La « Drôle de guerre » à l’assemblée !

de Michel MENGNEAU

Avant les vacances de nos députés et sénateurs, lors des séances de questions au gouvernement ou prises de paroles diverses, j’avais cessé de donner à lire les passages des interventions de nos députés, principalement celles des représentants du PCF qui avaient jusque là retenu mon attention.

Une sorte de dégoût m’était venu, un sentiment d’inutilité ressortait au fur et à mesure des lignes que j’écrivais. A quoi bon faire partager les envolées lyriques des camarades députés puisque cela ne restait en sorte que des exercices de style, la droite ayant toujours le dernier mot !

Devant l’incurie bien involontaire de la vraie opposition (n’est pas inclus là-dedans le PS qui à mes yeux n’est plus une opposition idéologique au pouvoir en place), j’avais rêvé de voir le peuple descendre dans la rue et bousculer l’ordre établie en forçant ainsi l’avenir d’un pays que les urnes avaient momentanément tronquée.

Alors que l’on commence à voir la chute des premières feuilles en cette fin septembre, le peuple n’a encore pas pris la mesure exacte du marasme social et économique dans lequel le conduit la politique de Sarkozy, seuls quelques spasmes épars, grèves ou manifs, font entendre des récriminations amplement justifiées. Les frimas de l’hiver à venir n’ont pas encore ranimé la perception de l’inconfort de la situation, fait sentir le mal-être qui chaque jour devient de plus en plus perceptible, bref le peuple n’est pas encore réveillé ni prêt à soulever le pavé. Souhaitons que cela se fasse le plus rapidement possible, mais en attendant seul le ronron de l’assemblée va reprendre et animer un tant soit peu le paysage politique, questions au gouvernement, projets de lois, discutions, etc., vont devenir le lot hebdomadaire de l’année parlementaire à venir.

Je n’oserais pas dire que l’on va encore s’emmerder, mais c’est tout comme. De beaux discours de l’opposition vont démontrer la turpitude de la droite, et ce sera tout. Si, peut-être, dans les commissions la fermeté de certains de nos députés influera quelque peu sur le sens d’un texte en élaboration, mais si peu… A travers ces constations aucunes ne m’encourage à continuer une petite chronique qui ne relaterait des interventions ne servant qu’à émouvoir l’auditoire.

Cependant, les députés sont les représentants du peuple, de nous, nous les avons élus pour être notre voix, et même si leurs tâches peuvent paraître insurmontables face à la main mise de la droite sur l’assemblé il n’en reste pas moins que dans ces circonstances nous devons marquer un peu de respect devant leur abnégation et qu’il serait de surcroit injuste d’occulter le travail qu’ils effectuent tant bien que mal. D’autant que le début de la nouvelle législature va aborder le bien fondé de la participation de la France à l’intervention en Afghanistan, sujet d’importance s’il en est ! Donc pour un temps encore, je ferai part des discutions et allocutions en y mêlant parfois des observations…

« Drôle de guerre », la dernière fois que cette expression fut utilisée seuls quelques claquements de Lebel ou de Mauser avaient troublé la torpeur ouaté qui régnait de chaque coté de la ligne Maginau. Encore s’agissait-il de tirs hasardeux sur d’aventureux lapins de garenne dans l’espoir d’améliorer l’ordinaire… D’ailleurs si la suite n’avait pas été dramatique cet épisode de notre histoire aurait presque pu être classé comme anecdotique. Par contre la « drôle de guerre » qui agite les esprits ce jour de 22 septembre 2008 a laissé dix jeunes français sur le carreau et estropié vingt et un. Jeunes gens qui s’étaient fait enrôler par l’armée française et dont, sans nier l’honneur d’être au service de la nation, tout laisse à supposer que l’attirance d’un emploi ne demandant que peu de qualification était l’une de leur première motivation. Donc le débat sur cette guerre et la question de savoir si l’on doit continuer à participer aux hostilités est à l’ordre du jour.

J’ai utilisé à dessein l’expression « drôle de guerre » car pendant les presque trente minutes de l’allocution de Fillon celui-ci nous a parlé d’opérations de sécurisation, de luttes contre le terrorisme, d’interventions militaire, mais pas franchement de guerre, comme si cela lui écorchait la langue de donner cette appellation à un conflit qui s’éternise. Par conséquence une guerre qui ne veut pas dire son nom ne méritait pas d’autre qualificatif que celui dont je l’ai affublée. Quant à Fillon pour continuer dans le genre hypocrite il nous a présenté un panégyrique des améliorations que les alliés ont apportées au paysage social et économique de l’Afghanistan. Peut-être, mais ce doit être sur un territoire restreint puisqu’à quelques encablures de Kaboul nos soldats se sont fait tailler en pièce par l’ennemi.

A la limite qu’importe ses assertions peu crédibles car il va aller encore plus loin en prétendant que nous étions dans ce pays pour défendre des valeurs universelles, et que cela justifiait que l’on pourchassât le turban. D’abord, comme beaucoup, j’aurais bien aimé qu’il nous explique qu’elles étaient ces valeurs universelles en question. Mais dans le genre bouffon qui ne sait pas ce qu’il dit, Copé fera pire et mériterait l’honneur de recevoir une médaille à la Darcos pour crétinisme aiguë. N’a-t-il pas prétendu avec un aplomb qui est l’apanage des imbéciles que la France oeuvrait pour la défense des droits de l’homme en allant porter la bonne parole au son répétitifs des mitraillettes, et d’ajouter pour paraître encore plus crédible que cette attitude hautement humanitaire était une constante chez ses amis du gouvernement. A mon avis il est inutile d’aller demander aux expulsés manu militari par les sbires de son copain Heurtefeux se qu’ils en pensent ! De même on pourrait s’interroger si le projet Edvige de MAM cadrait bien avec la défense des droits de l’homme. Bref pour conclure cet étalage de bons sentiments Fillon a annoncé l’envoi d’une centaine d’homme de surcroit accompagné d’un important matériel logistique. Cette fois on est sauvé on va bouter les talibans hors de l’Afghanistan !

J’oubliais, dans le même genre de propos fallacieux, à droite il y en a un qui est pas mal non plus c’est le représentant du nouveau centre. En effet, sans complexe, Sauvadet a affirmé que d’aller combattre le terrorisme sur le territoire afghan cela réduisait les risques d’attaques terroristes sur notre propre territoire. Si raconter de telles inepties n’est pas considéré comme de l’incompétence doublée d’une bonne dose d’inconscience, c’est que nous sommes tombés bien bas. C’est quand même triste d’en être arrivé à utiliser de tels arguments pour justifier une guerre qui parait de plus en plus injustifiable.

Pour les socialistes on en restera à la drôle de guerre. Néanmoins, eux, se sont opposés par leur vote à l’option prise par Sarkosy. Mais ce n’est pas qu’ils ne veulent pas une guerre, mais ils voudraient qu’elle soit différente. Certes Ayrault a mis surtout l’accent sur les efforts à faire pour reconstruire l’Afghanistan, mais cependant sans exclure l’intervention militaire. En faisant simpliste, on peut dire qu’ils ont surtout voté contre la politique du gouvernement. Bon, ce sont les socialistes et malgré une embellie électorale due au raz le bol des français envers la politique de Sarkozy ce parti sent de plus en plus la déliquescence.

Il aura fallut l’intervention de Noel Mamère qui était le porte-parole du GDR pour que le mot soit lâché, enfin on a entendu prononcer l’expression : « la sale guerre ». Enfin la vérité n’est pas travestie. Et puis comme il serait inutile de relater nombre de passage de son discours qui vont à l’évidence dans le sens de ce que pensent beaucoup de gens, je ne citerais que la phase qu’il a empruntée à Jaurès pour affirmer son propos : « Le courage d’aujourd’hui n’est pas de maintenir sur le monde la nuée de la guerre ». On connaît la suite, le pacifiste Jaurés gênant beaucoup de monde il n’est pas usurpé de prétendre que ceux qu’il contrariait le firent assassiner indirectement par un simple d’esprit. Et Jaurés qui avait raison ne verra pas la grande hécatombe de 14/18. Comme l’histoire sert rarement d’exemple les députés de la majorité ont voté la poursuite de la « sale de Guerre » !

Pourtant une majorité de français, certains disent 66%, est pour le retrait de nos troupes du bourbier afghan. Dans ces conditions je me pose la question : Dois-je continuer à relater les prises de position d’une assemblée qui n’est plus en phase avec le peuple ?