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La gauche a manqué de courage sur la question de l’immigration
Publie le mercredi 5 décembre 2007 par Open-Publishing2 commentaires
de Emilie Rive
« Migrations, monde en mouvement », tel était le thème du débat qui s’est déroulé jeudi dernier à Nîmes, dans le Gard. Avec une assistance majoritairement non communiste.
C’est Nîmes, métropole de 140 000 habitants du Gard, qui a accueilli, jeudi dernier, le débat national du Parti communiste sur le thème des migrations. Plus de cent personnes, majoritairement non communistes, ont répondu à l’invitation.
Les têtes d’affiche ? Graziela Mascia est députée italienne, responsable de Refondation, membre de l’exécutif du parti de la gauche européenne. Jean-Philippe Turpin, de la Cimade de Languedoc-Roussillon, travaille dans un centre d’accueil de demandeurs d’asile. Emmanuel Terray, ethnologue, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, a passé des jours et des nuits avec le troisième collectif des sans-papiers de Paris. Françoise Riou, conseillère confédérale de la CGT pour l’immigration, était sur le terrain des Saint-Bernard en 1996. Et Sophie Celton, membre de l’exécutif du Parti communiste posait l’ambition du débat : d’une part, comment déconstruire le discours de Sarkozy s’appropriant celui de Le Pen, avec la peur de l’étranger, le fantasme des idées reçues, les appels à la délation, et, d’autre part, quelles réponses apporter en cherchant des convergences de lutte et de projet politique.
Graziela Mascia donnait toute la dimension européenne à la question, en rappelant le débat actuel en Italie : l’arrêté ministériel d’expulsion des Rom et l’ordonnance d’un maire qui veut refuser l’autorisation de résidence des étrangers aux revenus insuffisants. « L’Italie est un pays d’immigration récente. Il est donc facile d’être saisi du vertige de l’invasion et de choisir l’immigré comme responsable de la peur de l’avenir. L’histoire nous a appris que cette peur était toujours liée aux grandes crises sociales. Les immigrés sont utilisés, chez nous aussi, pour peser sur le marché du travail.
Il est indispensable, dans ces conditions, que l’Europe se dote d’un faisceau de droits et de conditions salariales communes. Il faut sortir de la logique du profit. C’est toute la question du traité européen. » Jean-Philippe Turpin dénonçait le paradoxe entre la volonté affichée par le gouvernement et son incapacité à appliquer ses propres critères de sélection. « Malgré les lois de plus en plus répressives, disait-il, il y a plus de 30 000 régularisations exceptionnelles par an. Donc, vouloir arrêter les flux migratoires est un leurre. Les gens resteront, malgré le coût en argent, en souffrances, en soumission aux marchands de sommeil et au marché du travail… La première chose à faire c’est d’être avec eux, de les défendre pied à pied, après… je n’ai pas de solutions. » Il précisera pourtant que la Cimade a exposé quelque quatre-vingts propositions. Mais cet aveu trouvera un écho dans le public. « Nous sommes entrés en résistance, nous cachons des familles, nous tissons de la solidarité, mais cela ne suffit pas. »
C’est parce que « la gauche a manqué de courage », sur le droit de vote des étrangers, les régularisations, qu’elle a préparé le terrain à Nicolas Sarkozy, dénonçaient, à la fois, Emmanuel Terray et Françoise Riou. Et Emmanuel Terray ne s’est pas privé de situer le problème sur le terrain de la lutte de classes. Comment déconstruire le discours sarkozyen ? En revenant à la réalité. L’utilisation d’une main-d’oeuvre surexploitée pèsera sur le marché du travail tant qu’elle ne sera pas régularisée. Les immigrants, en France, ne sont pas « toute la misère du monde » parce que d’origine géographiquement circonscrite. Une fois de plus, il a été rappelé que ce sont les pays pauvres qui accueillent les plus pauvres. Mais, remarquaient certains intervenants de la salle, le plus difficile à combattre reste l’héritage raciste et xénophobe libéré par la « chasse aux tabous » de Sarkozy.
Poids de la solidarité, urgence de réponses politiques, exigence d’une autre conception des relations internationales, besoin de pédagogie et d’approfondissement de la discussion ont été réaffirmés. Autant de points sur lesquels s’est engagée, pour de nouveaux débats, Sophie Celton.
Messages
1. La gauche a manqué de courage sur la question de l’immigration, 5 décembre 2007, 17:09
La Gauche manque de courage sur tout !!!
1. La gauche a manqué de courage sur la question de l’immigration, 5 décembre 2007, 21:55
Je dirais même plus : La Gauche manque de courage sur tout !!!
Dupond