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LE PCR À LA FÊTE DE L’HUMANITÉ

Publie le lundi 18 septembre 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Parler du chikungunya.

de Alain Witz

LE P.C.R. s’est installé pendant 3 jours à la Fête de l’Humanité, le rendez-vous annuel des communistes français, mais aussi de tous les démocrates et progressistes. Situé dans “le Village du Monde”, le stand du PCR côtoie ceux de la Palestine, de l’Allemagne, du Togo, de Cuba, des Comités de Soutien au peuple iranien (“contre l’aventure nucléaire...”), et bien d’autres...

Le monde s’est donné rendez-vous au parc de La Courneuve, dans la banlieue parisienne où une véritable ville, avec ses rues et ses places, s’est bâtie avec l’aide des bénévoles militants. De l’aveu d’un visiteur néophyte et anglais, tous “ces gens” paraissent heureux d’être ensemble, pour discuter politique avec passion, pour se réjouir aussi ensemble.

Et ce qui l’a surpris, c’est aussi la proximité avec la culture par ces expositions, dont celle consacrée aux photos de Willy Ronis, et cette galerie d’art où exposent des artistes contemporains sur le thème de 36, puisque nous fêtons cette année cette époque du Front Populaire... Et le Village des Livres où viennent à la rencontre de leur public-lecteur les écrivains, célèbres ou pas.

Dans l’espace consacré à La Réunion, c’était un pari osé que de proposer un débat sur le chikungunya. Mais affronter l’épidémie, c’est aussi en parler et en débattre... Sensibiliser aussi bien les Réunionnais que les visiteurs de ce stand.

Ce que firent le Professeur Paul Reiter, Chef de l’Unité de Recherche “Insectes et Maladies infectieuses” à l’Institut Pasteur, et Gélita Hoarau, sénatrice, qui dès le début a combattu pour que le mal soit reconnu par les autorités... Leurs interventions ont dressé un état des lieux scientifiques et politiques des plus complets.

Le Professeur Reiter est un spécialiste en biologie et en écologie. Il a étudié le comportement des moustiques, ainsi que la dynamique de la transmission des maladies. De Puerto Rico à l’Afrique, il a sillonné la planète pour examiner les différentes maladies émergentes et tenter de trouver les moyens de les combattre. Avec un humour tout anglo-saxon, il a fait un exposé finissant sur une note d’espérance : "Je ne suis pas prophète, mais à mon avis, vous avez eu tant de personnes infectées qu’il faut s’attendre vraisemblablement à une certaine diminution... De toute façon, le chikungunya est appelé à disparaître dans la perspective de 3 à 4 ans". En précisant que ce ne sont là que des sentiments, il a donné un peu d’espoir...

De son côté, Gélita Hoarau a retracé son long combat de sénatrice pour que les pouvoirs publics prennent l’entière mesure de cette épidémie qui fut trop longtemps sous-estimée par les autorités. Elle a raconté combien elle se heurta tout d’abord à des ministres qui prenaient le chikungunya pour "une forte grippe", alléguant que les Réunionnais ne savaient pas faire la différence... Elle éprouva ce sentiment de profond mépris de la part du gouvernement. Tandis qu’à La Réunion, grâce à l’entraide et à la solidarité, les malades pouvaient supporter le mal.

Aujourd’hui, son combat n’a pas cessé. Elle lutte pour que la population qui n’a pas les moyens de se protéger puisse bénéficier de moustiquaires et d’insecticides, et pour la réhabilitation d’un véritable service de prophylaxie.
Et Gélita Hoarau conclut en rappelant que "bien que Français et Européens, nous avons peut-être oublié que nous sommes aussi... Africains", avec tout ce que cela suppose.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, parler du chikungunya ne fait pas fuir ceux qui ont envie de connaître et de visiter un jour prochain La Réunion. Dans l’assistance, d’anciens touristes qui par nostalgie souhaitent y revenir. Et des jeunes qui en reviennent et qui souhaitent repartir à la découverte de cette île qui ne se laisse pas découvrir en un séjour.

Faisant suite au succès de l’opération "La Réunion vous attend", on a pu se rendre compte d’un véritable élan des métropolitains et des Réunionnais de la métropole envers l’île. Et, c’est un jeune qui eut le dernier mot : "Le chik ne fait pas peur, mais on veut comprendre, on veut avoir les armes pour lutter...".

Article paru dans Témoignages le lundi 18 septembre 2006

Messages

  • "Elle a raconté combien elle se heurta tout d’abord à des ministres qui prenaient le chikungunya pour "une forte grippe", alléguant que les Réunionnais ne savaient pas faire la différence... Elle éprouva ce sentiment de profond mépris de la part du gouvernement. Tandis qu’à La Réunion, grâce à l’entraide et à la solidarité, les malades pouvaient supporter le mal."

    Très belle leçon à méditer pour les luttes démocratiques qui nous attendent.

  • Moi je suis d’abord Français, puis Réunionnais puisque né à la Réunion et y vivant depuis 50 ans et je ne me sens pas "aussi... Africains". Pourtant je suis noir comme mes cousins africains et une partie de mes ancêtres vient d’Afrique. J’ai le droit ?

    Que personne ne se hasarde à penser que je n’aime pas mes cousins ! Je n’aime pas le grand écart et le "je ne sais pas bien ce que je veux". Sinon on va finir par donner raison à l’abruti nerveux qui nous dit tous les jours : "La France tu l’aimes ou tu la quittes." Le saligaud !

    Les autres, ils font ce qu’ils veulent. Mais généraliser et parler au nom de tout le monde, c’est assez délicat.

    Si on faisait un référendum pour demander aux Réunionnais s’ils se sentaient "aussi... Africains" ?

  • il vont se refiler les positions des fosses communes dans les pays de l’est, pour la repentance.ouf, ouf