysme de l’abject. Comment peut-on alors admirer ou respecter ceux qui bafouent à ce point les valeurs essentielles ?

Lorsque les sévices sexuels sont devenus l’apanage des bourreaux... lorsque les tortionnaires se livrent aux pires obscénités allant, par exemple, jusqu’à uriner sur leurs victimes, en guise de préambule aux turpitudes à venir... et lorsque, de surcroît, ces individus innommables prennent un malin plaisir à photographier, en toute sérénité, leurs actes odieux comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, il nous est fortement permis de douter non seulement de leurs facultés mentales, de leur raisonnement d’humain mais aussi, à travers eux, d’exprimer de nombreuses réserves quant à la moralité de ceux qui les gouvernent.

Il est donc fort à craindre que le mur d’incompréhension existant entre les Etats-Unis et la « Vieille Europe » ne pourra que se renforcer, dans un proche avenir, si les dirigeants du Pentagone persévèrent dans cette voie délictueuse. L’Occident sera alors obligé de se scinder en deux. Car il est absolument hors de question que nous nous reconnaissions dans ces méthodes n’ayant rien à envier au régime nazi dont le grand-père de Bush était un fervent zélateur. Qui n’a pas vu les photos de ces longues files d’hommes et femmes dénudés dans les camps de concentration ? Et qui peut prôner de telles pratiques sans se voir condamner au même titre que les SS qui eux aussi portaient l’insigne des Skull and Bones ? Doit-on y voir un sinistre présage ?

Englober tout l’Occident dans ces parangons d’inhumanité que sont Bush et ses acolytes serait se méprendre. Ils n’ont aucune leçon à nous donner car ils ignorent l’Histoire des peuples et leur ignorance entraîne arrogance, insolence, irrévérence et le déni de l’humain. L’avenir de notre monde ne peut se bâtir sur de tels critères, source de tous les fléaux et de toutes les guerres qui le minent. Ne pas être conscient de ce grave problème c’est exposer l’Humanité entière à tous les dangers et recommencer au niveau planétaire la triste expérience de la dernière guerre dont l’ombre plane encore sur l’Europe. Un vent mauvais, venu d’ailleurs, souffle sur nous et sa pestilence altère notre atmosphère et pourrait même dans les mois à venir la rendre irrespirable.

« Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. » a dit l’élu de Dieu... en regardant les photos des détenus d’Abou Graib, il nous est possible de saisir la véritable dimension d’un tel message. La vision de Bush n’est pas la nôtre. Qu’il garde pour lui ses concepts nauséeux piochés dans quelque cercueil skull and bonesque dont on connait la fatale devise : « Qui est le fou, qui est le sage, le mendiant ou le roi ? Qu’ils soient pauvres ou riches, tous sont semblables dans la mort. » (2).

(1)rapport effectué en juin par Human Right First

(2) Devise des Skull and Bones.

http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=1620

Messages

  • Ce qui fait hélàs le spécificité de ces horreurs de torture c’est qu’elles ont été majoritairement commises par des femmes à tous les niveaux de la hiérarchie. (la responsable de la "prison camp en Irak" et la conceptrice de Guantanamo étant des femmes.
    Même Gisèle Halimi féministe "pur jus" a fini par ne plus croire en une thématique restrictive du concept de violence "isssu du chromosome paternel". Ors les féminismes des années 70 n’ont pas arrêté de nous dire que les femmes étaient faites pour être contre la guerre. Et combien ont ironisé sur l’image de l’homme et de son phallus guerrier ! quelle retour de manche ! Quand à "l’éducation guerrière transmise aux hommes" à l’heure où les femmes obtiennent générallement à 90% la garde de l’enfant durant les divorces on peut se demander qui transmet actuellement ce message..Mais même l’esthétisme de la poupée Barbie (arme de la séduction) peut par ailleurs être un symbole plus barbare et violent en temps de guerre que les armes classiques. C’est lui qui permet par exemple à la secrétaire d’Etat Conzoleeza Rice en tant qu’ambassadrice modèle de donner le feu vert à ces camps ou par ailleurs de faire croire que les avions qui ont survolé l’Europe ne détenaient pas de prisonniers destinés à êtres internés sur des bases pour y être "interrogés" sans aucun droit (il n’y a donc pas que Bush qui est impliqué dans cette folie guerrière.."). La conséquence est la suivante : dans bien des médias j’entends encore dire que la violence vient de Bush et que les femmes ont peur de la violence de ces hommes et également de celles des hommes terroristes. Ce constat partial qui renvoie encore à cette image univoque de la violence donne bonne conscience aux femmes qui vont à la guerre, car comme elles ne sont pas par nature violente, elles peuvent tout faire. Je suppose que c’est la même logique qui fait que Lyndie England n’a pas été comdamnée autant que son mari et que sa peine a été beaucoup moins importante (3 ans contre 10 !). En quoi est elle moins dangereuse pour la société que lui ? Le projet du féminisme était de prendre le pouvoir pour le remplacer par des valeurs humaines. Faut il pleurer ou faut il en rire ? Pour éviter les guerres il serait peut être plus intéressant de se mette à la place de l’autre quelque soit son sexe. Et de voir sans complaisance, que ceux qui ont apporté la violence en Irak sont autant des femmes que de hommes..