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LES COMORES COMPLICES DES DEPLACEMENTS FORCES

Publie le lundi 19 janvier 2009 par Open-Publishing
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LA CHRONIQUE DE MADJUWANI. ‘‘QUAND IL Y A ACCEPTATION DES AUTORITES D’ANJOUAN, CELA VA TRES VITE’’

Brice Hortefeux est un homme parfaitement heureux. Ce ministre français de l’immigration est parvenu à tromper tout un pays, son pays, en arrivant à faire avaler à son opinion que, comme on le lui a intimement ordonné, il est parvenu à reconduire aux frontières 45000 indésirables.

Pour cacher son coup, l’honorable et doux homme d’Etat a ‘‘oublié’’, évidemment, de préciser à son pays que pour plus de 50 pour cent, ce chiffre a été réalisé sur un territoire étranger qu’il occupe par la force en dépit de son propre droit et du droit international.
Pour monter son coup, l’honorable et doux homme d’Etat a ‘‘oublié’’, naturellement, de préciser à cette opinion que, pour plus du tiers des cas de ce glorieux chiffre, il s’agissait d’expédier, en bagage non accompagné et vers l’inconnu, des bébés.
Pour parfaire son coup, l’honorable et doux homme d’Etat a ‘‘oublié’’, tout à fait honnêtement, de préciser à cette opinion que pour plus de 80 pour cent des cas de ce chiffre victorieux, il s’est agit de pourchasser, après des rafles dignes de celles, grandes, de l’été 42, des hommes et des femmes venus pour vivre sur une partie du territoire de leur pays, souvent chez un parent proche et, parfois, chez un proche biologique.
Pour passer son coup, l’honorable et doux homme d’Etat a ‘‘oublié’’, tout à fait honnêtement, de préciser à son opinion qu’en tout état de cause et quelle que soit la manière dont on veut tourner le problème, il s’est agit – dans ce titre de champion d’Europe des reconduites aux frontières – de près de 25000 ‘‘déplacements forcés de population’’ et, donc, du point de vue des traités internationaux signés par ce dernier, d’autant de crimes contre l’humanité.
Pour réussir son coup, l’honorable et doux homme d’Etat a ‘‘oublié’’, tout à fait honnêtement, de préciser à son peuple qu’il s’est agit de pourchasser, d’embarquer et de débarquer de force – souvent nus comme des poissons – des hommes, des femmes et des enfants après les avoir, comme ça en passant, parqués comme du bétail dans un centre d’horreurs et, accessoirement, les avoir enfouis sans autres formes de procès, quelques pieds sous terre.

‘‘Tant qu’elles accepteront’’

Mais, plus encore : l’honorable homme d’Etat est doublement sur un nuage. En effet, après cela, il peut continuer à dormir sur ses deux oreilles. C’est que, en face du ministre, hormis les bien seuls ‘‘retenus’’ de Pamandzi qui, l’autre jour, ont gâché la parade du collègue du ministre au Centre de rétention de la même ville – où, si l’on en croit ces propos d’un ‘‘retenu’’ reportés dans une correspondance du quotidien Libération – ‘‘on n’a pas mangé depuis hier’’, personne ne bouge le petit doigt, ni n’ouvre la bouche. Ce ministre et son collègue spécialisé dans les malheurs comoriens de Mayotte, Yves Jégo, peuvent venir sur notre terre parader, nous insulter et exiger, comme au bon vieux temps de la colonisation, s’il vous plaît, que nous la bouclons ‘‘Si nous voulons (avoir avec son pays), des relations de coopération, de bon voisinage’’, et patati et patata.

Il ne fait plus aucun doute, c’est de là, et de nulle part ailleurs, que le courageux ministre tire sa ‘‘force’’ : de notre silence. A cet égard, ces propos du secrétaire d’Etat aux TOM sont significatifs de la faiblesse fondamentale des positions de l’Etat français dans le litige qui l’oppose au Droit, à la Justice et à notre peuple : A l’occasion de sa visite-parade ratée au Cra de Pamandzi et parlant des problèmes des ‘‘reconduites’’, Yves Jégo – non sans un zest de moquerie – lançait devant la presse un véritable ouf de soulagement : ‘‘Comme quoi, quand il y a acceptation des autorités d’Anjouan, cela va très vite’’.
Ce soupire de monsieur le secrétaire d’Etat signifie une chose essentielle : ‘‘Etant dans le droit, nous avons les moyens de mettre notre ennemi en difficulté’’. Mais il vient confirmer un fait : ce responsable français n’entend pas le langage des Nations unies, pas plus que celle de la Ligue des Etats Arabe et encore moins de celui aphone de l’Union africaine.

User à fond de la force du droit

Certes les déclarations fermes du fundi aux Nations unies et aux autres instances internationales sont les bienvenues parce que nouvelles et courageuses. Certes, son engagement à ne pas signer de traité ni d’accord avec la France tant que le visa Balladur perdurera, peut constituer une forme de riposte à l’arrogance, mais la quiétude avec laquelle les représentants de l’Etat français conçoivent et foncent vers la désagrégation de notre pays, indique qu’à leurs yeux, ces deux arguments ne comptent que pour du beurre et, de la façon dont évoluent les choses, ils ont parfaitement raison. En effet, si la voix des Nations unies, de la Ligue des Etats arabe et de l’Union africaine portaient, il y a longtemps que les Palestiniens de Gaza l’auraient su, il y a longtemps qu’en Itouri la guerre aurait cessé, il y a longtemps qu’au Soudan, des centaines de milliers de Fours ne seraient pas, chez eux, à la merci des milices Janjaweeds et l’Irak n’aurait pas volé en éclat sur injonction d’une quinte de faucons tapis à la Maison Blanche. Ce soupire signifie qu’Yves Jégo n’entend que le langage de la force, celui-là même que son pays use et abuse à notre égard depuis près de deux siècles et qui lui réussit si merveilleusement. Mais ce soupire, surtout, nous tend la perche et nous indique la voie à suivre pour arrêter le compte à rebours de la désintégration de notre pays déclenchée par les nouveaux représentants de l’Etat français.
Cette perche, c’est la ‘‘Force du droit’’. Cette ‘‘Force du droit’’ qui consiste, désormais, à ne plus accepter de nous rendre complice des déplacements forcés de nos populations en acceptant de recevoir les déplacés sur une autre partie de notre terre. Elle consiste à dénoncer immédiat les discussions, au sein du Ghtn, entre la délégation française, Lamartine et Mirhane, des représentants comoriens qui, de toute façon, comme l’atteste l’ensemble des discussions passées, n’y ont aucune voie au chapitre. C’est ainsi, et ainsi seulement,
autrement dit, c’est en repassant à l’offensive, que nous ferons rebasculer le rapport des forces en notre faveur et stopper le compte à rebours de notre dissolution.

Madjuwani hassani
madjuwani@gmail.com
Source : al-watwan du 19 /01/2009 le titre est de Françoise

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