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La grève…Ou pourquoi s’en passer ?

Publie le mardi 8 janvier 2008 par Open-Publishing
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L’information nous vient d’outre-Rhin et devrait faire réfléchir les éminents spécialistes des relations sociales.

L’Allemagne a enregistré en 2007 un nombre de jours de grève record depuis 1993, avec 580 000 jours, soit presque autant qu’en 1993 (593 000 jours).

Comment est-ce possible ? Voilà si longtemps que l’on nous vante un modèle de relations sociales apaisées, grâce à un syndicalisme plus fort en nombre et plus enclin au compromis.

Voilà tant d’années que l’on nous rebat les oreilles avec une supposée frilosité franchouillarde devant les réformes, un anachronisme des centrales syndicales françaises et un refus de négocier de la première d’entre elles, la CGT. Il y a peut-être quelques enseignements à tirer de ces chiffres. Ils devraient faire réfléchir ceux qui pensent qu’il ne faut pas négocier sous la contrainte du rapport de forces.

Tant dans les services publics que dans le privé, les conflits en Allemagne montrent que nos voisins n’ont pas renoncé, comme on le prétend parfois, à articuler grève et négociation, quitte à mener une grève « préventive », comme chez Deutsche Telekom, contre un projet de l’opérateur de faire travailler plus et gagner moins cinquante mille salariés externalisés dans une nouvelle filiale de services aux clients privés.

« De telles grèves préventives constituent un nouveau phénomène », explique d’ailleurs un expert de l’institut de l’économie allemande IW ; les salariés allemands cessant traditionnellement le travail pour demander des améliorations de leurs conditions de travail, des hausses de salaire ou une réduction de la durée de leur travail.

Nos voisins ont en commun avec nous des patrons aussi peu enclins à rogner les profits des actionnaires, des gouvernements (SPD comme CDU) aussi prompts à durcir les conditions d’indemnisation des chômeurs, à retarder l’âge de la retraite. Dès lors, ce modèle social prétendument apaisé se révèle incapable d’empêcher, voire de retarder la contestation sociale.

Une chose est sûre : les pouvoirs publics et le patronat n’ont jamais négocié autrement que taraudés par le rapport des forces. Faut-il le rappeler, le CPE a été retiré grâce à de puissantes manifestations, à l’unité syndicale et la convergence entre salariés et jeunes étudiants.
Encore récemment, il a fallu de puissantes journées de mobilisation et de grève pour que s’ouvrent enfin de vraies négociations sur les régimes spéciaux.

Nous ne sommes pas condamnés à des positions défensives quand, sur des sujets comme les salaires, le pouvoir d’achat, les retraites, nous pourrions au contraire être offensifs, unis et mobilisateurs. C’est tout le mal que l’on peut se souhaiter, puisque l’on peut encore former des vœux…

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