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À Bénodet, la marée va produire du courant
Une hydraulienne expérimentale va être immergée dans l’estuaire de l’Odet, avec l’appui
du pôle mer Bretagne. Une première depuis le barrage de la Rance.
Avant la fin de cette année, la société quimpéroise Hydrohélix va pouvoir immerger une hydraulienne expérimentale au fond de l’estuaire de l’Odet pour produire de l’électricité, a annoncé Hervé Moulinier, président du pôle mer Bretagne, hier à Brest, lors de l’assemblée générale de son pôle de compétitivité. Labellisé par le pôle mer, le programme Marénergie porté par Hydrohélix a en effet rassemblé les 700 000 € nécessaires à l’immersion d’un modèle réduit à l’échelle un demi, dans l’estuaire de l’Odet où les courants de marée sont très forts. En attendant une première installation grandeur réelle d’un coût de 10 millions d’euros un peu plus vers le large, toujours à Bénodet.
Le pôle mer de Bretagne qui a labellisé 24 projets l’an passé et levé 15 millions d’euros de fonds publics pour des projets innovants se lance donc dans les énergies durables avec aussi la propulsion hybride voile et moteur des bateaux de pêche. Dans les autres domaines, (halieutique, construction navale, drone de surveillance maritime, etc) cela va plus vite car les recherches étaient déjà lancées avant la constitution du pôle mer. « Pour les énergies marines, tout est nouveau, mais il y a trente à quarante entreprises intéressées », révèle Michel Paillard (Ifremer) président de la commission qui sélectionne les projets. « Mais personne ne se lance tant que l’État n’a pas fixé le prix de rachat du kilowatt/heure. Car les entreprises ne peuvent pas évaluer le risque financier. » Ce prix qui est de 7 centimes d’euros pour les éoliennes à terre et de 13 centimes en mer, pourrait monter à 15 centimes pour les hydrauliennes qui tournent avec les courants marins (sans qu’il y ait besoin de créer des barrages comme sur la Rance).
Production d’eau douce
Et il y a un enjeu à l’export : « L’électricité produite par les courants ou la houle pourrait être très compétitive dans des îles isolées où le kilowatt/heure monte parfois à un euro. » Une entreprise bretonne s’intéresserait aussi à la dessalinisation de l’eau de mer (production d’eau douce) pour les îles en utilisant l’énergie marine. Sur tous ces créneaux, des concurrents étrangers sont déjà mobilisés : « Une entreprise écossaise va créer une première usine de trois fois 750 kilowatts au nord de Porto, simplement parce que le Portugal leur rachète le kilowatt/heure 23 centimes. Pour eux le risque est limité. On peut ensuite les voir exporter chez nous leur technologie mise au point là-bas. »
Dans cette affaire la Bretagne n’est pas isolée : les énergies renouvelables figurent parmi les axes de coopération entre le pôle mer Bretagne et celui de l’île de la Réunion dans l’océan Indien.
Ouest-France du samedi 24 mars 2007