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La CFDT forme 500 recruteurs pour regagner des adhérents

Publie le mardi 28 décembre 2004 par Open-Publishing
6 commentaires

de Rémi Barroux

En 2005, des "développeurs" seront chargés d’attirer de nouvelles recrues, notamment dans les services publics. Le syndicat de François Chérèque cherche ainsi à compenser les départs de 35 000 à 50 000 militants, consécutifs au soutien que la confédération avait apporté à la réforme des retraites.

Se renforcer. Attirer de nouveaux adhérents dans un pays où le taux de syndicalisation n’atteint pas 9 %. Voilà le mot d’ordre et la priorité pour l’année 2005 à la CFDT comme à la CGT. Pour tenir cet objectif, la confédération dirigée par François Chérèque, qui a dû subir le départ de 35 000 à 50 000 adhérents depuis la réforme des retraites à l’été 2003, n’hésite pas à mettre les moyens. Elle vient de lancer une opération de recrutement de ce qu’elle appelle des "développeurs" : des militants de la CFDT qui vont aider les syndicats de base, les fédérations professionnelles et les régions ou départements à accroître le nombre de leurs adhérents. La CGT, elle, lancera dès la mi-janvier une grande campagne nationale d’adhésion.

A la CFDT, 500 recruteurs sont déjà en cours de formation : une première vague de 200 d’entre eux devrait achever leur initiation en février 2005. Les autres suivront à l’automne. L’idée de ces "commerciaux" un peu particuliers n’est pas nouvelle. C’est Edmond Maire, l’ancien dirigeant de la centrale, qui a mis en place les premiers "développeurs", en 1988. Parmi ceux-ci figurait d’ailleurs François Chérèque, l’actuel secrétaire général de la CFDT.

A l’époque, seules quelques branches avaient expérimenté le dispositif, comme la santé - où militait M. Chérèque -, l’agroalimentaire ou la fédération "interco" (fonction publique territoriale). Il s’agissait déjà de confier à des spécialistes, formés à cette mission, le développement des syndicats et le recrutement des adhérents.

Si les régions et les fédérations professionnelles ont depuis repris le concept, cela faisait longtemps que la confédération n’avait pas relancé de formation de ces recruteurs au plan national. Au lendemain du conflit sur les retraites, au printemps 2003, et de la crise qui l’a secouée, la CFDT s’est décidée à lancer un nouveau recrutement national.

Cette formation s’étend sur une année et réunit les candidats à trois occasions pour des sessions allant de une à trois journées. Les militants y apprennent pourquoi le syndicat doit se développer, ce qu’est le "syndicalisme d’adhérents" cher à la CFDT, quelles sont les pratiques de communication et comment concevoir un plan de développement dans une entreprise ou dans une branche.

"LE MILITANT SE FLAGELLE"

"On ne forme pas des commerciaux", se défend Grégory Martin, secrétaire confédéral en charge du développement, qui redoute par ailleurs que les militants de base se sentent désinvestis de leur mission de recrutement. La culture cédétiste diffère sur ce point de celle de la CGT, où tous les militants doivent "placer des cartes et des timbres" à leurs collègues.

Pour M. Martin, il est nécessaire de disposer de spécialistes, de professionnels qui sauront faire face aux difficultés de recruter de nouveaux adhérents. "Quand un salarié refuse de prendre sa carte à la CFDT, on ne sait pas s’il le fait à cause de Chérèque ou de l’accord sur les retraites, à cause du syndicat de la boîte ou du militant qui lui propose", explique-t-il.

Il faut donc accepter ce refus en essayant d’en saisir les ressorts. Changer aussi une certaine culture CFDT. "On s’est aperçu qu’il y avait une vraie logique de sacerdoce : le militant se flagelle, il est dans la souffrance, alors on travaille beaucoup sur la dimension de plaisir, de l’accueil du nouveau salarié aussi", raconte le responsable des "développeurs".

Les fédérations et les régions sont vivement encouragées à reprendre ce programme de formation. Pour la direction de la CFDT, un secteur est tout particulièrement visé par cet effort de recrutement : les services publics, là où la confédération a perdu le plus de militants.

A la CGT, c’est un scénario inverse qui a été retenu : forte dans le secteur public, la confédération dirigée par Bernard Thibault souhaite rattraper son retard dans le secteur privé. Elle lancera, le 13 janvier, sa campagne d’adhésion. Lors du comité confédéral national (CCN), tenu les 29 et 30 septembre, M. Thibault avait constaté la stagnation de son syndicat et la difficulté d’atteindre l’objectif du million de militants. "Avec 700 000 adhérents, nous sommes encore loin du compte et pour tout dire, nous ne décollons pas", avait-il regretté.

Le comité confédéral avait alors arrêté un "plan national de syndicalisation" qui devrait se concrétiser "par un ciblage de sites prioritaires à déterminer ensemble". L’objectif sera donc, dès le début 2005, de "renforcer et transformer la CGT pour faire face à des enjeux considérables". Aux yeux de M. Thibault, "la trop faible présence de la CGT, notamment dans certaines professions, dans certains bassins d’emploi et dans les petites entreprises du secteur privé, explique la difficulté des salariés à se faire entendre".

Au moment où le gouvernement revient sur les 35 heures et modifie la législation encadrant les licenciements économiques, les dirigeants de la CGT et de la CFDT jugent urgent, pour les syndicats, de renforcer leur assise dans tous les secteurs.

Rémi Barroux

865 528 militants revendiqués

CGT : arrivée en tête des élections prud’homales de décembre 2002 (32,1 % des voix), la centrale déclare 650 000 adhérents auprès de la Confédération européenne des syndicats (CES). Son secrétaire général, Bernard Thibault, en recensait 700 000 en septembre.

CFDT : la confédération, qui a recueilli 25,2 % des voix aux prud’homales, revendique 865 528 adhérents auprès de la CES).

FO : avec 18,3 % aux dernières prud’homales, FO déclare 800 000 adhérents à la CES.

CFTC : le syndicat chrétien (9,7 % aux dernières prud’homales) revendique 250 000 adhérents.

CFE-CGC : la centrale des cadres (7 % aux prud’homales) annonce 140 000 adhérents.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-392143,0.html

Messages

  • J’aimerais savoir si l’ensemble des adhérents de ces centrales syndicales sont à jour de leurs cotisations. Quand je militais à la CGT, la plus grande partie des adhérents ne prenaient que le premier timbre de l’année ( FNI ).
    A SUD, nous ne prenons en compte que le nombre d’adhérents à jour de leurs cotisations quand nous publions le nombre de nos syndiqués.

    Roland
    SUD/RATP

  • Mais QUi peut encore vouloir adhérer à ce syndicat jaune ?

    • Ce n’est plus un " syndicat " la cfdt mais juste une clique de nervis briseurs de gréves Jaunes a ranger dans les mêmes poubelles que l’ex Csl du cnpf de l’epoque du Gandois de sinistre mémoire

      Foutons dehors de toutes nos luttes , manifestations et actions ces collabos du Medef

      anarcho Punks paris

    • Dans la fonction publique,il va de soit que l’accord « signé » par Chérèque sur les retraites a fait beaucoup de mal à la CFDT , mais aussi au syndicalisme en général. L’attitude de la CFDT suite au départs massifs de ses adhérents et militants (mise sous tutelle, prélèvements intempestifs des adhérents partis, intimidation, blocage de compte etc. des syndicats voulant divorcer de la Confédération) a réellement dégouté bon nombre de syndiqués qui ont tout bonnement arrêter le syndicalisme.

      Les dernières elections professionnelles dans la fonction publique confirment bien le déclin de ce « syndicat ».

      Mais le faible taux de syndicalisation en France vient aussi du peu de crédibilité des autres centrales. Comment en effet ne pas s’interroger sur l’attitude laxiste de FO et de la CGT en particulier, dans les jours qui ont suivi la signature de Chérèque sur les retraites. La mobilisation était encore là, une mobilisation digne de mai 68 ou de février 95. Or, c’est en morcelant les jounées de grève que les syndicats ont « tué » cette mobilisation.

      Seule la FSU, au terme de plus d’un mois de grève ininterrompue, a su défendre avec force les convictions qui étaient les siennes et celles de millions de travailleurs (ne me prenez pas pour un laguilletiste, le mot travailleur n’est pas une marque déposée Arlette !!).

      La CFDT en recrutant ces chasseurs d’adhérents prouve une nouvelle fois son manque de crédibilité. Les accords sur les recalculés, les intermittents du spectacle confirment entre autre qu’elle ne souhaite en fait qu’une chose : être l’interlocuteur privilégié du gouvernement en place.

      Messieurs et dames syndicalistes, on ne fait pas d’adhérents par des campagnes à la gloire de notre étiquette. On en fait quand on rend le monde du travail meilleur à ceux qui placent entre nos mains leurs espoirs !

      Pascal, militant FSU à Limoges, ex CFDT

  • 1) Quand nous discutions des loi Aubry (en 1998), nous avions organisé une conférence/débat publique à Lille conjointement l’Ugict-CGT (union générale des ingénieurs cadres et techniciens CGT) et la CFDT-cadres (une centaine de participants si mes ouvenirs sont bons).
    La jeune femme qui présentait (très professionnelle) la RTT pour la CFDT était une "commerciale/sociologue" embauchée pour l’occasion, donc pas particulièrement une "militante"
    Le camarade de l’UGICT-CGT, lui, était un salarié (infirmier).

    La CGT a certes bien des défauts, mais pas encore celui de "vendre" la carte syndicale comme une savonnette.

    2) au camarade de SUD : si la "majorité" des syndiqués ne payaient que le FNI, c’est que la majorité n’étaient pas syndiqués et que ton "syndicat" soit disant "CGT" n’en était pas un ! et ils ne pouvaient être comptés dans les adhérents confédérés, ni à l’UL, ni à l’UD, ni à la FD, ni à la confédération.
    Dans mon syndicat (Ufict-CGT d’un organisme de sécu), les camarades paient presque tous 12 mois de cotis à 1% du salaire net ( sauf problème financier, naturellement) ; les camarades font pur certains 300 km aller/retour pour une commission exécutive du syndicat, prennent pafois sur leur congés RTT. Je précise par ailleurs que la plupart des syndiqués payent par chéque : après débat, nous avons estimé que, malgré la contrainte de gestion (compliquée), c’était encore la meileure façon de confirmer régulièrement la volonté d’adhésion pour certains (dont moi).

    Alors, nous n’avons pas toujours le temps de payer les instances (conf’, UD, UL, FD et Ufict) ; nous ne sommes parfois donc pas comptés dans les "adhérents" confédéraux ; à ma connaissance, notre FD ne connait le chiffre des adhérents que...deux ans après l’exercice.
    Nous sommes très loin d’être le seul syndicat CGT dans cette situation.

    alors, les chiffres bidons ( y compris à SUD : les manip que me racontent certains camarades syndiqués ne sont pas tristes !) : je n’aurai qu’une réponse ; Y’ basta !

    salutations militantes

    Patriec Bardet, délégué syndical Ufict-CGT
    patrice_bardet@yahoo.fr