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La guerre d’Afghanistan telle que les médias ne la racontent pas.
Publie le mardi 27 juillet 2010 par Open-Publishing5 commentaires
Il y a quelques jours, le ministre de la Défense, Hervé Morin accordait une interview à La Croix à propos de l’Afghanistan, où il se montrait sinon optimiste du moins rassurant. Il expliquait que « parler de retrait serait contre productif », et que la France, sur le terrain, était en train de « tisser des liens avec la population ».
Il précisait même : « Nos militaires peuvent se promener sans arme ni gilet pare-balles dans certains villages tenus par les talibans il y a deux ans ». Dans la foulée, le ministre confirmait que le général Desportes, célèbre pour avoir écrit exactement le contraire dans les colonnes du Monde, serait « sanctionné ». On ne badine pas avec le devoir de réserve. Fin de la mise au point. Repos.
Or, les fichiers confidentiels de l’armée américaine dévoilés par le site Internet Wikileaks.org prouvent que c’est le général Desportes qui dit la vérité, et le ministre de la Défense qui prend ses rêves pour la réalité – à moins qu’il ne distille sciemment de fausses informations.
Peu importe, d’ailleurs. Le plus grave c’est le tableau dressé par ces 92 000 rapports d’incidents, résumés par les trois journaux qui ont bénéficié de l’exclusivité : The Guardian, The New York Times et Der Spiegel.
Que disent donc les 200 000 pages rendues publiques ? Que la guerre d’Afghanistan est d’ores et déjà perdue ; que les victimes civiles se comptent par milliers ; que les atrocités se multiplient tant du côté des talibans que des forces de l’Otan ; que les services secrets pakistanais, formés par les Américains, ont plusieurs fers au feu ; que les talibans utilisent contre les Etats-Unis une partie des armes que ces derniers avaient fourni aux moudjahidines, naguère, pour combattre les soviétiques ; et enfin que l’entourage du président Hamid Karzaï est mouillé jusqu’au cou dans des trafics inavouables et des compromissions insoupçonnées.
D’où cette conclusion du Guardian : « Après neuf ans de guerre, c’est le chaos qui menace de triompher en Afghanistan ».
La vérité oblige à dire que l’on est en plein dans le chaos. Il serait donc urgent de réfléchir à une solution alternative qui devient chaque jour plus délicate à imaginer. La pire des solutions serait de se voiler la face, et de continuer à décrire la situation sur le terrain comme s’il s’agissait d’une vaste « reconquête des cœurs et des esprits », pour reprendre la langue de bois en vigueur chez les militaires.
Contrairement à ce que racontent les journalistes embarqués (« embedded » disent les pros du sabir anglo-saxon) dans les convois de l’armée, tout va de mal en pis, et les bavures succèdent aux bavures. C’est le lot inévitable de ce genre de guerre. Mais les documents rendus publics sont d’autant plus cinglants qu’ils viennent attester d’une désinformation en règle, notamment de la part des autorités françaises.
Evoquant la divulgation des documents, Le Figaro titre : « La Maison Blanche confrontée à ses « secrets de guerre ». On sent au passage la joie non dissimulée d’envoyer un Scud dans le jardin d’Obama. Du temps de la guerre d’Irak lancée par Bush, le journal de Serge Dassault se faisait plus circonspect. Passons. En l’occurrence, Le Figaro semble surtout oublier que les Etats-Unis ne sont pas seuls à Kaboul. La France y est aussi impliquée, et les « secrets de guerre » ne l’épargnent pas.
Ainsi The Guardian relate notamment un incident d’octobre 2008, lorsque des militaires français n’ont pas hésité à ouvrir le feu contre un bus, blessant huit enfants au passage. Dans le cadre de l’esprit de coopération prônée par l’Otan, faut-il conseiller aux enfants afghans de mettre des gilets pare-balles quand ils prennent le risque de monter dans un autocar ?
En attendant, on peut assurer que le général Desportes, un jour ou l’autre, sera réhabilité (politiquement parlant) tandis que le ministre Hervé Morin devra monter dans la charrette des désavoués.
Messages
1. La guerre d’Afghanistan telle que les médias ne la racontent pas. , 27 juillet 2010, 23:38, par LhommeDebout
Hervé Morin -> rajouté à liste des personnalités qu’il conviendra de faire fouetter en public.
Vraiment, il n’y a aucune trace d’honneur à la tête de notre pays ; et je vais savourer le jour où les puissants vont se faire taper dessus par le peuple en colère >)
2. La guerre d’Afghanistan telle que les médias ne la racontent pas. , 28 juillet 2010, 01:04, par Michel
LOL, trouvé sur le forum LIBE :
Relativité
Vu de notre côté et de notre sensibilité d’occidental et sous le prisme un brin manipulateur de nos média, il est vrai que tout est blanc d’un côté, et tout noir de l’autre. Les Talibans sont d’affreux barbus islamistes, conservateurs, fachistes, qui pronent des pratiques barbares et autres lapidations, décapitations, sources TF1, etc... (on peut encore noircir le tableau).
Mais, si on prend un peu de recul et avec un peu d’objectivité, de l’autre côté (Afghan) et vu de leur sensibilité d’asiatique extrême oriental et musulman et sous le prisme des enseignements perçus dans les Madrassas (leur média à eux quelque part), c’est symétriquement l’opposé qu’ils perçoivent ; d’où l’appellation "Grand Satan" pour nos alliés US, avec le lot bien fourni de tares dont ils nous affublent : mécréance, alcoolisme, lâcheté, cupidité, avidité, pollueurs, satanistes, sectaristes, violeurs, pédophiles, criminels et assassins de civils, dépravés et porno-graphiquement dépendants, etc... on peut encore noircir le tableau. Dès lors, je crois qu’il vaut mieux prendre du recul, ne pas tomber dans la caricature et ne pas prendre parti dans ce conflit qui n’a ni queue, ni tête et dont les motifs ne semblent pas être ceux que l’on nous sert quotidiennement dans les media. En somme, la réalité c’est que tout est relatif et qu’il n’y a pas de très très gentils cow-boys d’un côté et de très très méchants indiens de l’autre, à la sauce Hollywood.
1. La guerre d’Afghanistan telle que les médias ne la racontent pas. , 28 juillet 2010, 08:48, par angela anaconda
Je ne sais pas quel est cet enseignement, mais je pense que le fanatisme des afghans vise surtout le maintien de la soumission des femmes. Or, la démocratie n’est possible là où les droits des femmes sont respectés. Je tiens à signaler que les enseignements dans les Madressas ne s’adressent qu’aux garçons et non pas aux filles, surtout dans les villages ou le pouvoir patriarchal ou "naturel" sait faire "la loi du plus fort" ; c’est le muscle qui règne et non pas l’amour de la voisine. Il y a suffisamment de sites et des vidéos qui montrent comment une adolescente ou une femme s’expose à des sanctions des plus violentes si elle ose lever la tête : ça va de la pendaison au fouettage par terre sur la place publique où des hommes fanatiques armés obligent les mères à exécuter leurs ordres.
C’est le pire moyen-âge, là-bas.
angela anaconda
3. La guerre d’Afghanistan telle que les médias ne la racontent pas. , 28 juillet 2010, 01:11
Deux images parlantes de la situation :
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POPULATION CIVILE DE KABOUL en 2001 : 300 000 ( Trois cent mille ) habitants
POPULATION CIVILE DE KABOUL en 2010 : 5 000 000 ( Cinq millions ) habitants
Nombre de lycées ouverts à Kaboul entre 2001 et 2010 : ZERO .
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Revenu moyen par habitant : entre 1 et 2 dollars / jour
Tarif location limousine blindée ( pour fonctionnaire ou personnalité de l’ Alliance) :
2 000 dollars / jour
1. La guerre d’Afghanistan telle que les médias ne la racontent pas. , 28 juillet 2010, 13:55, par elfaso
euh... Angela c les occidentaux qui ont mis en place ... les talibans pour contrer les communistes ; comme cela se fait en Irak , comme en Palestine ou le Hamas a été soutenu pour contrer le vieux lion Arafat ... donc faut arrêter d’accuser des peuples , alors qu’ils sont manipulés par les interets économiques ....