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La course à la tête d’affiche

Publie le vendredi 15 décembre 2006 par Open-Publishing
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Buffet, Autain, Salesse, les derniers intermittents du spectacle politique

de MathiasDelfe

La "gauche de la gauche" en quête de tête d’affiche

Ouf ! Philippe de Villiers a été officiellement intronisé candidat officiel à l’élection présidentielle par le mouvement MPF dont il est le principal artisan et responsable, voire le seul membre actif.

Voilà un type en accord avec soi-même, ce qui est plutôt rassurant en ces temps de troubles schizophréniques galopants, qui voient tant de gens se déchirer intimement parce que leur tête ne pense pas comme leur portefeuille qui lui-même voit les choses différemment que le centre du désir, approximativement situé entre surconsommation et abstinence ou, plus prosaïquement, entre Carrefour, les Seychelles et l’entrecuisse.

Jean-Pierre Chevènement, le Villiers de gauche, possède la même tranquille assurance des gens qui n’ont de comptes à rendre qu’à une conscience aussi mystérieuse qu’un trou noir : il n’y a pas un mois, il déclarait son intention de se présenter en avril prochain aux suffrages de ses concitoyens, aujourd’hui il se désiste relax et sans état d’âme en faveur de la reine Ségolène.
On en déduira que les militants du MRC, le parti du lion de Belfort, sont au choix des bons bougres pas contrariants ou bien que tous réunis ils tiendraient à l’aise dans une chambre d’hôtel, cas où on ne discute pas les décisions prises par celui qui règle la note.

De son côté, Arnaud Montebourg, après qu’il eut initié la mouvance Rénover maintenant pour cause de désaccord avec ses complices Peillon, Hamon et Emmanuelli qui bradèrent vite fait au congrès du Mans de novembre 2005 le courant NPS à la ligne hollandiste, fut le premier des éléphanteaux nouveaux à rejoindre la ménagerie Royal, au grand désarroi des militants du mouvement, Michaël Moglia, le secrétaire général en tête, fabiusien comme tout « noniste » cohérent, qui n’a eu comme perspective que d’aller se faire voir ailleurs après que son patron lui eut rappellé qu’il n’y avait d’autre alternative pour un sous-fifre que se soumettre ou se démettre.

Pourquoi tant d’heureuse désinvolture ? c’est que Rénover maintenant, comme le MPF ou le MRC, n’est rien d’autre qu’un magasin peuplé de peluches à remontoir mécanique dont l’unique rôle est d’assurer par leur existence le succès du commerçant propriétaire du fonds.
Ce ne sont pas des think tanks, ainsi que l’évoque parfois complaisamment la presse amie ou ennemie, mais des tanks tout court, des réservoirs à couillons dont le premier devoir qu’on attend d’eux est qu’ils thinkent le moins possible.

Oh ! pas de quoi ricaner, les anars, vu que le perroquet rouge et noir qui ressasse en boucle « élection, abstention » en espérant convaincre un poivrot de passage de sa pertinence politique n’a pas grand-chose à envier en termes d’innovation et d’autonomie intellectuelle aux godillots des partis et tendances sus-mentionnés !

Toutefois, en marge de toutes ces troupes de théâtre bien structurées à défaut d’être vraiment performantes, parfaitement prévisibles dans le développement de leur action, existe encore des intermittents du spectacle véritablement désorganisés qui expriment avec fraîcheur toute la vanité de leurs ambitions dans un show gauche de gauche improvisé au jour le jour dont l’amateurisme désole leurs admirateurs déclarés ou secrets et fait mourir de rire ou de honte tous leurs détracteurs, ceux qui préfèrent une bonne pièce boulevardière sans surprise à un pensum expérimental prise de tête quoique même pas intello.

Ainsi d’un côté de la scène le bœuf Buffet, convaincu que tenir la torche de la contestation officielle ne saurait échoir qu’au PC, de son point de vue inexplicablement devenu un parti nain de notables accrochés à leurs prébendes après qu’il eut incarné l’avenir du peuple en tant que principale formation de gauche et, de l’autre côté, menant grand tapage, les grenouilles Autain, à qui sa récente médiatisation a fait prendre au moins trois tailles en tour de chapeau, Bové, retourné, provisoirement sans doute, coasser près du ru qui coule au bout de son champ et Salesse, le gars que tout le monde connaît sur le palier de son immeuble Copernic, mais personne au-delà.

Avec une pensée émue pour Arlette Laguiller, en ce moment rajeunie de quinze ans par une campagne d’affichage qui rappelle qu’elle reprend Mère Courage pour la énième fois au TNP, et pour Olivier Elcéhair jouant « En attendant Besancenot » devant une salle aux trois-quarts vide, on ne saurait trop conseiller à ces quatre créatures pirandelliennes en quête de succès sinon d’auteur de constituer leur propre troupe ainsi que l’ont fait les personnages ici précédemment recensés, de sorte qu’elles seront assurées chacune de rassembler au moins 1% des votes lors de la prochaine représentation nationale, pourcentage modeste à partir duquel l’intermittent du spectacle politique se sent bêtement mais justement rétribué de ses efforts à ne demeurer qu’un figurant.

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