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« La fédération CGT des Finances plus que jamais dans ATTAC »
Publie le vendredi 24 novembre 2006 par Open-Publishing« La fédération CGT des Finances plus que jamais dans ATTAC »
Contribution de Christian DELARUE, délégué du syndicat CGT des Impôts et membre du CA d’ ATTAC France (intervenant au congrès), de Jean-Philippe GASPAROTTO, délégué du syndicat CGT de la Caisse des Dépôts et Consignation et membre d’ATTAC .
Notre propos ne reflète pas nécessairement celui officiellement adopté par la fédération CGT des Finances. Son objet consiste à souligner l’intérêt de la participation de la fédération CGT des Finances au mouvement altermondialiste en général et à ATTAC en particulier.
Comme on peut dire qu’ATTAC a intérêt à une représentation en sein de la « parole spécifique » du monde du travail salarié, ne serait-ce qu’à cause de la spécificité de la domination subie par le salariat à savoir l’exploitation de sa force de travail. A l’inverse, pour éviter le solo mortifère d’un syndicalisme purement défensif de telle ou telle fraction du salariat les syndicats CGT ont intérêt à participer à plus large qu’eux. Cela mérite explication. Car on dira que la confédéralisation CGT devrait suffire à cet élargissement notamment par la défense de l’ensemble des intérêts matériels et moraux des salariés, actifs, chômeurs ou retraités. On dira encore qu’il y beaucoup à faire sur ce plan de la promotion large d’un syndicalisme de lutte et de transformation sociale. Je suis d’accord mais cela ne suffit pas en terme de réponse à la hauteur des enjeux.
Pour ne pas être trop long deux points - l’évolution d’ATTAC et la dynamique altermondialiste - seront développés en lien avec le souci de démontrer l’utilité de la participation des syndicats CGT des Finances à ATTAC.
I. - L’évolution d’ATTAC nous intéresse pour accomplir toutes nos tâches
ATTAC est né du besoin de répondre à la dictature des marchés et de la finance mais sur fond de crise du mouvement ouvrier historique tant au plan national qu’au plan international, tant sur sa composante syndicale que politique. Cette crise impliquait une nouvelle organisation plurielle ou certes des scientifiques critiques produisaient un contenu, un peu comme dans la Fondation Copernic, mais aussi, au sein du collège des Fondateurs, les représentants des différents acteurs de la société civile, associations et syndicats, syndicat de paysans et syndicats de salariés. Il ne s’agit donc pas de tous les acteurs de la société civile car ATTAC se montre indépendant du patronat national et européen et des différents gouvernements . Cette indépendance se remarque plus par sa critique du néolibéralisme et de la gouvernance mondiale que par ses statuts, mais elle est réelle.
ATTAC avec les années a intégré de nouveaux processus d’altermondialisation et donc de nouvelles exigences. Les revendications d’ ATTAC témoignent d’une part de l’élargissement du domaine de la lutte bien au-delà de la taxe Tobin et d’autre part d’une précision appréciable tant en « contre » qu’en « pour ». Le Manifeste d’ATTAC contient des « ruptures franches » autrement dit de réelles propositions d’alternative au néolibéralisme et à l’organisation dominante de la société dominée par le capital . Cette évolution est à apprécier positivement pour l’efficacité revendicative, pour la réussite de notre mission syndicale au-delà de la résistance nécessaire ici et maintenant face à la Haute administration de Bercy ou au patronat. Ici ou là on peut certes trouver des propositions contestables mais la dynamique d’ensemble s’inscrit bien dans une dynamique altermondialiste.
II. - ATTAC est la maison commune de l’altermondialisme ! Les syndicats de salariés y ont toute leur place.
La dynamique altermondialisme est une réalité tendu sur un projet en construction avec un trajet et un sujet.
Le projet altermondialiste est clair, ce n’est pas l’acceptation de ce monde-ci en un peu mieux . Ce n’est pas l’acceptation de la « fin de l’histoire » (cf Fukuyama) et d’un capitalisme mieux aménagé. Non, l’altermondialisme porte un tryptique : pour un autre monde, une autre Europe, une autre France. Un syndicalisme de transformation social se réclamant de la « double besogne » de la Charte d’ Amiens ne saurait qu’approuver une telle perspective.
Quel est le sujet théorique porteur de cette dynamique : il s’agit du peuple compris comme la fraction dirigée et dominée de la population ou de la nation. Il s’agit aussi du citoyen, de tous les citoyens pas seulement une minorité de privilégiés en capacité de tirer partie de la mondialisation du capital. ATTAC ignore-t-elle le salariat ? Non de nombreuses proposition recouvre la préoccupation syndicale de la « libération du salariat ». Comment ignorer que le salariat est la composante majoritaire du peuple ? Comment ignorer que la société est clivée par de multiples rapports sociaux dont celui opposant le travail au capital ?
Entre le projet et ce sujet s’insère un trajet fait de la convergence de processus pratiques variables dénommés « altermondialisations » mais nourris d’un contenu revendicatif porteur de « ruptures franches » par rapport à l’ordre dominant. C’est ce contenu qui donne une portée nettement altermondialiste qui dépasse une optique purement « mouvementiste » (bouger pour bouger sans vouloir aller vers un but) d’ATTAC.
Voila de quoi intéresser positivement un syndicalisme offensif de transformation sociale. Car si la défense est nécessaire l’offensive efficace l’est tout autant. La Fédération des Finances a plus de raisons aujourd’hui qu’hier de participer à ATTAC.
III. - Addendum : De quelques thèmes communs en débat.
Il ne s’agit pas ici d’être exhaustif mais de souligner soit des avancées méconnues soit des débats en cours.
Tout d’abord, je me réjouis de la position de l’UGFF-CGT, annoncé par Jean-Marc Canon, concernant la revendication de l’ouverture aux différents concours de la Fonction publique aux résidents étrangers extracommunautaires. L’argumentation de cette revendication mérite d’être mieux connue au sein des syndicats comme dans l’altermondialisme.
La mise en oeuvre du droit au logement a fait l’objet d’une présentation en tribune suivie d’un débat. La revendication d’un droit au logement opposable et de la revendication d’un grand service public national de l’habitat pour le rendre effectif n’a pas été acté mais le débat va se poursuivre transversalement. La question du financement y est essentiel , la Fédération CGT des Finances y a toute sa place en lien avec le secteur associatif . En fait trois grandes revendications pourraient être proposées :
– Le droit au logement opposable et la mise en œuvre effective de la loi de réquisition.
– la revendication structurelle de service public de l’habitat.
– la mobilisation des ressources financières nécessaires et notamment celles issues du livret A ainsi qu’une évolution de la fiscalité (taxation des logements vacants ; mise en cause des dispositifs d’exonération type Amortissement Perissol-De Robien- Borloo...
La LOLF - loi organique portant loi de Finances d’aout 2001qui a remplacé l’ordonnance de 1959 - a donné lieu à débat . Certains syndicats demandent l’abrogation de la LOLF, non pour revenir à 1959 mais pour établir une nouvelle « constitution financière » antilibérale, donc fondée sur une autre logique. D’autres syndicats se limitent à porter leur analyses critiques sur des « causes intermédiaires » et revendiquent seulement l’abrogation de nombreux éléments de la LOLF dont la règle dite de la « fongibilité asymétrique » mais aussi de la plupart des règles techniques et juridiques qui visent à assurer une « culture de performance ». Débat à poursuivre.
La revendication du plein emploi tel quel est refusée par tous. Elle signifierait l’acceptation d’une part de réduire l’activité revendicative au seul cadre économique, d’autre part d’accepter avec la notion de plein emploi des libéraux un taux de chômage frictionnel conséquent. Le débat a donc porter sur l’emploi du complément faisant toute la différence : la notion de plein emploi solidaire l’a emporté sur celle de plein emploi réel. La notion du plein emploi solidaire intègre la revendication du nouveau statut du travail salarié.