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La SIPM-CNT : Pentecôte, moins 100% sur nos salaires ! Grève et rassemblement le 16 mai

Publie le mardi 10 mai 2005 par Open-Publishing

Le SIPM appelle à la lutte contre la journée de Pentecôte : Cette journée ne doit rien rapporter à nos employeurs, pour obliger le gouvernement à revenir sur cette loi ! Rassemblement devant le MEDEF lundi 16 à 18h croisement av. Bosquet et rue du Champ-de-Mars, M° 8 Ecole-Militaire.

 Grèves là où cela est possible : convoquez des assemblées générales du personnel pour voter la grève et en décider les modalités ;
 Grève du zèle sinon : officiellement où officieusement, faites circuler la consigne : cette journée doit être improductive ;
 Par défaut, si toute mobilisation collective est impossible, actions individuelles, grève, improductivité, etc. (des préavis nationaux couvrent les grévistes localement, même isolés).

En revanche, nous déconseillons de faire le jeu de l’Etat et du patronat en prenant ce jour-là une RTT ou un jour de congé, qui validerait la perte d’un jour férié.

À qui profite la loi ?

Si Jean-Pierre Raffarin comptait sur cette loi pour redorer son blason, professionnel du bon sens, des petites gens, de la France qui travaille, bien mal lui en a pris. Le tollé général qui s’est fait entendre dans chaque entreprise, l’incompréhension face à cette loi irrationnelle, sont révélateurs. La solidarité, ce n’est pas renoncer à nos droits.

Toutefois il est une organisation que l’on a peu entendue sur ce dossier : le MEDEF. Serait-ce parce que le sujet ne l’intéresse pas, où parce qu’elle a tout à gagner à ne pas se montrer bruyante ?

Nous sommes appelés à travailler une journée supplémentaire dans nos entreprises sans être payés. L’entreprise en contrepartie reversa 0,3% de sa masse salariale, somme considérée comme négligeable par de nombreux patrons de grandes entreprises. En effet, les 0,3% correspondent seulement au salaire brut d’une journée de travail. L’entreprise est doublement gagnante, car :

 Elle ne reverse pas les cotisations patronales (ces dernières ne sont pas incluses dans la masse salariale), donc les patrons gagnent une journée sans verser les cotisations obligatoires à nos caisses (sécu, retraite, maladie, famille, chômage) ;
 Les bénéfices de cette journée de travail, c’est bien les patrons et actionnaires qui les conservent (si le salarié ne rapportait pas plus que son salaire, le capitalisme n’existerait pas).

Augmentation du temps de travail, suppression des cotisations patronales, bénéfices conservés par l’entreprise, « dialogue social » dans lequel le patron a toutes les cartes en main... Alors, à qui profite le travail supplémentaire non payé, si ce n’est avant tout aux actionnaires et patrons de nos entreprises ?

La journée de solidarité ou lundi de pentecôte ?

Été 2003, la canicule touche la France. 14 802 personnes décèdent, pour la plupart âgées ou/et handicapées. Le gouvernement est complètement déstabilisé, rien n’a été prévu pour réagir face à une telle situation. Jacques Chirac, en vacances, décide de... poursuivre ses vacances.

Le 30 juin 2004, le Parlement entérine la « loi relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées ». Cette loi stipule que pour venir en aide à ces « personnes dépendantes », tous les salariés devront travailler un jour supplémentaire sans être rémunérés. Loi sans précédent, procédé sans précédent, logique sans précédent.

Ainsi le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin décide que pour pallier l’inefficacité indéniable du gouvernement lors de l’effarante situation de l’été 2003, tous les salariés devront abandonner un des droits fondamentaux de notre société : tout travail mérite salaire.

En contrepartie de cette journée travaillée mais non payée, les entreprises devront reverser 0,3% de la masse salariale, correspondant au surcroît de valeur ajoutée d’un jour de travail. Ce versement devrait représenter 2 milliards de recettes.

Il est à noter par ailleurs que l’État, pour respecter ses engagements de campagne, se targue d’avoir réduit l’impôt sur le revenu. Réduction représentant une perte de 1,7 milliard pour l’État et profitant essentiellement aux plus hauts revenus... On donne d’une main aux contribuables fortunés ce que l’on reprend de l’autre aux travailleurs. Telle est la politique de notre gouvernement !

Une cacophonie sans précédent

Le texte de loi présente une particularité frappante à sa lecture : une pagaille évidente, un flou artistique savamment entretenu au fil des pages. C’est sur cette pagaille et cette incompréhension que compte le gouvernement pour nous faire avaler la couleuvre. Comment doit être appliquée cette journée de solidarité ? Personne ne le sait exactement et les entreprises ont toute latitude pour appliquer le texte comme bon leur semble.

Les documents explicatifs publiés par le gouvernement insistent particulièrement sur un point : « la loi du 30 juin 2004 ne prévoit pas d’obligation de négocier ». Il est tout au plus fait référence à une consultation préalable du CE ou des DP si ceux-ci existent. À défaut d’accord entre les salariés et leur patron, la journée de solidarité est fixée au lundi de Pentecôte.

De tous côtés les patrons annoncent donc la teneur de cette journée de solidarité. Dans telle entreprise ce sera un jour de congé en moins, ou un jour de RTT supprimé, de l’autre une journée travaillée comme les autres mais non payée.

Plus surprenant encore, certaines sociétés ont décidé « d’offrir » cette journée à leurs employés. Cadeau obtenu grâce à la force de la mobilisation des salariés, c’est le cas chez Mondial Assistance par exemple où le DRH déclare sans peine : « Nous n’avons pas envie de déclencher un mouvement social pour si peu (0,3% de la masse salariale) ».

Le cas à la SNCF est encore plus frappant. Entreprise de service public, elle ne peut aller à l’encontre des lois édictées par son propre gouvernement. Face à la menace de grève, ses patrons décident de désavouer J.-P. Raffarin : le lundi de Pentecôte se déroulera comme un jour férié normal, mais l’ensemble des salariés devra travailler quotidiennement 1 min 52 s de plus (soit 7 heures dans l’année). Disposition inapplicable dans les faits revenant à annuler purement et simplement cette journée de solidarité.

On le voit donc bien, d’un côté une loi, de l’autre une réalité dans laquelle le patronat tire, comme d’habitude, son épingle du jeu. 7 heures de travail supplémentaires sans augmentation de salaire et avec la plus grande flexibilité quant à leur mise en place. Seules les entreprises où les salariés sont organisés et forts réussissent à contrer ces nouvelles attaques aux droits des travailleurs.

Un grand bond en arrière !

Dans les faits cette loi est une augmentation pure est simple du temps de travail sans augmentation de salaire. La loi sur les 35 heures a permis au patronat d’obtenir la flexibilité et l’annualisation. Ainsi, dans de nombreuses branches (la presse a été en général épargnée), la situation a été pire après qu’avant. Aujourd’hui, l’annualisation est maintenue, mais la réduction du temps de travail est quotidiennement remis en cause par le gouvernement actuel : augmentation du contingent d’heures supplémentaires autorisées par exemple.

Cette journée de solidarité n’est qu’un nouveau camouflet pour poursuivre ce démantèlement de nos droits. Depuis le 30 juin 2004, nous sommes passés de 1600 heures de travail annuel à 1607 heures, sans aucune augmentation de salaire ni même négociation.

On nous parle de solidarité, mais où est la solidarité lorsque l’on opère un grand bond en arrière à l’encontre de nos droits ? Tout travail mérite salaire Aucune loi ne pourra remettre en cause cette évidence.

Refuser cette journée est-ce refuser la solidarité nationale ?

Le peuple travaille toujours plus tandis que les gouvernants toujours moins. Eh oui, cette augmentation du temps de travail ne concerne que les salariés, les parlementaires s’en sont autodispensés, comme ils en ont dispensé les patrons, les actionnaires, etc. Une solidarité nationale basée uniquement sur les salariés ? Quid des professions libérales, des commerçants ? Des patrons, des actionnaires ? N’ont-ils pas le droit d’être solidaires ?

On le voit bien, cette loi n’est qu’un leurre pour faire croire au dévouement du gouvernement mais elle n’est fondée sur rien. Aucune réflexion d’envergure face au vieillissement de la population, aucune proposition concrète pour soutenir efficacement la santé publique. Pire, souvenons-nous : qui a fragilisé le régime de la sécurité sociale ?

Qui a diminué les ressources des retraités juste avant cet été meurtrier ? Qui s’en prend au système de santé ? Pourtant les seuls organismes qui peuvent efficacement lutter contre la paupérisation des retraités.

On ne peut donc porter attention aux beaux discours d’un Raffarin éploré par la réaction suscitée par sa loi. On ne peut accepter cette belle vitrine masquant l’inefficacité de notre gouvernement qu’est la loi du 30 juin 2004.

Source : http://sipm-cnt.org/article.php3?id_article=373