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La Fabrique sans patron

Publie le samedi 24 janvier 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

La coopérative FASINPAT [1] est une usine autogérée de céramique située à Neuquén [2], dans la Patagonie argentine. Récupérée par ses travailleur.ses il y a sept ans, elle compte aujourd’hui 470 associé.es. Le 20 octobre 2008, elle a perdu son statut légal mais continue de lutter pour l’expropriation définitive.

Argentine, 2001. La crise financière provoque la colère d’une classe moyenne qui réclame son fric en détruisant les guichets automatiques des banques. Un peu plus tard, lors des émeutes de décembre, quinze personnes sont tuées par balle. Les patrons qui voient leur horizon de profit s’effondrer ferment des usines souvent viables. C’est le cas de Luis Zanón, qui s’était fait construire une usine de céramique grâce à des subventions publiques au temps béni de la dictature (1976-1983). Il s’en va en laissant quelques 380 ouvrier.es à la rue qui occupent alors l’usine. Ils continuent à produire pour récupérer leurs salaires impayés. En remettant la production en marche, les ouvrier.es se rendent compte qu’ils n’ont besoin ni de patrons ni de cadres grassement payés.

La récupération

Une coopérative est créée avec de nouveaux principes de fonctionnement, comme l’égalité des salaires et la rotation des postes. Une plus grande autonomie qui facilite les prises de décision lors des assemblées générales. Au moment de la récupération, une forte solidarité avec la communauté s’était mise en place. Depuis trois ans, cinq expulsions ont été mises en échec par cette détermination commune. Les 470 personnes de la coopérative prennent en compte des ex-licencié.es, des militante.s et des membres de familles ouvrières. Le 14 septembre, une manifestation des entreprises récupérées et des organisations de chômeur.euses s’est rendue au Parlement pour exiger une loi nationale d’expropriation définitive.

« Notre bataille pour l’expropriation »

Cristián, un ouvrier de la coopérative, est récemment passé de la sélection des céramiques à la commission « presse et diffusion ». Il explique que la coopérative est toujours en lutte et présente l’organisation de l’entreprise.

Comment se présente la situation ?

On nous a parlé de tentatives d’expulsion... Les dernières menaces datent du 8 avril 2003 (1). À partir de cette date, nous n’avions plus de statut et le juge nous a envoyé les flics. Zanón réclamait son usine pendant qu’on demandait de l’aide aux gens.

Les accréditeurs vous réclament le fric que Luis Zanón leur a pris ?

Le directoire de Zanón avait reçu des crédits de l’État et de la Banque Mondiale qu’il n’a jamais remboursés. Il a également acheté des machines à l’entreprise italienne SACMI. Tous nous réclament à présent de payer les dettes de Luis Zanón. On a toujours dit que sa dette il l’a générée lui-même, et donc on ne la paiera pas.

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Messages

  • En remettant la production en marche, les ouvrier.es se rendent compte qu’ils n’ont besoin ni de patrons ni de cadres grassement payés.

    Bravo aux Argentins entrepreneurs et courageux. Voilà la réponse à la crise, et à la (re)localisation pour faire travailler les salariés du terroir.

    Sarko réclame à corps et à cris la "rupture". C’est le moment de le prendre au mot et justement de créer cette rupture avec le passé, c’est-à-dire des entreprises auto-gérées, sans patrons. Ces derniers croyaient nous asservir davantage en nous plumant de tous nos droits, à nous de leur montrer qu’on peut se passer d’eux, ces pique-assiettes sans intérêts qui coûtent beaucoup trop chers à l’entreprise. Avec leurs salaires mirobolants, il y a de quoi maintenir l’emploi et même embaucher.

  • Je ne connais pas la situation exacte, mais peut-être que les ouvriers de l’usine, devraient négocier avec les créanciers pour rembourser petit à petit à la société italiennes les machines qu’ils utilisent. Cela leur donnerai une légitimité, vis à vis des autorités en créant une sollution de continuité et en se créant des alliés exterieurs, puisqu’ils permettrait la coopération économique. C’est d’ailleurs peut-être sage également pour la maintenance des machines (pièces détachées, etc....)