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La Suède et les sans paps : traduction complète article !
Publie le mardi 13 juin 2006 par Open-Publishingtraduction complète article passé hier sur la Suède
[noborder] greetings from sweden
À nos amis de noborder
Entre le 15 novembre 2005 et le 30 mars 2006, une chose unique s’est produite en Suède. Des dizaines de milliers de réfugiés cachés et en attente pouvaient, sans crainte, aller au Conseil des Migrations et y recevoir leurs papiers grâce à une législation provisoire d’amnistie.
Aucune expulsion n’a été effectuée durant cette courte période. Les centres de détentions étaient vides et leurs fonctionnaires n’ont rien eu à faire. C’était une courte période de « cesser le feu » au milieu de la guerre invisible à l’encontre des demandeurs d’asile.
Durant l’année 2005 le nombre de réfugiés cachés oscillait entre 10.000 et 20.000 personnes. C’était le résultat d’une politique d’asile très dure pendant une longue période. La Suède ne tolérait pas les personnes sans papiers et ne leur donnait aucun droit. Les associations de bénévoles ne pouvaient pas prendre soin d’autant de personnes, que ce soit pour l’aide alimentaire, l’aide au logement ou
aux soins de santé.
L’engagement humanitaire pour la vie des réfugiés s’est transformé en énergie politique et a organisé la lutte politique. Les ouvriers de la base, le personnel de vieilles O.N.G., les institutions bien établies et les partis politiques se sont rassemblés autour d’une
seule demande : Des papiers pour tous les réfugiés cachés et en attente.
En janvier 2005 un réseau d’action appelé « Amnistie pour les réfugiés 2005 » (« Flyktingamnesti 2005 ») était créé. Il exigeait une amnistie générale pour tous les demandeurs d’asile en Suède. Les Suédois ont ainsi commencé à remettre en cause les valeurs de base de leur société aussi bien que l’image qu’ils avaient de celle-ci.
La majorité des médias a aidé à diffuser les histoires que les
demandeurs d’asile racontaient au sujet de leurs vies. Le mythe
craquait et les voix critiques s’élevaient. Aujourd’hui, en Suède,il
y a une atmosphère plus amicale envers les réfugiés.
En Suède, les demandeurs d’asile ont le droit de choisir dans quelle
ville ils veulent vivre. Malgré le fait qu’ils ne reçoivent aucune
contribution économique pour un loyer, la plupart d’entre eux évitent
de rester dans les camps de réfugiés et choisissent de vivre dans les
grandes villes. De cette façon, ils sont moins isolés et ont beaucoup
plus facile de se rencontrer et d’organiser leurs activités.
Peu à peu les demandeurs d’asile ont brisé le silence et ont
participé aux discussions, réunions et autres activités. Beaucoup de
personnes ont distribué des tracts dans les rues et les quartiers où
ils vivaient. Ils ont pris part à la formulation et à l’écriture de
leurs propres revendications tout comme ils ont participé aux travaux
concrets. Les demandeurs d’asile ont pris une part active dans le
domaine public. Travailleurs culturels, musiciens et artistes ont
apporté leur aide en racontant les histoires et les vies des
demandeurs d’asile dans des documentaires, des chansons et des films.
Beaucoup de journalistes et scientifiques voulaient rencontrer
personnellement les réfugiés cachés. La protestation a aidé à créer
de la sympathie et de la compréhension au sein de la société pour la
situation des réfugiés.
Le 14 septembre 2005, 134 membres du Parlement ont voté pour une
amnistie et 172 contre.
Le groupe des opposants étaient exclusivement les Sociaux Démocrates
et les Modérés (parti de droite). Avec ce refus de l’amnistie au
Parlement, les Sociaux Démocrates dans la majorité ont été forcés par
les deux petits partis de leur coalition (Vansterpartiet et
Miljopartiet - la gauche et les écologistes) de faire une loi
provisoire accordant un permis de séjour aux familles avec enfants et
aux demandeurs d’asile qui ne pouvaient pas être expulsé.
Selon le Conseil des Migrations seulement 50 % de tous les demandeurs
d’asile ont obtenu ou obtiendront un permis de séjour.
Aujourd’hui il y a de nouveau bon nombre de refus et les gens
recommencent à se cacher. La guerre invisible a repris. Différents
groupes de demandeurs d’asile refusés se rassemblent dans des actions
spontanées ou font des grèves de la faim par pur désespoir.
Certains d’entre nous qui écrivons cette lettre sont des demandeurs
d’asile et ont participé activement à la campagne. Nous attendons
encore des décisions du Conseil des Migrations et nous ne savons pas
à quoi nos vies ressembleront si nous sommes forcés de nous cacher à
nouveau. Il est très important de dire aux demandeurs d’asile que
toutes les campagnes n’apportent pas le succès, que nous devons être
préparé à des échecs.
Le fait qu’une campagne est réussie ne veut pas dire qu’elle changera
radicalement la politique d’asile. Au mieux, elle devrait être perçue
comme une amélioration très importante mais provisoire.
Lorsque le Parlement suédois a rejeté l’amnistie, nous n’avions pas
de stratégie sur la façon dont continuer notre travail. Quelques
groupes locaux n’ont eu aucune activité depuis ce moment et d’autres
ont tenu jusqu’à la fin de la campagne, le 31 mars, pour qu’un
maximum de personnes puissent rester. Après avoir obtenu la
légalisation temporaire, beaucoup de demandeurs d’asile sont retourné
à leurs propres situations isolées.
Pour nous la campagne avait un but clair : aider les demandeurs
d’asile à obtenir un permis de séjour. Pour atteindre ce but nous
n’avions pas d’autre choix que de travailler dans le cadre légal.
Seules les autorités peuvent donner une telle permission en fin de
compte et nous avons travaillé pour obtenir le meilleur résultat
possible afin qu’un maximum de personnes puisse vivre dans la
dignité. Les méthodes nous avons employé n’étaient pas toujours
celles que nous aimions le plus. Nous avons protesté et montré notre
colère sur beaucoup de questions, mais nous avons débattu avec
attention de chaque action afin de ne pas fermer la porte d’un
dialogue avec les politiciens.
En même temps, nous qui nous travaillons pour des résultats concrets
nous devions avoir une discussion au sujet des « Frontières »,
comment elles affectent la vie des « citoyens légaux » et la manière
dont nous pouvions agir dans le domaine public. Les frontières ne
nous protègent pas des réfugiés, mais elles transforment notre
société en prison.
Afin de réussir les campagnes pour la régularisation des réfugiés
nous devons mobiliser beaucoup de personnes avec de bons arguments,
de la créativité et de la patience.
Aujourd’hui en Suède certaines personnes ont commencé à s’organiser
et à travailler pour obtenir des papiers pour tout le monde. De
nouveaux réseaux doivent être créé et ils doivent collaborer avec les
organisations d’autres pays européens pour arrêter les conventions
communes qui sont hostiles aux réfugiés et essayer de les remplacer
par des règles basées sur la justice et la solidarité.
Certains d’entre nous payent un prix élevé pour leur désobéissance
civile qui consiste à franchir les frontières sans la permission des
états. Mais nous considérons notre lutte pour les papiers/statut
légal comme une part du plus grand combat qu’est la justice pour tous.
Salutations,
Farzin, Flyktingamnesti
Shahed, Flyktingamnesti
Aida, No one is illegal
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Voici une liste de choses que nous avons faites pendant la campagne :
... En janvier 2005 un réseau de campagne appelé le « Amnistie pour les
réfugiés 2005 » a été créé ;
... Au printemps de 2005 quelques 160.000 signatures étaient
rassemblées pour la « pétition de Pâques » lancée par le Conseil
Suédois des églises, K.G Hammar qui formulait la demande d’une
politique d’asile humanitaire ;
... Dans la même période tous les partis du parlement suédois, excepté
les sociaux démocrates et le partis conservateur, ont proposé une
motion commune pour revoir tous les recours d’asile qui avaient été
refusées par le Conseil d’Appels des Etrangers ;
... Au total plus de 100.000 personnes étaient actives dans les
réunions, en écrivant des lettres et cartes postales aux politiciens,
dans la distribution des tracts et feuilles d’information et en
exprimant leur opinion dans les manifestations ;
... Pendant le printemps et l’été 2005 un journal fut imprimé
spécialement sur le sujet avec une distribution de 250.000
exemplaires. Des milliers de brochures et affiches en différentes
langues ont été imprimés et distribués ;
... En mai et septembre 2005 des manifestations coordonnées se sont
tenues dans 30 leix différents à travers tout le pays ;
... Des musiciens populaires ont enregistré ensemble un CD intitulé « A
ceux que nous expulsons » afin d’être vendu au bénéfice de la campagne
;
... En décembre, des manifestations aux flambeaux se sont tenues dans
différentes villes. Ces manifestations se sont déroulés pour soutenir
les demandeurs d’asile qui n’ont pas été inclus dans la loi
temporaire et donc qui risque d’être expulsés. Les manifestants
réclamaient des permis de séjour pour tous les réfugiés en Suède et
le redressement de tous ceux qui ont été humilié par l’injuste
procédure d’asile suédoise. Les manifestations ont aussi demandé des
lois plus humaines et plus généreuses pour les réfugiés ;
... En décembre 2005 la campagne « Amnistie pour les réfugiés 2005 » a
envoyé des lettres à tous les administrateurs de l’Agence Service des
Migrations du district de Gothenburg qui détenaient la loi
provisoire. Cela fut fait à plusieurs occasions, la dernière étant
les voeux de Noël auxquels étaient joints comme cadeau de Noël une
collection d’articles les rappelant à leur grande responsabilité ;
... La campagne « Flyktingamnesti 2005 » est arrivée à sa phase finale
en mars 2006 lorsque le Conseil d’Appels des Etrangers fut remplacé
par la Cour des Migrations. Le 29 mars, la campagne a organisé une
manifestation devant du parlement durant le débat principal
concernant les lois sur la migration. Depuis midi se déroulait une
manifestation tranquille pour montrer la solidarité avec toutes les
personnes qui attendent toujours leur permis, ou qui vivent cachées
parce qu’ils ont été déboutés du permis de séjour ;
... Un dépliant sous la forme d’un passeport fut distribué par la
campagne. Le passeport, contenait des histoires de demandeurs d’asile
qui ont obtenu leurs permis et remercient la loi provisoire, de
personnes qui ont une nouvelle fois été refusés et les histoiresdes
personnes qui attendent toujours le verdict si elles pourront rester
ou si elles seront expulsées vers les vies et les pays dont elles
s’étaient arrachées durement.