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La Bourse accueille sévèrement les conditions auxquelles EDF s’allie à Centrica (+ vidéo)

Publie le mardi 12 mai 2009 par Open-Publishing
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[ 12/05/09 ]

L’électricien français a revendu hier 20 % de British Energy à Centrica pour 2,5 milliards d’euros. Mais il a été obligé d’accepter une décote par rapport au prix initial et un paiement effectué pour moitié par échange d’actifs. Les marchés estiment que Centrica sort gagnant de l’opération. Le titre EDF a en effet clôturé en baisse de 5,6 %.
Pour les marchés, il y a un gagnant et un perdant. Hier, après l’annonce de la cession par EDF de 20 % dans British Energy (BE) à Centrica, le cours de l’électricien britannique a gagné 6 %, tandis que celui du français reculait de 5,6 %. Selon les termes de l’opération, Centrica va acquérir 20 % du capital du leader nucléaire britannique pour l’équivalent de 2,3 milliards de livres (2,5 milliards d’euros) à travers un paiement en cash de 1,1 milliard de livres et le transfert de sa participation de 51 % dans le groupe d’énergie belge SPE, évaluée à 1,2 milliard de livres.

Lorsqu’il avait annoncé en septembre son acquisition de British Energy, pour 12,5 milliards de livres, EDF avait évoqué un schéma dans lequel Centrica reprendrait un quart du capital de BE pour 3,1 milliards de livres. Finalement, il en prend un cinquième pour 2,3 milliards, ce qui correspond à une décote de 6 %. Pour Pierre Gadonneix, le PDG d’EDF, cet écart « très modeste » se justifie par le fait que son partenaire sera « minoritaire ». Centrica pourra toutefois nommer deux administrateurs dans leur structure commune et disposera de « droits particuliers ».

Les analystes critiquent la valorisation donnée par EDF à SPE. En évaluant à 1,3 milliard d’euros la participation de 51 % dans le numéro deux belge, l’électricien français paie 14 fois le résultat opérationnel attendu cette année par SPE, un ratio très élevé, selon un analyste qui veut rester anonyme. EDF préfère évoquer un multiple de 11 fois le résultat opérationnel de 2010, qu’il justifie par une surcote de majoritaire. Par comparaison, l’achat du néerlandais Essent par RWE annoncé en janvier s’est réalisé sur la base de 9,6 fois le résultat opérationnel de 2009. En clair, pour ne pas avoir à trop brader ses 20 % de BE, EDF aurait accepté de surpayer SPE.

« Nous sommes loin du compte », estime Patrice Lambert de Diesbach, analyste chez CM-CIC. Si EDF n’avait pas limité la baisse de prix faciale de BE, l’électricien aurait du déprécier massivement la valeur de celui-ci dans ses comptes. Un ajustement qui aurait été « extrêmement dommageable », selon Patrice Lambert de Diesbach. Ce n’est un secret pour personne, selon un autre analyste : Pierre Gadonneix a acheté sa cible en haut du cycle et elle vaut aujourd’hui moins. Mais les deux partenaires se devaient de trouver un accord, ne serait-ce que pour des raisons politiques, et les actionnaires de Centrica menaçaient de ne pas donner leur accord à une opération trop chère...

25 milliards d’euros de dette

« C’est difficile de se faire une idée rapidement, car l’opération comporte une structure assez complexe », commente un banquier. Elle prévoit l’acquisition de SPE, la cession de parts dans British Energy, la création d’une société commune pour le nouveau nucléaire et des droits d’enlèvement d’électricité. Dès lors que la transaction sera bouclée, Centrica disposera de 20 % de l’énergie produite par British Energy et, à partir de 2011, il bénéficiera de droits de tirage supplémentaires.

Sur le fond, EDF et Centrica s’imposent comme le fer de lance du renouveau du nucléaire outre-Manche. Pour le groupe français, cette opération lui permettra avant tout de servir ses 5 millions de clients britanniques, tout comme pour Centrica, dont la filière British Gas dispose de gaz, mais manque d’électricité. Les deux groupes, qui pourraient inviter d’autres partenaires à leurs projets, ont l’intention de construire quatre nouveaux réacteurs EPR. Ils veulent en mettre en service un premier fin 2017.

Au prix de l’EPR, estimé par Pierre Gadonneix entre 4 et 5 milliards d’euros pièce, la note s’annonce salée. D’autant que l’endettement du groupe a déjà bondi de 50 % l’année dernière, à 25 milliards d’euros. Le groupe veut se désendetter d’au moins 5 milliards d’ici à fin 2010. Il espérait initialement récupérer davantage de cash de sa transaction avec Centrica. A présent, il envisage la cession partielle du réseau de transport français RTE ou encore la vente du réseau de distribution britannique. Des opérations compliquées par le fait qu’elles interviennent dans un contexte où les vendeurs semblent plus nombreux que les acheteurs. A eux trois, EDF, E.ON et Enel veulent céder pour 25 milliards d’euros entre 2009 et 2010...

THIBAUT MADELIN, Les Echos

British Energy remonte en puissance

Contrôlé par EDF depuis le 5 janvier, British Energy est le plus important producteur d’électricité au Royaume-Uni. Il emploie plus de 6.000 personnes. Le groupe exploite 8 centrales nucléaires au Royaume-Uni. Mais ces centrales sont vieillissantes et de nombreux réacteurs ont dû être arrêtés de façon imprévue ces dernières années. Lors du semestre achevé à fin septembre, British Energy a ainsi vu sa production chuter de 26 %. Depuis, toutefois, la situation s’améliore progressivement( NDR Copieur, faut bien atténué la très mauvaise image) . Sa capacité disponible est passée d’environ 4.500 mégawatts en septembre à environ 7.500 mégawatts en mars et avril, selon les chiffres diffusés hier par Centrica.


En annexe :

A voir ce soir sur ARTE un reportage sur les nomades du nucléaire, vers 23 h. Un court extrait de ce reportage.

le titre :

NUCLEAIRE "RIEN A SIGNALER"


Extrait du documentaire "Rien à signaler" sur le nucléaire

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