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La France était prête à engager 10.000 hommes en Irak

Publie le jeudi 7 octobre 2004 par Open-Publishing


Henri Vernet et Thomas Cantaloube, dans leur ouvrage Chirac contre Bush, L’autre
guerre (paru mercredi aux éditions Lattès) décortiquent les relations franco-américaines
dans le contexte de la guerre en Irak. Ils y expliquent notamment que, jusqu’à la
mi-janvier 2003, soit deux mois avant l’invasion de l’Irak, la France se tenait
prête à engager 10 000 hommes au côté des États-Unis, avant d’y renoncer, faute
de mandat de l’ONU.

Les auteurs, journalistes au quotidien Le Parisien, rapportent qu’en novembre 2002, les stratèges du Pentagone ont demandé aux capitales amies de les informer de leur éventuelle participation à une intervention contre Saddam Hussein et d’en préciser la forme.

« Nous avons procédé à une revue d’effectifs », a raconté une source au ministère français de la Défense, citée dans le livre. « Nous pouvions fournir un contingent de type Daguet, soit 10 à 15 000 hommes ».

Le 16 décembre 2002, l’émissaire français, le général Jean-Patrick Gaviard, propose à Washington « l’envoi d’une bonne centaine d’avions, assorti d’une composante terrestre de 10 000 hommes », affirment les deux auteurs. Le général Gaviard est sous-chef d’état-major « opérations » de l’état-major des armées.

La France pose cependant plusieurs exigences : avoir une zone sous son entière responsabilité (à l’instar des Britanniques et des Polonais actuellement) et disposer de ses propres moyens de renseignement. Et surtout, Jacques Chirac « met à toute l’affaire une condition sine qua non : attendre le prochain rapport de la mission des inspecteurs de l’ONU en Irak, afin de savoir si oui ou non Saddam est décidé à coopérer ». Ce rapport devait être présenté le 20 janvier.

Pour le président français, la décision de recourir à la force « doit être prise par le Conseil de sécurité de l’ONU », rappellent les deux journalistes, citant les voeux de Jacques Chirac au corps diplomatique le 7 janvier 2003. Ce qui n’a pas été le cas.

Reste que « pendant toute cette période qui court jusqu’à mi-janvier, la France croyait, à l’instar des États-Unis, que Saddam ne pourrait pas s’empêcher de faire une bêtise et de fournir un prétexte en or à l’équipe Bush », a déclaré un proche du président à MM. Vernet et Cantaloube.

Le 10 mars 2003, Jacques Chirac annonce que la France votera « non » à la résolution voulue par Washington et Londres pour autoriser l’intervention militaire en Irak, « parce qu’elle considère qu’il n’y a pas lieu de faire une guerre pour atteindre l’objectif que nous nous sommes fixé, c’est-à-dire le désarmement de l’Irak ». Paris occupe l’un des cinq sièges permanents au Conseil de sécurité ; son « non » est un veto. L’intervention américaine, lancée le 20 mars 2003, se fera en dehors du droit international.

Autre allégation de l’ouvrage : les « grandes oreilles » américaines auraient écouté les conversations téléphoniques de Jacques Chirac, y compris les appels passés depuis le palais de l’Élysée, « selon plusieurs sources françaises des milieux militaire et du renseignement ». (AP)

http://www2.canoe.com/infos/international/irak/archives/2004/10/20041007-102931.html