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La Guerre en Libye : enlisement ou piège pour le monde occidental

par Lucien PAMBOU

Publie le mardi 12 juillet 2011 par Lucien PAMBOU - Open-Publishing
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Kadhafi et la gestion des contradictions occidentales : le conseil national de transition souhaite le départ de Kadhafi pour ses propres intérêts aux dépens du peuple libyen.

L’OTAN, la France et le monde occidental ont promis une « Blitzkrieg », une guerre éclair, après la résolution (1973) du conseil de sécurité obligeant Kadhafi à quitter le pouvoir. C’est un échec total car l’Occident est obligé de reconsidérer sa stratégie politique et militaire et de changer de stratégie afin de négocier avec Kadhafi par l’intermédiaire d’un conseil national de transition, aussi fantasque que fantasmagorique.

Un des membres influents de ce conseil national de transition, Ali Salabee, essaie de négocier les conditions de la crise libyenne avec Kadhafi. Salabee a la permission de l’Occident qui pensait défaire le colonel Kadhafi après quelques frappes provenant d’avions mobilisés par le monde occidental. Il s’agissait d’obliger Kadhafi à quitter le pouvoir, or on note qu’aujourd’hui il faut négocier avec Kadhafi. C’est un échec pour l’alliance occidentale chargée de bombarder la Lybie sous mandat du conseil de sécurité de l’ONU.

L’Afrique par l’intermédiaire de Jacob Zuma, Président sud-africain mandaté par l’Union africaine souhaite une fin des hostilités, une négociation entre les parties et donc une solution politique de la crise en Libye.

La Libye de Kadhafi n’est pas la Côte d’Ivoire de Gbagbo. La France peut obliger Gbagbo à quitter le pouvoir après deux ou trois tirs par les hélicoptères gazelles, à cause de l’inorganisation et de l’incapacité stratégico-militaire des Noirs ivoiriens pro-Gbagbo ; rien de tel avec les forces de défense de Kadhafi, mieux entrainées et plus structurées que les forces ivoiriennes. L’Afrique noire francophone n’est pas l’Afrique du Nord francophone et arabe. L’Occident donne l’impression de s’enliser en Libye car les différents protagonistes ne poursuivent les mêmes objectifs. Au sein de l’alliance occidentale, les Américains sont intervenus en Libye à reculons. Pour des raisons électoralistes, Obama ne veut pas s’enliser en Libye comme Bush s’est enlisé en Irak. La France est piégée car elle s’est engagée dans cette aventure sous l’injonction du philosophe Bernard Henry Levy qui a réussi à convaincre Nicolas Sarkozy que le Conseil national de transition était prêt à remplacer Kadhafi et à gérer la vie politique libyenne. Le conseil national de transition est traversé par des courants contradictoires et des oppositions fortes. Pour la France, il faut qu’elle sache que la Libye n’appartient pas à l’Afrique francophone et que les relations ethniques sont beaucoup plus complexes que celles qu’elle gère depuis le 19ième siècle en Afrique noire (traite, esclavage, colonisation et néo colonisation). Attention au piège d’enlisement que favorisent les guerres non évaluées, comme en Libye, comme en Afghanistan où se trouve Nicolas Sarkozy ce 12 juillet et peut-être demain en Syrie où l’ambassade de France vient d’être attaquée. Attention à l’Orient improbable et incompréhensible pour la pensée rationaliste occidentale.

Le conseil national de transition est fondamentalement représenté par une ethnie majoritaire dont la capitale est Benghazi qui s’est toujours opposée à Kadhafi lors de sa prise de pouvoir en 1969. Après 42 ans de pouvoir de Kadhafi, l’Occident en général et la France en particulier se sont compromis en recevant Kadhafi, la France en acceptant qu’il déroule sa tente en plein Paris au nom du pétrole et du gaz, alors que tout le monde savait que Kadhafi a été le parrain financier du terrorisme international. L’Occident doit arrêter de mentir à son opinion publique en érigeant les fantasmes de la démocratie et de la libération du peuple libyen. Le véritable problème est l’instrumentalisation du conseil national de transition par l’Occident pour faire partir Kadhafi et utiliser à bon compte pétrole et gaz libyens en utilisant un modèle lowcost en termes de production et d’approvisionnement à l’avantage de l’Occident. Le conseil national de transition devenant la caution morale de l’Occident aux dépends de la population libyenne et au profit des dirigeants du conseil national de transition qui remplaceraient Kadhafi dans la confiscation de la rente pétrolière.

A l’ouest de la Libye, les troupes du conseil national de transition ont gagné la bataille, mais sur le terrain il leur manque tout, la nourriture, de l’eau et de l’essence afin de progresser vers Tripoli. L’inorganisation du Conseil national de transition est abyssale. Sur le terrain les troupes de Kadhafi résistent et l’Occident est obligé de trouver des compromis alors qu’il était question de gagner rapidement la guerre par des frappes chirurgicales qui auraient défait immédiatement le régime de Kadhafi. Le maintien du régime du guide libyen valorise la théorie du faible au fort qui veut qu’aucun armement sophistiqué ne peut détruire la volonté d’un peuple qui résiste, même pour des mauvaises raisons, comme dans le cas libyen. Néanmoins, la parabole biblique de David et Goliath vaut toujours lorsqu’un peuple s’estime attaqué. C’est le message que Kadhafi infuse à une partie de la population libyenne qui lui est restée fidèle.

http://larepubliqueenmouvement.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/07/12/la-guerre-en-libye-enlisement-ou-piege-pour-le-monde-occiden.html

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